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Les jeux vidéo, déjà un truc de vieux? «On voit un pic juste avant l’âge de la retraite»

Noé Spies
Noé Spies Journaliste au Vif

L’âge moyen des adeptes de jeux vidéo, en Belgique, s’élève à 31,2 ans. De quoi casser l’image d’une pratique exclusivement prisée par les jeunes adolescents. Les variations sont toutefois très marquées selon les supports.

Le nombre de joueurs de jeux vidéo augmente considérablement, à en croire les chiffres de la fédération du secteur, la Video Games Federation Belgium (VGFB). L’an dernier, 6,2 millions de Belges ont joué à un jeu vidéo au moins une fois sur les six derniers mois. Une hausse de 200.000 personnes par rapport à l’année précédente.

Le nombre de joueurs belges, extrapolé depuis une enquête du cabinet spécialisé dans la sphère vidéoludique, Newzoo, a ainsi grandi de 5,5 millions en 2021 à 6,2 millions l’an dernier. Ils sont le plus souvent amateurs des consoles (4,2 millions), alors que le jeu mobile (2,8 millions) reste plébiscité face aux œuvres vidéoludiques sur ordinateur (2,4 millions). «L’augmentation du nombre de joueurs d’année en année est une constante statistique, étant donné que la population augmente dans l’absolu», tempère Thibault Philippette, professeur en communication à l’UCLouvain et fondateur du Louvain Game Lab.

L’expert dit prendre ces chiffres –qui émanent de l’industrie du jeu vidéo elle-même– avec des pincettes. «Elle a tout intérêt à mettre en avant un cercle vertueux dans son secteur, et omet parfois de mentionner certaines problématiques de surengagement, d’addiction ou d’hygiène du cerveau.»

Jeux vidéo: âge moyen de 31,2 ans

L’âge moyen des joueurs s’élève à 31,2 ans. Le sondage dénombre plus d’un tiers de Belges de 36 ans et plus à avoir lancé un jeu vidéo sur les six derniers mois. «On observe des effets générationnels, remarque Thibault Philippette. Les jeux vidéo attirent actuellement des générations d’adultes, qui étaient eux-mêmes des enfants gamers. L’éventail du nombre de joueurs est plus important aujourd’hui.»

Le professeur de l’UCLouvain n’est dès lors pas étonné par cette moyenne d’âge relativement élevée. «Ce chiffre va à l’encontre de l’image qu’on se fait de l’adepte de la console de jeux, souvent un jeune adolescent. On constate un net déplacement.»

Jeux vidéo: trois pics distincts

Et de décrire trois pics d’âge où les joueurs se font plus nombreux: un premier est observable chez les joueurs classiques, à savoir les plus jeunes, «des adolescents hyper engagés, voire addicts».

Un deuxième pic survient aux alentours de la trentaine, «chez le jeune actif

Enfin, plus étonnant, «on constate même un troisième pic chez des personnes qui sont proches de l’âge de la retraite.» Ces joueurs-là «intègrent de nouveau le jeu vidéo parmi leurs loisirs, observe Thibault Philippette. Et peuvent aussi pratiquer d’autres styles de jeu: cartes en ligne, échecs, etc. C’est le résultat de toute la numérisation de certains jeux classiques.»

Selon l’expert, en revanche, cette moyenne d’âge fait fi des variations entre les types de jeux et de supports. «Par exemple, pour Fortnite ou Roblox, les deux jeux actuels les plus populaires, la moyenne d’âge est relativement basse, par rapport à l’âge moyen des joueurs de Nintendo ou Minecraft.»

Les plus jeunes moins devant leur écran?

Autre observation frappante: le sondage de la VGFB révèle que les plus jeunes sont moins souvent devant leur écran. Parmi les enfants âgés de 4 à 17 ans, ils étaient 45% à jouer moins de sept heures par semaine en 2023. Ce taux est cependant monté à 61% un an plus tard.

L’effet probable d’un contrôle parental plus assidu… combiné à des réseaux sociaux toujours plus fréquentés. «Les parents sont plus nombreux à établir une limite du nombre d’heures de jeu par semaine: trois quarts d’entre eux fixaient un tel plafond en 2023, contre quatre parents sur cinq l’an dernier», décrit l’étude.

«On remarque aussi un glissement des consoles vers les jeux sur smartphone, souligne Thibault Philippette. Les jeux vidéo mobiles ont explosé ces dernières années, au point de devenir le lieu de jeu privilégié pour certains. Et le contrôle parental est en réalité plus facile sur smartphone. Les parents sont également plus conscients des pratiques des jeunes.»

Cependant, poursuit-il, «les jeunes jouent à beaucoup de jeux-service, qui comportent de nombreuses mises à jour, des modèles free-to-play, et reposent sur des mécanismes addictogènes. Ils possèdent souvent des temporalités plus longues.»

Avec Belga

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