Spoutnik, un globe d'aluminium de 83,6 kilos et 58 centimètres de diamètre. © GETTY IMAGES

Le 4 octobre 1957, Spoutnik met les Soviets sur orbite

Bien sûr, les Soviets, c’est d’abord l’horreur. Un régime autoritaire, des purges historiques, des procès partiaux, des crimes… staliniens ! Et pourtant, ce jour-là, des deux côtés du Rideau de fer, ces mêmes Soviets forcent l’admiration.

Certes, tout le monde ne comprend pas vraiment ce qui se passe. Peu de gens savent ce qu’est un satellite. Et rares sont ceux qui perçoivent les enjeux de la guerre spatiale. Mais chacun se sent soudain tout petit. Pressentant confusément la grandeur de l’exploit.

Nous sommes au coeur des années 1950, et la Terre est assez précisément coupée en deux. A l’Est, ce sont les communistes ; à l’Ouest, les capitalistes. Et puisqu’il n’est pas possible d’élargir la sphère, c’est au-delà qu’il faut poursuivre la quête. Déjà durant la Seconde Guerre mondiale, les Allemands avaient mis au point un missile capable de propulser des bombes à très haute distance – les fusées V2 atteignaient une altitude de 90 kilomètres ! Dès la fin du conflit, Américains et Soviétiques perçoivent l’intérêt d’investir dans les fusées. Moins pour le plaisir d’envoyer des hommes dans l’espace que pour le transport de bombes nucléaires. Il faut dire que si la Seconde Guerre mondiale vient de s’achever, la guerre froide s’annonce.

En juillet 1955, les ambitions sont dévoilées. Dans la perspective de l’Année géophysique internationale, qui doit s’étaler de juillet 1957 à décembre 1958, les deux superpuissances proclament leur intention de lancer un satellite dans l’espace. Officiellement, l’objectif est d’abord scientifique. Reste à voir qui sera le premier. A Washington, étroitement encadrés par le Department of Defense, les travaux avancent. Mais moins vite qu’en URSS. Le 4 octobre 1957, c’est dans un mélange de stupéfaction et d’admiration que l’Occident apprend qu’une fusée soviétique vient de propulser un satellite dans l’espace. Le nom de l’objet : Spoutnik. Ce qui, en russe, signifie… « satellite ».

Avec ses 58 centimètres de diamètre, cette « lune artificielle » est un globe d’aluminium de 83,6 kilos. Durant trois semaines, son célèbre « bip bip » annonce l’ouverture de l’ère spatiale. Et rappelle à tous le leadership soviétique. Danger pour l’Occident ? Pas dans l’immédiat. Car pour l’heure, Spoutnik ne sert qu’à récolter des données techniques – densité de la haute atmosphère, concentration en électrons… En même temps, l’ère des satellites est aussi celle des missiles. Soudain, les Américains s’inquiètent d’un irrattrapable missile gap. La crainte s’accroît un mois plus tard, quand Spoutnik 2 fait de la chienne Laïka le premier être vivant à tourner autour de la Terre. La domination soviétique s’accentue en 1961, lorsque Youri Gagarine devient le premier homme placé sur orbite.

Mais la riposte se prépare. En 1958, Eisenhower a créé une agence spatiale civile, la Nasa. En 1961, Kennedy lance le programme Apollo, qui vise à envoyer un homme sur la Lune endéans la décennie. En 1969, lorsque Neil Armstrong touche le sol lunaire, la revanche américaine est d’abord symbolique – mais elle est éclatante.

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