Ingrid Bezikofer

Vote des étrangers – ou comment certains partis se moquent de la légalité…

Ingrid Bezikofer Citoyenne bruxelloise

« En 2000, (…) Tous les citoyens européens, remplissant les conditions d’électorat et préalablement inscrits, ont pu voter pour les élections communales.  » (Communiqué de presse de la vice première Ministre, Ministre de l’Intérieur et de l’Égalité des chances – 2012).

Cela fait donc 3 législatures communales que les étrangers ressortissants de l’Union européenne peuvent voter à l’échelle communale en Belgique (2 pour les ressortissants non UE). En ce qui me concerne, étrangère (sur papier, car ayant grandi ici et donc culturellement belge), et n’ayant pas atteint la majorité en 2000, je ne voterai que pour la deuxième fois au sein de ma commune dans ce que j’appelle « mon pays ».

Et je m’interroge déjà.

Au-delà du fait de ne savoir trop pour qui voter dans le contexte d’un monde soumis au capitalisme délétère pour l’environnement, et où le tissu social (voire de solidarité) n’est pas pris en compte et même réprimé tous les jours, où le système n’autorise pas les alternatives de s’exprimer et vivre (oui ! vivre) réellement, je suis désabusée (révoltée ?) par les méthodes que ces gens, qui se disent vouloir être proche du peuple (l’échelon communal étant soi-disant le plus proche de nous), utilisent depuis quelques semaines, sans vergogne, en dehors de la légalité et pour le dire clairement : « en nous prenant pour des cons » !

En effet, depuis deux semaines, je suis assaillie de courriers électoraux qui me sont adressés personnellement afin de me persuader du bon fondé de voter pour tel ou tel parti politique. Que des pamphlets soient glissés dans ma boîte ne me gène pas. C’est le jeu électoral. Cependant, que ces lettres me soient adressées personnellement (certaines dans une enveloppe avec mon adresse et mon nom écrits à la main), en anglais et même en allemand (ma nationalité) et qu’un candidat sonne à ma porte et s’adresse à moi dans la langue de Shakespeare m’indiquant qu’il sait que j’appartiens à la communauté étrangère, me choque et me renforce dans ma conviction, que nous ne vivons plus dans un monde libre, ni pourvu de vie privée. (J’entends déjà des voix s’élever parce que je publie ce texte publiquement. A tout ceux-là, je dis que ce texte, j’ai choisi de le publier…).

Le 25 mai dernier, est entré en vigueur le règlement général sur la protection des données (RGPD) au sein de l’Union européenne. Toutes les associations (des plus petites aux plus grandes), toutes les structures culturelles ou autre, ont dû envoyer un courrier ou mail à toutes les personnes de leurs bases de données pour s’assurer de leur consentement par rapport à l’utilisation de leurs informations de contact. Règlement que j’approuve. D’autant plus que l’informatique en ce 21ème siècle permet un usage abusif et de plus en plus aisé de toutes nos données.

Et voilà, que des aspirants délégués du peuple (n’est-ce pas cela qu’est finalement un candidat sur une liste politique dans un pays démocratique ?), abusent de données normalement confidentielles (registre des étrangers de ma commune) pour faire campagne ?

Sur les sept partis qui se présentent au sein de ma commune, dois-je déduire qu’il y en a deux qui commettent une faute, voire un acte illégal ? Est-ce un hasard que les deux partis s’étant adressés à moi personnellement sur base de ma nationalité, soient les deux qui se trouvent actuellement dans l’opposition ? Leur jeu de dupe me saute d’autant plus aux yeux : le droit de vote des étrangers n’étant qu’une avancée relativement récente, l’électorat non belge représente un vivier de voix encore à épuiser à l’heure actuelle. Surtout pour des partis d’opposition, qui auraient un accès plus ou moins aisé aux données des potentiels électeurs à travers une administration jouant de connivence.

Je serais capable d’enclencher des poursuites sur base de la RGDP à l’instar de cette dame d’un certain âge dont les données ont également été abusivement utilisées à partir de la base des données communale des pensionnés de l’entité. Je me tâte. Mais d’ici-là, et pour voir si d’autres ont fait une expérience similaire, je publie cela ici. Car à plusieurs nous pourrions être plus forts, surtout dans ce système où sans fric, position, mandat et leviers financiers, nous ne sommes que des pions exploités à la guise des plus forts… En tout cas, ce qui est certain, c’est que ces deux partis, n’auront pas ma voix le 14 octobre prochain !

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