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Voile à l’école : l’Olivier ne veut pas légiférer maintenant

Les partis de la majorité Olivier (PS-cdH-Ecolo) au parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles ont rejeté une proposition de décret MR interdisant notamment le port du voile pour les élèves de l’enseignement officiel.

Le texte visait, selon son intitulé, à « renforcer le vivre ensemble à l’école ». Son article premier interdisait le port de signes convictionnels à l’école et lors d’activités parascolaires dans l’enseignement primaire et secondaire officiel, à l’exclusion de l’enseignement libre.

Alain Destexhe (MR), l’un des signataires du texte, a notamment appelé à « entendre le cri des jeunes filles demandant la protection de la puissance publique face aux pressions communautaristes », dénonçant les certificats de complaisance pour des cours de gymnastique ou de natation ou certaines visites scolaires.

Le texte réformateur énonce en outre le respect du caractère historique ou scientifique de la connaissance, à l’encontre du créationnisme ou du non-enseignement de la Shoah, et préconise pour les professeurs, dans le cadre de leur formation générale, une formation à l’interculturalité et à la gestion des différences culturelles entre les élèves.

Il stipule en outre que les professeurs de religions doivent s’abstenir de dénigrer les positions exprimées dans les cours parallèles.

Dénonçant des religions historiquement « machistes » et un communautarisme qui « gagne du terrain », Didier Gosuin (MR-FDF) a jugé que « les valeurs d’égalité homme-femme ou de séparation entre Eglise et Etat s’étiolent dans notre société ». « Il faut un signal clair ; ce ne serait pas courageux de renvoyer la responsabilité aux directions d’école », a-t-il dit.

Richard Miller (MR), quant à lui, a réaffirmé le droit à l’expression privée et publique de sa religion, mais a souligné la spécificité de l’école, dont « le modèle de neutralité ne peut tenir que s’il y a des barrières ».

La majorité Olivier a relativisé ces constats. Christian Dupont (PS), le précédent ministre de l’Enseignement, a jugé que l’égalité hommes-femmes était en progression ces dernières dizaines d’années, même si elle n’était pas acquise. Il a rappelé que des décrets, lois et articles de la Constitution encadraient déjà plusieurs de ces matières et sanctionnaient les abus. Il s’est dès lors interrogé sur la réelle plus-value de la proposition MR.

A ses yeux, les cas problématiques ne concernent que 3 à 4 pc des écoles. Dès lors, il demande de mesurer les risques de légiférer, par crainte d’aggraver la situation. « A force de crier au loup, on risque de le faire apparaître », a-t-il lancé.

Sur le port de signes convictionnels, Ecolo et le cdH ont proposé d’attendre l’arrêt que le Conseil d’Etat doit rendre sur l’interdiction du voile dans l’enseignement officiel flamand.

Dans une matière aussi sensible, il serait dangereux de légiférer sans disposer d’un cadre juridique sûr, ont estimé Marcel Cheron (Ecolo) et Marc Elsen (cdH), rejoints sur ce point par la ministre de l’Enseignement obligatoire Marie-Dominique Simonet (cdH). Pour Marc Elsen, le débat devrait être abordé de manière globale, en intégrant la réflexion pour la fonction publique.

Marcel Cheron s’est étonné de voir le MR n’envisager que l’enseignement officiel, s’interrogeant sur les répercussions pour toute une moitié des élèves en Communauté française. « Nous sommes d’accord de légiférer, mais il faut veiller à la qualité de la norme », a-t-il plaidé.

Le débat, passionné, s’est souvent égaré sur des faits divers et autres analyses politiques des pays musulmans. Il s’est en outre longuement attardé sur la position du député socialiste Mohamed Daïf qui, à titre personnel, a revendiqué un droit à la différence à l’école, suscitant une forte réprobation du MR qui a qualifié ces propos de communautaristes, et plusieurs moues dans les rangs de l’Olivier.

Le Vif.be, avec Belga

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