© Image Globe/BRUNO FAHY

Vic Van Aelst, un ton à peine plus bas

L’avocat-militant de la N-VA aux accents francophobes méchamment prononcés a remis le couvert, hier soir. Mais sur un mode un peu plus mineur. Et pour cause : le gaillard était sous le regard de la presse et… la surveillance d’un lieutenant de Bart De Wever.

Il ne pouvait que récidiver, sous peine de se déjuger. Sauf que le tollé provoqué par son flot de haine verbale déversé sur les francophones, et révélé par Le Vif/L’Express il y a un mois de cela, lui commandait de redescendre dans les tours. On allait donc voir ce qu’on allait voir. Hier soir, Vic Van Aelst déboule dans une salle de la maison communale de De Pinte (bourgmestre CD&V) pleine à craquer et squatée par la section locale N-VA. L’assistance a encore en mémoire les propos dénigrants et injurieux tenus par le ténor des prétoires flamands à l’encontre de ces francophones de malheur et de cette Belgique dont il aspire ouvertement au trépas. Van Aelst allait-il être à la hauteur d’une réputation qui lui a valu une volée de bois de vert et de (très) légers froncements de sourcils au sein de son nouveau parti ? Suspense.

L’orateur se lance, profil faussement bas. Il sait dans quelle pièce il joue désormais. La presse est là, s’affiche ouvertement, une équipe de la RTBF en tête. Cela change tout. Cela fausse beaucoup. « Je parle sans haine, je ne suis pas rancunier. Je ne représente pas Bart De Wever ici, je me représente moi-même. J’ai le droit de dire mes opinions. » Sur le fond, elles ne varient pas : « le problème de la Belgique, c’est qu’on n’a pas eu de respect pour les Flamands. Je le dis sans haine, mais je ne peux que constater que les francophones qui s’installent en Flandre estiment que tout le monde doit s’adapter. Ils considèrent que c’est la logique. Le voilà, le problème belge. »

On sent l’homme qui se contient. Ces francophones, il ne peut décidément plus les encadrer. Eux qui ont consciemment chassé de Bruxelles « les flamins » comme il dit, en utilisant pour cela les étrangers : « essayez encore de trouver un magasin à Schaerbeek où on parle flamand. » Eux encore, qui empiètent sans vergogne sur son territoire, le sol de la Flandre : « mon coeur saigne car je suis fier de ma culture et de mon territoire, je demande à ce qu’on les respecte. » Eux toujours, qui ont cette détestable habitude de puiser dans la tirelire commune : « quand ils regardent dans la caisse et constatent qu’elle est vide, ils disent (en français dans le texte) : « nondidju, il n’y a plus de sous. Ah, mais il y a les Flamands ! »

Après un tel réquisitoire, on s’attend à ce que tombe la conclusion. Logiquement identique à celle que l’avocat avait tirée de façon féroce lors de sa précédente prestation devant une assemblée de la N-VA. A savoir : « je veux bien être solidaire des Turcs, je ne veux plus l’être des Wallons. C’est terminé ! » Ou encore : « j’organiserai une fête à l’enterrement de la Belgique. » Mais voilà que l’homme se retourne, empoigne l’étoffe du drapeau… belge planté juste derrière son pupitre. Serait-ce pour le tailler en pièces ? Rien de tout cela. « Je suis prêt à être solidaire et à parler avec tout le monde dans ce pays, mais cette solidarité ne doit être ni unilatérale ni uniquement financière. Je demande aux francophones une solidarité avec ma langue et ma culture. Si tel est le cas, on peut continuer. C’est maintenant ou jamais. » Une ouverture millimétrée, mais un véritable exploit. Et au final, une pâle copie du Vic Van Aelst que Le Vif, ni vu ni connu, avait pu entendre vociférer à Bruxelles, un mois plus tôt.

Serait-ce le regard du couple royal dont les portraits officiels trônent dans son dos, qui a refroidi les ardeurs belliqueuses du ténor flamingant ? Bien plus sans doute, la présence de Siegfried Bracke, l’un des lieutenants de Bart De Wever commis à sa surveillance. Standing ovation de l’assistance, d’ailleurs privée de la traditionnelle séance des questions-réponses propice aux dérapages verbaux. Bracke se charge ensuite de la com’ face caméra, en français s’il vous plaît. Rideau pour Vic Van Aelst. C’est fou ce que la presse peut vous changer un homme. En apparence.

Pierre Havaux

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