La vie quotidienne opère un certain retour à la normale, entre vaguelettes sanitaires et désobéissance civile. La vie économique, elle, entrevoit le tsunami que tous les indicateurs lui prédisent.
Nouveau foyer en Allemagne, reconfinement à Lisbonne ou à Chennai, en Inde, reprise des contagions en Corée du Sud et en Australie. En Belgique, plusieurs écoles ont refermé leurs portes après la découverte de cas de Covid-19. Et dans un certain nombre de pays, le taux de reproduction du virus, le fameux RO, augmente à nouveau. Les vaguelettes attendues par les experts semblent donc bien commencer à déferler, sans pour autant qu’on puisse parler, pour l’instant, de véritable seconde vague.
Entre risque sanitaire et besoin de liberté, chacun se fait sa propre religion
D’ailleurs, le déconfinement se poursuit. Officiellement. La Belgique va entrer dans sa phase 4, Sciensano espace la publication de son bilan sanitaire quotidien. Officieusement aussi. Chacun tombe plus souvent le masque, des fêtes clandestines s’organisent, le respect des mesures de distanciation sociale est désormais à géométrie variable.
Entre risque sanitaire et besoin de liberté, chacun se fait sa propre religion – » de toute façon, tous les signaux sont au vert » ou » le virus reste présent, l’épidémie n’est pas éteinte « . Et agit en conséquence. Un comportement qui heurte les scientifiques selon lesquels ce n’est pas le moment de faire la fête et pour qui le masque en version » hautement recommandée » ne fonctionne pas et devrait donc devenir obligatoire.

D’autant que le tracing, qui doit permettre de suivre les contacts sociaux en cas de contamination, reste soumis à un trop grand nombre de points d’interrogation. Quid de cet » accord de coopération « , signé entre les entités fédérale et fédérées, qui doit fixer le cadre légal d’une application ? Qu’en est-il du respect de la vie privée des citoyens ? De l’anonymisation des données ? Pourquoi utiliser le numéro national pour identifier une personne ? Qui est réellement ce Frank Robben, présenté comme un Big Brother belge ?
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Pour certains experts, le suivi manuel ayant montré ses limites – vu la moyenne extrêmement basse de contacts identifiés – le tracing numérique reste pourtant la solution privilégiée autant qu’urgente en l’absence de vaccin. Et cela alors que l’ouverture des frontières et le retour du tourisme vont accentuer les échanges entre les populations. Tout comme le retour de plus en plus fréquent sur le lieu du travail, ainsi que le montrent les chiffres liés à la mobilité en Belgique.
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Si, pour la vie quotidienne, un certain retour à la normale est perceptible, pour la vie économique c’est évidemment tout le contraire. Les chiffres tombent les uns après les autres. Tous plombés. 1,2 milliard d’euros, le manque à gagner estimé des chaînes de vêtements. 26 milliards, le déficit attendu par le Bureau du plan pour la Belgique en 2025. 25 %, la chute prévue par les constructeurs automobiles européens en 2020. 250 000, le nombre de personnes qui pourraient perdre leur emploi, au-delà des mesures temporaires. Le Vif/L’Express avance quelques pistes pour éviter que désormais ce soit le chômage qui se propage parmi la population et la frappe de plein fouet.
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