Gouvernement De Croo
Alexander De Croo © belga

« Un gouvernement en affaires courantes est préférable au gouvernement De Croo » (analyse)

Ewald Pironet
Ewald Pironet Ewald Pironet est rédacteur du Knack.

« Réformes qui n’aboutissent pas, CD&V au plus bas, déficit abyssal… Le gouvernement De Croo est dans une mauvaise passe. Suffisamment pour provoquer des élections anticipées ? 

Faut-il s’attendre à des élections fédérales anticipées ? Tous les présidents des partis de la coalition qui forment le gouvernement De Croo en tiennent compte, en tout cas. Le grand favori à la présidence du CD&V et membre du gouvernement, Sammy Mahdi, a même fait ouvertement allusion à la chute du gouvernement à la fin de l’année. C’est pourquoi son parti ferait bien de se dépêcher d’élire un nouveau président. En attendant, les observateurs politiques fustigent le gouvernement De Croo. L’ancien rédacteur en chef de De Standaard, Guy Tegenbos, déclarait la semaine dernière à Knack: « D’un point de vue purement politique, il est préférable que le gouvernement tombe le plus rapidement possible ». « J’ai toujours dit que les gouvernements de Guy Verhofstadt (Open VLD) étaient les pires que nous ayons jamais vus, mais je dois revoir mon opinion », avouait sans détour l’ancien directeur de Knack et actuel chroniqueur du quotidien De Tijd, Rik Van Cauwelaert.

Le gouvernement De Croo est entré en fonction en octobre 2020 sous la forte pression de la pandémie de coronavirus. Dans l’accord de coalition, il évoquait les réformes des retraites, de la fiscalité et du marché du travail. Rien n’en est sorti et rien n’en sortira. Les partis du gouvernement ont des opinions diamétralement opposées sur tous ces dossiers et le temps restant au gouvernement est trop court. Le ministre des Finances Vincent Van Peteghem (CD&V) doit présenter ses réformes fiscales, mais un avis du Conseil supérieur des finances visant à réduire de 6,5 milliards d’euros les charges pesant sur le travail a été immédiatement descendu par les socialistes et libéraux francophones. Les plans de réforme fiscale de Van Peteghem sont morts-nés.

Le CD&V ne sera donc pas en mesure de présenter cette réforme fiscale lors des prochaines élections. Qu’est-ce qu’il pourra présenter? Pourquoi le CD&V est-il encore au sein du gouvernement fédéral ? Le blocage de la réforme fiscale de Van Peteghem pourrait être la raison pour laquelle ils quittent le gouvernement De Croo. « Si Sammy Mahdi ne tire pas la prise, cette présidence ne servira à rien non plus », a tweeté Kurt Deketelaere, professeur à Louvain.

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« La sortie du gouvernement fédéral et un changement de personnel au sein du gouvernement flamand constituent les seules démarches sérieuses pour sauver une partie des meubles dans le temps qui reste ». Deketelaere connaît le CD&V de l’intérieur. Il a travaillé pour Kris Peeters pendant un certain temps et a été le chef de cabinet de Hilde Crevits. Si le CD&V sort du gouvernement De Croo, cela ne signifie pas qu’il tombe. Il dispose encore de 75 des 150 sièges et peut probablement compter sur le soutien du Défi et/ou des Engagés, comme le CDH s’appelle désormais. Et qui se soucie du fait que le gouvernement De Croo ne disposera plus que de 30 sièges parlementaires flamands ?

En outre, le gouvernement De Croo a encore quelques obstacles devant lui. Le budget doit être négocié pendant l’été et personne ne sait comment ce gouvernement entend s’attaquer au déficit de 22 milliards. Les affrontements entre les partis au pouvoir sont évidents. Et au printemps 2023, il y aura des négociations salariales et aujourd’hui, les socialistes francophones menacent de démissionner du gouvernement si la norme salariale qui limite les augmentations de salaire en sus de l’indice n’est pas adaptée. Une chose dont les libéraux ne veulent absolument pas entendre parler.

Un départ anticipé du gouvernement De Croo serait-il une bonne chose ? Ne risquerions-nous pas d’avoir un autre gouvernement en affaires courantes pour une longue période ? C’est possible, mais on ne sait jamais ce que les élections apporteront si, par exemple, le pouvoir d’achat devient le thème des élections. Mais même si nous obtenons un gouvernement intérimaire pour une longue période, c’est un grand pas en avant, car chaque mois, ils ne sont autorisés à dépenser qu’un douzième du dernier budget approuvé. Un gouvernement en affaires courantes est donc préférable à un gouvernement en affaires passées comme le gouvernement De Croo.

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