Yves Desmet

Un effort budgétaire de 17 milliards nous appauvrira tous

QUEL SPECTACLE COCASSE NOUS A LIVRÉ LAURETTE Onkelinx quand elle s’est rendue, après onze mois de négociations, chez le formateur Di Rupo pour lui présenter… les priorités socio-économiques du PS !

YVES DESMET Editorialiste au Morgen

La Belgique n’est-elle pas devenue, un jour, le pays à l’origine du surréalisme ? Cela ne devrait plus étonner personne. Mais enfin, heureusement, après des mois d’une omerta scélérate sur les défis socio-économiques de notre pays, les négociateurs ont abouti à la conclusion qu’on ne peut plus deviser exclusivement des problèmes communautaires, il faut aussi prendre en compte les gigantesques efforts d’économies budgétaires auxquelles nous ne pourrons échapper plus longtemps. Il faudra trouver plus de 17 milliards d’euros, non seulement par des opérations uniques, mais aussi par des mesures structurelles annuelles. A tout le moins si ce pays désire encore manifester la ferme volonté de mettre un peu d’ordre dans sa dette publique en décourageant les spéculateurs du monde entier tentés de nous faire rejoindre des pays comme la Grèce et l’Espagne.

Ce ne sera pas une mince affaire. Un petit exemple : si l’on doublait le précompte mobilier sur l’épargne pour atteindre les 30 % (une honte !), au lieu de 15 % actuellement, cela nous donnerait 1 milliard d’euros. Il nous faudra donc 17 interventions de cet acabit, par voie d’économies et de nouvelles recettes. Ce genre de discussions a le grand mérite de déforcer d’emblée un certain nombre de mythes tenaces. Comme si une grande réforme de l’Etat allait enrichir la Flandre et appauvrir la Wallonie. De toute façon, un effort budgétaire de 17 milliards nous appauvrira tous. C’est aussi simple que cela.

En 1981, pareil train d’économies n’a pu réussir que grâce à une dévaluation du franc belge de 8,5 %. Une telle mesure d’urgence n’est plus possible maintenant.

Entre-temps, les surenchères traditionnelles des syndicats et des patrons sont de nouveau engagées : les uns affirment qu’il n’est pas possible de toucher aux acquis sociaux ; les autres bannissent avec véhémence toute augmentation des impôts. Il semble dès lors que, dans notre société postmoderne, les oppositions anciennes entre la gauche et la droite n’ont rien perdu de leur vivacité.

Après un quart de siècle d’expérience en journalisme politique, j’ai constaté qu’une indispensable politique d’assainissement s’est toujours appuyée sur les mêmes bases. La moitié des efforts passera par des économies, l’autre moitié sera constituée de nouvelles recettes. L’histoire se répétera.

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