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Un Belge sur cinq estime que le viol est parfois justifié

Selon une enquête publiée par la Commission européenne, un peu moins d’un Belge sur cinq estime que le viol est justifiable « sous influence de la boisson ou de la drogue ». 16% estiment que le viol n’est pas problématique si la victime est vêtue de façon aguichante ou si elle a volontairement accompagné le violeur et 14% trouvent que le viol est acceptable si la victime ne se défend pas expressément ou ne dit pas clairement « non ».

En Belgique, 77% de la population estime que la violence envers les femmes doit toujours être sanctionnée. En Europe, ce chiffre atteint 84%, ressort-il des chiffres de la Commission européenne publiés à la veille de la journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes.

Le pourcentage des Belges condamnant la violence à l’égard des hommes est presque équivalent (76%), selon l’Eurobarometer 2016 qui a interrogé 1.029 personnes.

Selon les résultats de l’enquête, les chiffres démontrent que 76% des hommes et 78% des femmes jugent que la violence à l’égard des femmes doit être sanctionnée. Dans la tranche des 40-54 ans, 83% des interrogés rejettent cette violence alors qu’ils ne sont que 67% dans la tranche des 15-24 ans.

Quelque 17% des interrogés pensent que ces actes violents se produisent très fréquemment, 2% prétendent que cette violence n’existe pas et 30% jugent que de tels actes se produisent rarement.

Enfin, quatre Belges sur cinq évaluent que le risque de violence à l’égard des femmes est plus élevé à domicile.

Furia, une organisation féministe, a diffusé jeudi une enquête réalisée en 2014. D’après celle-ci, une femme sur trois est victime de violence physique ou sexuelle en Belgique. En 2015, 40.000 plaintes à ce sujet ont été déposées. En moyenne, huit déclarations de viol sont enregistrées chaque jour. À noter cependant que seulement 10% des victimes en parlent.

Dix-huit viols par jour en Wallonie

Par ailleurs, pas moins de 18 viols seraient commis par jour en Wallonie, selon une estimation de l’institut wallon de statistique IWEPS. L’organisation pointe plusieurs données interpellantes en marge de la journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes, vendredi.

La police a enregistré 1.032 plaintes pour viol en 2015, soit trois par jour, mais seulement 16% des victimes de violences sexuelles graves s’adressent aux autorités, d’après une étude d’Amnesty International et de l’ASBL SOS Viol. En tout, on peut donc estimer que 18 viols sont commis quotidiennement en Wallonie.

Dans les affaires de viol, 97% des suspects sont des hommes et la moitié des victimes sont mineurs d’âge (53%), selon les statistiques policières de criminalité (2015).

Par ailleurs, 16.029 plaintes pour des violences conjugales ont été déposées en 2015 en Wallonie (44 par jour). En réalité, plus d’une plainte sur quatre pour coups et blessures volontaires concerne des situations de violence conjugale, note l’IWEPS. Ici aussi, la plupart des suspects (84%) sont des hommes.

L’institut rappelle encore qu’en Belgique, plus d’une femme sur trois a subi des violences physiques et/ou sexuelles depuis ses 15 ans. Et une femme sur quatre a subi des violences de la part de son partenaire, selon une enquête de l’Agence des droits fondamentaux de l’Union européenne (2012).

En 2015, la ligne « Écoute violences conjugales » (0800 30 030) a reçu 2.711 appels dont 80% provenaient de femmes.

« Malgré leurs limites, ces statistiques ont le mérite de mettre en lumière le phénomène des violences faites aux femmes en Wallonie », commente l’IWEPS dans un communiqué. L’organisation regrette que les chiffres disponibles soient pour la plupart « asexués » et ce « alors que la majorité des victimes sont des femmes ».

« Mieux connaître ce phénomène en améliorant la collecte des données statistiques demeure un enjeu majeur dans la lutte contre les violences faites aux femmes », conclut l’IWEPS.

CB/Belga

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