
« Puéricultrice, pas magicienne »: le secteur de la petite enfance manifeste à Bruxelles
Environ 300 travailleurs et travailleuses du secteur de la petite enfance ont manifesté à Bruxelles, mercredi.
Des travailleuses et travailleurs de la petite enfance se sont rassemblés mercredi devant le siège de la Fédération Wallonie-Bruxelles (FWB) pour réclamer « des engagements fermes et clairs et des réponses structurelles aux problèmes qu’ils rencontrent au quotidien », en marge d’une grève dans le secteur. Environ 300 personnes étaient présentes, selon la police.
Elles se sont rassemblées en front commun syndical (CSC, FGTB, CGSLB) pour faire pression sur la ministre de l’Enfance, Valérie Lescrenier, notamment afin d’améliorer la qualité et l’accessibilité des crèches.
« Puéricultrice, pas magicienne », « De l’accueil de qualité, pas de gardiennage pour nos bébés » ou encore « Stop à l’austérité pour des métiers essentiels ! », pouvait-on lire sur différents écriteaux et panneaux brandis par les militantes et militants.
« On avait eu un peu d’espoir en lisant la Déclaration de politique communautaire« , explique la secrétaire fédérale du non-marchand pour le Setca, Nathalie Lionnet. « Mais quand on voit les solutions proposées, elles ne correspondent pas du tout aux attentes des travailleuses et des travailleurs. »
Pour illustrer leur mécontentement, des « consignes à bébé », sous le nom de ‘Baby Relay’, ont été déposées devant le cabinet de la ministre. Les syndicats voulaient rappeler que les structures d’accueil ne sont pas uniquement des lieux où les parents viennent déposer leurs enfants, mais que « l’encadrement et les dimensions éducative et sociale de l’accueil sont essentiels ».
La ministre est venue à la rencontre des militants, avant de recevoir une délégation de représentants syndicaux. « Des réponses sont prévues, elles vous seront apportées », a-t-elle déclaré, sous quelques huées.
Les travailleurs réclament une revalorisation du secteur, notamment via l’amélioration du ratio d’encadrement. Un projet de réforme des milieux d’accueil est d’ailleurs en cours. « La Déclaration de politique communautaire prévoit d’atteindre un ratio de 1,5 puéricultrice pour 7 enfants d’ici la fin de la législature, contre 1 pour 7 actuellement », selon la CGSLB.
« La DPC (Déclaration de politique communautaire) prévoit une série de réponses » aux éléments mis en avant, explique Valérie Lescrenier à l’issue de la rencontre avec les syndicats. La ministre a toutefois insisté sur la situation budgétaire de la FWB. « La norme d’encadrement de 1,5 puéricultrice pour 7 enfants a un impact budgétaire non négligeable, proche des 100 millions par an », avance-t-elle.
Un constat qui alarme d’autant plus les organisations syndicales. « La problématique budgétaire nous inquiète très fort », insiste Nathalie Lionnet. La représentante syndicale estime que l’optique d’austérité du gouvernement n’est « pas un bon signal » pour le secteur. Elle a tout de même souligné l’intérêt de la ministre pour le domaine de la petite enfance. « C’est une ministre convaincue, mais qui n’a pas les moyens de ses ambitions pour l’instant », regrette-t-elle.
« On va devoir réfléchir à des actions pour mettre en avant l’aspect essentiel qu’elles (les travailleuses du secteur de la petite enfance, NDLR) occupent dans la société », a encore indiqué Valérie Lescrenier. « Ce rôle majeur doit pouvoir être mis en avant. »
La ministre et les organisations syndicales devraient encore se rencontrer dans les semaines et les mois à venir.
Quelques heures plus tôt, des travailleuses et travailleurs des crèches d’Actiris se sont rassemblés devant le siège d’Actiris pour dénoncer la remise en question du budget 2025 alloué à ces structures, destinées aux demandeurs d’emploi.
« On a reçu le même budget que l’année passée, avec une crèche en plus et du personnel en plus, donc ça devient très compliqué », a dénoncé Errami Khadija, déléguée Setca de la Maison d’enfants d’Actiris. « La direction nous a expliqué que pour l’instant, rien n’est entre ses mains, puisqu’elle a fait ce qu’elle devait faire, en demandant le budget, poursuit-elle. Mais on fait du sur place tant qu’on a pas de décision. »