Pourquoi il n’y a pas de fatalité à payer des loyers démesurés
Isabelle Rey-Lefebvre propose un tour d’Europe des solutions innovantes pour construire des logements à prix abordable.
Le baromètre annuel de la Fédération des agents immobiliers francophones, publié le 7 février, l’a spectaculairement mis en exergue. Se loger devient de plus en plus cher. A Bruxelles, la hausse des loyers a atteint 8,6% entre 2022 et 2023… Le phénomène est commun aux grandes villes européennes. Mais certaines, plus que d’autres, mettent en place des mécanismes pour y remédier. On le découvre de manière fouillée à la lecture du livre de l’ancienne journaliste du Monde, Isabelle Rey-Lefebvre, Halte à la spéculation sur nos logements! (1).
Considérer le terrain comme un bien commun, une des pistes pour lutter contre la spéculation immobilière.
Le marché de l’immobilier est marqué depuis plusieurs années par une financiarisation qui consiste à «acheter des immeubles considérés comme des valeurs sûres, au cœur des grandes agglomérations, dont les investisseurs tenteront “d’extraire la valeur” en les revendant ou les louant bien plus cher qu’auparavant», rappelle l’autrice. Les locations touristiques ont également explosé, en lien avec l’essor des plateformes comme Airbnb. Il est donc devenu de plus en plus difficile pour des ménages aux revenus modérés de louer un logement à un prix abordable. Mais des solutions existent.
Elles ont pour vecteurs les organismes fonciers solidaires en France, les coopératives d’habitations en Autriche ou en Allemagne, ou encore les Community Land Trusts. Inspiré par le sénateur démocrate américain Bernie Sanders, ce projet repose sur une entité constituée par une communauté. Elle acquiert un terrain dont elle restera propriétaire et qu’elle louera à ses membres pour qu’ils y construisent des logements dont ils ne posséderont que les murs. Isabelle Rey-Lefebvre en a trouvé une illustration à Molenbeek, auprès de la Community Land Trust Bruxelles (CLBT), où les immeubles Indépendance et Arc-en-ciel ont bénéficié de ce système. Grace à lui, le montant du loyer est réduit, en moyenne, de 40% par rapport à celui du marché privé.
Il n’y a donc de fatalité à subir des loyers démesurés dans les grandes villes. Isabelle Rey-Lefebvre tire des expériences étudiées à Amsterdam, Berlin, Vienne ou encore, Zurich quelques pistes pour y arriver: accorder une autonomie aux municipalités, accroître le parc de logements non spéculatifs, considérer le terrain comme un bien commun, forcer l’acheteur d’un logement à y habiter durant au moins quatre ans… La vie en société en sera d’autant plus agréable. Car être bien logé permet de bien vivre.
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