Plus de 100.000 manifestants ont été recensés dans les rues de Bruxelles pour manifester contre l’Arizona et ses mesures. Voici le point sur les perturbations.
Plus de 100.000 manifestants étaient déjà recensés à Bruxelles, mardi vers 10h15, indiquait Thierry Bodson. «Il y a un an, on était déjà là pour dire non. Malgré la fatigue, les doutes et les menaces, vous avez tenu bon». La manifestation nationale dans les rues de Bruxelles a brassé large, c’est une certitude. Alors que la police dit recenser le nombre de manifestants aux environs de 80.000, les organisateurs en comptent du double, 140.000. «Ce que la police de Bruxelles fait, c’est un acte politique», affirme Thierry Bodson au Vif, en colère après une journée de mobilisation qu’il qualifie par ailleurs de réussite. «Avec le front commun, on va recompter, mais rien que pour les deux plus grandes provinces wallonnes (Liège et le Hainaut, sans compter les départs de Mons), on dépassait les 37.000 titres de transports vendus.»
Le président de la FGTB suspecte une ingérence politique dans les services de police. C’est pourtant la police de Bruxelles qui est chargée du comptage, et cette police dépend des villes de Bruxelles et d’Ixelles, aux mains des socialistes.
Des grèves «inévitables» pour 2026
Sur le fond, Thierry Bodson se félicite d’une forte mobilisation aux profils hétéroclites. «Des gens sont venus alors qu’ils nous ont dit ne plus avoir manifesté depuis des années, explique le syndicaliste. En juin dernier, la mobilisation était déjà une réussite mais à part la réforme du chômage, on était plutôt sur des déclarations d’intention de l’Arizona. Depuis, l’accord de l’été est passé par là. Désormais, nous avons les preuves que tout le monde sera touché par les mesures de l’Arizona.»
Mardi prochain, des instances internes de chaque syndicat se réuniront pour décider de la suite à donner au mouvement de ce mardi. De nouvelles actions syndicales sont attendues d’ici la fin de l’année, mais «on est d’accord pour dire qu’il faudra donner des perspectives aussi pour le premier trimestre de 2026». Pour Thierry Bodson, des grèves seront probablement inévitables l’année prochaine.
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Des mesures d’économie sont bel et bien nécessaires, a concédé Gert Truyens (CGSLB), mais «pourquoi toujours les diriger vers les personnes les plus précaires?», s’est-il interrogé, face à la foule de manifestants. «Il faut réformer, oui, mais avec bon sens, en demandant à chacun de contribuer équitablement. Nos carrières valent mieux que cela.»
Pour Ann Vermorgen, présidente de la CSC/ACV, des économies peuvent, et doivent, être faites autrement. «Nous savons qu’il existe d’autres solutions. En faisant en sorte que tout le monde contribue correctement. Avec une taxe sur les plus-values sérieuse, un véritable impôt sur la fortune, une taxe numérique pour les géants de la technologie, des emplois qui ne rendent pas malades…»

Le ministre des Pensions, Jan Jambon, a reçu mardi dans la matinée les représentants des syndicats de la fonction publique. Les syndicats du secteur privé avaient également été invités mais un problème d’agenda n’a pas permis de les rencontrer, a-t-on indiqué au cabinet du ministre. « Le dialogue a été constructif. Nous avons souligné les mesures transitoires qui sont prévues mais l’esprit de la réforme ne sera pas modifié », a expliqué la porte-parole du ministre. Aucune rencontre n’a par contre été organisée entre les syndicats et le Premier ministre ou le ministre de l’Emploi.
Concrètement, la FGTB revendique le retrait du malus pension de Jan Jambon, le maintien de l’indexation automatique des salaires menacée récemment par Bart De Wever, une réforme fiscale qui fasse davantage contribuer les plus riches, le respect des droits fondamentaux (l’Arizona souhaite pouvoir dissoudre les associations radicales) et syndicaux, et plus d’ambition environnementale. La reconnaissance de l’Etat palestinien est également mentionnée. La CSC axe sa communication sur le travail et ses conditions et revendique des horaires négociés et annoncés à l’avance, une flexibilité récompensée, et «des mesures contre le travail qui rend malade». Sur le plan international, le syndicat chrétien appelle également à la fin de la course à l’armement.

Plusieurs incidents survenus, une vingtaine d’arrestations, la police anti-émeute dans la gare centrale
Plusieurs personnes ont été interpellées après que des manifestants ont provoqué des dégradations et mis le feu à divers endroits, sur et autour de la petite ceinture de Bruxelles, a indiqué la police. Ces incidents ont rapidement causé d’importants embarras de circulation.
La police a également constaté « des projectiles, des bombes de peinture et des pétards » lancés en direction du bâtiment de l’Office des Étrangers, situé boulevard Pachéco. « Suite aux dommages causés à la façade du bâtiment, nos services ont procédé au confinement et à l’arrestation des personnes impliquées. »
Vers 14h10 autour de la Gare centrale, des autopompes ont notamment actionné leurs canons à eau sur le carrefour de l’Europe, devant l’entrée principale de la gare, ainsi que sur la place de l’Albertine. Du gaz lacrymogène a également été envoyé en direction des protestataires.
Aux alentours de 14h00, un groupe s’est détaché du cortège à la gare du Midi et s’est dirigé vers le siège du MR, avenue de la Toison d’Or. La police était présente sur place et les personnes se sont alors rendues vers le Mont des Arts et la Gare centrale. L’hôtel Hilton, situé sur le Carrefour de l’Europe, a également subi des dégradations. Plusieurs groupes ont ensuite entamé un jeu du chat et de la souris avec la police qui, selon ses dires, a dû « intervenir en ayant recours à des moyens spécifiques ».

Perturbations: le point en direct
Le réseau de la Stib est perturbé, ce mardi matin. Selon la société des transports intercommunaux de Bruxelles, seules quelques lignes de métro, tram et bus circulent. À 6h, les lignes de métro 1 et 5 étaient exploitées, tout comme les trams 4, 7, 8, 10, 82, 92 et 93 (entre Stade et Parc). Côté bus, circulent les lignes 12, 14, 36, 46, 53, 59, 71, 73, 87 (prolongée entre Simonis et Étangs Noirs) et 95. Toutes les autres lignes restent à l’arrêt et les fréquences sont réduites par rapport à un jour normal.
Le réseau tram/bus Liège-Verviers est fortement perturbé. Selon le réseau des transports en commun Tec, 64% des voyages prévus pour la journée sont supprimés. Sur les 212 lignes desservant la province de Liège, 30 sont totalement à l’arrêt, 114 circulent avec une fréquence réduite et 68 fonctionnent normalement. Du côté du réseau structurant liégeois, le BUSWAY 2 reste «majoritairement opérationnel», tandis que le tram est davantage touché, avec une fréquence estimée à «toutes les 25 minutes».
Même constat sur le réseau Tec à Charleroi, où quelques métros et quelques bus circulent, mais dont la majorité n’est pas sortie des dépôts ce matin. «Dans certains dépôts, c’est un bus sur 10 qui est sorti, dans d’autres, ce sont deux bus sur 10 qui sont en service. Mais globalement, le réseau est très fortement perturbé comme on s’y attendait», indique la porte-parole.Les voyages supprimés peuvent être consultés sur le site letec.be et via l’application mobile du TEC.
En Flandre, quatre bus et trams de la société de transport public De Lijn sur 10 ne roulent pas. C’est conforme au plan de transport qui avait été précédemment annoncé. «Tout se déroule comme prévu», résume un porte-parole de De Lijn.
Tous les vols au départ et au moins la moitié des vols à destination du Brussels Airport programmés ce mardi sont annulés. En tout, 472 vols étaient au programme à Brussels Airport: 234 au départ et 238 à l’arrivée. Pour les connexions arrivant à Zaventem, 115 sont finalement annulées finalement, selon le porte-parole de l’aéroport. Du côté de Charleroi, tous les vols au départ et à destination de l’aéroport wallon seront annulés.
Bruxelles Mobilité conseille de ne pas se rendre en voiture à Bruxelles ce mardi. Pour ceux qui n’ont pas d’autre choix, il est préférable d’éviter le centre-ville et les grands axes d’accès. «Énumérer toutes les rues où il y a des problèmes n’a pas de sens, car la circulation est complètement paralysée», explique un porte-parole de Bruxelles Mobilité.
Le service minimum ne peut être garanti dans la plupart des prisons belges. «Ce que nous déplorons et considérons comme absolument indispensable au fonctionnement des prisons», précise le communiqué de l’administration pénitentiaire, qui a fait appel à la police pour pallier le manque de personnel. «Dans certaines prisons, nous collaborons également avec la Croix-Rouge afin d’assurer la distribution des repas aux détenus», ajoute l’administration pénitentiaire.
(Avec Belga)