Jan Jambon et Bart de Wever (N-VA) à la table des négociations © BELGA

« Si la N-VA supprime la taxe sur les voitures de société, ce sera le commencement de la fin »

Wided Bouchrika
Wided Bouchrika Journaliste free-lance

Les négociateurs fédéraux souhaitent s’attaquer à plusieurs impôts incriminés introduits par le gouvernement Di Rupo. Parmi ces impôts figurent une taxe sur les voitures de société, une hausse du bonus de liquidation et les amendes de 309 pour cent qui visent les entreprises qui déguisent les dépenses privées en frais professionnels.

Michel Maus, professeur en droit fiscal à l’Université d’Anvers et à la VUB critique violemment les propositions de la coalition suédoise. « Ces impôts incriminés viennent d’être instaurés par un gouvernement avec le CD&V et l’Open VLD et maintenant ces mêmes partis supprimeraient ces mesures ? » s’interroge Maus. « C’est de la politique ‘minute soupe’. Ce n’est pas ainsi que l’état inspirera confiance. Une politique fiscale doit être linéaire ».

« Le succès des voitures de société aggrave les embouteillages »

Maus s’inquiète surtout du statut fiscal des voitures de société, même si selon le quotidien De Morgen, il ne s’agit pas d’une priorité à la table des négociations. « On vient de l’entendre, il n’y a jamais eu autant de véhicules sur les routes belges. Plus de sept millions de voitures contribuent à boucher nos routes » estime Maus. « Ces problèmes de bouchons sont dus en partie au succès des voitures de société ». « Elles sont populaires malgré les mesures de Di Rupo I. Elles sont plus intéressantes pour les employeurs qui souhaitent accorder une augmentation de salaire à leurs employés. L’employé dispose d’une voiture de plus et pour le secteur automobile, c’est également une bonne affaire. Mais, comme nous le voyons sur les routes, sur le plan de la mobilité, c’est toute autre chose » ajoute-t-il.

« Annuler le régime de faveur »

Selon Maus, la Belgique est le premier pays d’Europe en termes de voiture de société par habitant. Pour lui, tout le système fiscal belge doit être revu. « La pression fiscale sur le travail figure parmi les plus élevées d’Europe et doit baisser » estime-t-il. Aussi, appelle-t-il à une réforme globale de la fiscalité. « Il est grand temps d’annuler ce régime de faveur. Mais si la N-VA supprime la taxe sur les voitures de société, ce sera le commencement de la fin. Alors vraiment tout le monde roulera en voiture de société ».

« La coalition suédoise n’a pas de plan »

« Il est également problématique que l’espace budgétaire du prochain gouvernement soit limité. Ils devront trouver environ 17 milliards » explique Maus. « Pourtant, la fiscalité belge doit devenir plus simple et plus juste. Mais ce processus doit avoir lieu progressivement. Aux Pays-Bas, la Commission Dijkhuizen a été instaurée pour échelonner un trajet fiscal sur une période de 20 ans, un bel exemple. Malheureusement, la coalition suédoise actuelle n’a ni plan, ni vision ».

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