Y a-t-il un risque de voir les intérêts particuliers l'emporter sur la cause générale ? © JEAN POUCET

Rétro 2016 : le pacte d’excellence, un « Davos de l’éducation »

Soraya Ghali
Soraya Ghali Journaliste au Vif

Le pacte pour un enseignement d’excellence : un vaste plan pour refonder l’école. Les négociateurs se sont accordés, et le projet est finalisé. Le plus dur reste à faire.

Dévoilé le 2 décembre, le pacte d’excellence va prendre son envol. Durant deux ans, parents, syndicalistes, cadres du système éducatif, hauts fonctionnaires ont imaginé une école plus juste, plus efficace, plus bienveillante. Ce gigachantier est inédit. On l’a dit et répété : c’est notre  » Davos de l’éducation « .

Des documents présentés, des lignes de force se dessinent, pas toujours révolutionnaires puisque certaines d’entre elles figurent depuis belle lurette dans les feuilles de route des partis : un tronc commun jusqu’en 3e secondaire, une réforme des rythmes scolaires, des redoublements divisés par deux, un meilleur encadrement des classes maternelles, un éveil aux savoirs techniques, une seule filière qualifiante (au lieu de deux)… Soit. Il y a tout dans ce projet, qui s’attaque au réacteur de l’éducation : la formation des enseignants, l’école maternelle et primaire, le contrôle du système éducatif, la modification des programmes.

L’année 2017 sera celle du pacte, quand il passera dans les mains du gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles. C’est lui qui arbitrera la centaine de mesures, puis viendra l’heure de la rédaction en décrets. C’est à ce moment que le pacte prendra corps. On observera alors la solidité unissant les partenaires. Y a-t-il un risque de voir les intérêts particuliers l’emporter sur la cause générale ? Le texte du groupe central est le fruit d’un consensus. On pense ici au redoublement, au tronc commun ou encore à la modification des programmes. On sait aussi qu’il y a des mesures qui plaisent plus au sein des forces en présence comme au sein des partis, et d’autres moins.

Sa concrétisation prendra du temps. Le pacte suppose un travail législatif colossal. Il faut une base solide et suivre scrupuleusement des étapes. Tout ne peut pas être entrepris en même temps, une mesure en permettant une autre. Les réformes mettront des années à agir. On parle d’une vitesse de croisière atteinte en 2030. Et l’argent manque. Cela coûterait près de 300 millions d’euros d’investissements. Selon les calculs, il ne faudra pas injecter tant, puisqu’on nous dit que 230 millions devraient provenir de mesures d’économies et de transferts de budget. Autant dire que le plus dur reste à faire – du courage politique et pas mal d’argent. Ceux qui en profiteront pleinement ne sont donc pas encore nés et ceux qui le bouderaient déjà seront… pensionnés.

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