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Qui se cache derrière le mouvement d’extrême droite Schild & Vrienden?

Ils veulent protéger la jeunesse flamande et la rendre plus forte. Ils ont déjà assuré la sécurité lors de certains discours de Theo Francken. Mais qui se cache derrière Schild & Vrienden (bouclier et amis) ?

« Linkse ratten, rolt uw matten! » ( rats de gauches, dehors). Ce slogan on l’a entendu à plusieurs reprises lors du discours de Theo Francken (N-VA) à l’université de Gand en ce 9 mai 2017. Ils étaient clamés par des membres de l’extrême droite nationaliste du club étudiant KVHV en réaction aux étudiants d’extrême gauche qui ont interrompu le discours du secrétaire d’État.

Ces jeunes nationalistes s’étaient réunis à la demande de Dries Van Langenhove. Étudiant en droit, porte-parole des étudiants au conseil de direction de l’université de Gand, il est aussi le créateur de la page Facebook Schild & Vrienden.

Qui se cache derrière le mouvement d'extrême droite Schild & Vrienden?
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C’est ce soir de mai qu’il décide de faire de sa page Facebook un mouvement à part entière. « Pas moins de 90 jeunes flamands étaient venus de la Flandre entière pour protéger les élèves de l’université de Gand de la violence d’extrême gauche. Cela faisait longtemps que je n’avais pas vu un tel enthousiasme et une telle capacité de rassemblement », nous dit-il par mail puisqu’il refuse les interviews en face à face. « J’ai été trop souvent trahi », précise-t-il.

La page Facebook initiale se voulait un refuge pour les jeunes Flamands qui souhaitaient partager du contenu dans un cadre qui ne soit pas surveillé par les « médias de gauches » ou « le politiquement correct ». Ces « mêmes » tournaient autour de deux sujets principaux : les Wallons sont tous des profiteurs et « Beter dood dan rood », soit plutôt « mort que rouge ». Ce dernier slogan se voulant plus humoristique qu’agressif précise encore Van Langenhove.

Les idéaux de Dylan

Sauf que tout le monde n’a pas pris ça pour de l’humour. Pour preuve, le tôlé provoqué par une publication de Dylan Vandersnickt. Un collage de son fait montrait une étudiante « gauchiste » se faire violer par un migrant. Cette publication lui a couté son poste à la tête des jeunes de la N-VA. Il a alors quitté le parti et s’est engagé auprès du S&V. Sa mort tragique, il a mis fin à ses jours en octobre alors qu’il n’avait que 24 ans, a mis en lumière l’organisation pour la première fois. Dans une interview, Dries Van Langenhove affirme que tout cela est la faute des « hyènes des médias de gauche » qui « ont détourné la chose ».

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Selon ses dires, le mouvement cherche donc à protéger les jeunes flamands. Mais de quoi ? Le film ci-dessous explique en partie ce qui les motive. Accompagné d’une musique dramatique, on y voit des manifestations, de la violence, des attentats, mais aussi la polémique du père Fouettard.

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Wij zijn Schild & Vrienden

Voor ons is het genoeg geweest. Wij zijn Schild & Vrienden.

Geplaatst door Schild & Vrienden op donderdag 26 oktober 2017

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« Est-ce cela l’avenir que nous voulons ? » demande Van Langenhove. « Des valeurs de plus en plus floues, l’individualisation et l’immigration de masse ont éloigné les Flamands les uns des autres. Être fier de sa culture et de son identité est devenu un sujet tabou. Avec S&V nous voulons raconter une histoire positive. Nous voulons la jeunesse flamande soit fière et lui offrir une perspective d’avenir. « 

Apprends à te battre

Cette capacité à se défendre doit être comprise aussi bien physiquement que mentalement. Par exemple, dans leur camp d’été qui a rassemblé une cinquantaine de membres, il y avait une initiation à la self défense. Ils refusent cependant que l’on parle de milice privée.  » Nous n’avons pas d’uniforme et nous ne nous entraînons pas au combat. Il n’y a rien d’extrême à S&V. « 

Il n’empêche, l’inexistence d’uniforme pourrait prêter à discussion puisqu’ils arborent tous le même t-shirt bleu avec un logo identique et stylisé qui s’inspire des mouvements identitaires européens et américains. Il y a aussi sur le dos le chiffre 1302, qui est la date de la bataille des éperons d’or.

Dave Sinardet (VUB) y voit un double message. « Sur le fond nous sommes de romantiques flamingants, mais sur la forme nous sommes très modernes et très axés sur les réseaux sociaux. »

Van Langenhove et ses amis ne sont pourtant pas les seuls jeunes flamands nationalistes à parler de résistance physique. Dans un numéro de Rebel, le magazine des jeunes du Vlaams Belang, on peut aussi y lire le conseil suivant: « apprends à te battre. »

Dries Van Langenhove a donné des formations aux jeunes du Vlaams Belang, mais se défend que S&V soit affilié à quelques partis que ce soit et il n’existerait aucun lien formel ni avec la N-VA ni avec le Vlaams Belang. Ce ne serait qu’un pur hasard que beaucoup de jeunes issus de ces deux partis s’y retrouvent. « Les partis n’ont été, cette dernière décennie, que peu utiles aux Flamands », dit Dries Van Langenhove.

Qui se cache derrière le mouvement d'extrême droite Schild & Vrienden?
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Ce dernier prétend également que 700 personnes seraient liées de près ou de loin à S&V, cependant leurs actions restent pour l’instant encore modestes. « Nous sommes plus braves que ce que l’on pense. Nous ne voulons pas être de simples braillards. Nous voulons changer les mentalités des jeunes flamands. »

À la question de savoir quelles seront leurs prochaines activités, il conclut : « Marcher avec nos aînés et offrir aux enfants une belle Saint-Nicolas. »

Cet article est paru une première fois le 3 novembre 2017.

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