Charles Michel. © Belga

Qui le gouvernement Michel a-t-il enrichi? (Probablement pas vous)

Les résultats économiques du gouvernement Michel ne nous disent vraiment quelque chose que si on les compare à ceux de nos voisins. À la demande de Knack, l’économiste Gert Peersman (Université de Gand) a sélectionné cinq paramètres pour évaluer la politique économique du gouvernement : croissance économique, emploi, compétitivité, pouvoir d’achat et budget. Il les a comparés aux résultats d’autres pays européens. Deux constatations sont particulièrement frappantes.

Premièrement, la réduction des coûts salariaux n’a pas créé d’emplois supplémentaires. Il y a toutefois une augmentation des marges bénéficiaires des entreprises. Deuxièmement, au cours des cinq dernières années, le pouvoir d’achat d’un ménage moyen a augmenté de 1 000 euros, mais si notre pouvoir d’achat avait suivi l’évolution des pays voisins, il aurait dû augmenter de 2300 euros. Enfin, Peersman découvre aussi un tabou majeur.

1. La réduction des coûts salariaux n’a pas créé d’emplois supplémentaires. Il y a toutefois une augmentation des marges bénéficiaires des sociétés.

La croissance économique est le premier paramètre que Gert Peersman a examiné. « À première vue, le gouvernement Michel pourrait avoir de bons chiffres de croissance », dit-il. « Entre 2014 et 2018, l’économie belge a progressé de 6,3%. Mais si nous prenons en compte les chiffres de croissance des autres pays de la zone euro, nous constatons que c’est assez médiocre. Le taux de croissance moyen y était de 8,2 %. La Belgique est donc en queue du peloton européen. Seules la France (5,9 % de croissance), l’Italie (4,5 %) et la Grèce (2,8 %) ont fait pire. »

Pourrions-nous peut-être nous attendre à une poussée de croissance dans les années à venir qui compensera le temps perdu ? Peersman n’est pas optimiste: « pour cette année et l’année prochaine, on prévoit un taux de croissance économique de 2,5% pour la Belgique et de 2,9% pour toute la zone euro. Nous sommes avant-derniers, seule l’Italie est toujours derrière nous avec 1% de croissance attendue ».

Si notre croissance économique est si faible par rapport au reste de l’Europe, c’est peut-être parce que les autres pays ont fait davantage pour surmonter la crise économique qui a éclaté en 2008 et que leurs meilleurs chiffres de croissance rattrapent leur retard ? Peersman : « Cela peut jouer un rôle. La Belgique a mieux résisté pendant la crise, mais cela ne peut pas tout expliquer. Toute une série de pays ont obtenu des résultats tout aussi bons, voire meilleurs, que la Belgique pendant la crise et ont pu présenter à nouveau de meilleurs chiffres de croissance au cours des cinq dernières années. »

Une première conclusion s’impose : notre économie a connu une croissance inférieure de près de 2 points de pourcentage à celle du reste de l’Europe au cours des cinq dernières années. Peersman a utilisé deux modèles économiques pour calculer combien notre économie aurait normalement dû croître, en fonction du climat économique international et de notre situation avant 2015. Peersman : « Les deux modèles nous disent que notre croissance a été inférieure de 2,5 points de pourcentage que prévu ».

Pourquoi avons-nous progressé de 2 à 2,5 points de pourcentage de moins que prévu entre 2014 et 2018 ? Il y a plusieurs raisons à cela. L’une d’entre elles est certainement notre productivité. Si à l’époque, celle-ci faisait l’objet de louanges, depuis quelque temps, la croissance de notre productivité ralentit. Peersman : « Alors que la productivité dans la zone euro a augmenté de 2,6 % depuis 2014, elle n’était que de 1,6 % dans notre pays. Il n’y a que 5 des 19 pays de la zone euro où la croissance de la productivité est encore moins prononcée : Chypre, l’Italie, le Portugal, le Luxembourg et la Grèce. Ce n’est pas bon ».

Qu’en est-il des jobs, jobs, jobs? Le gouvernement Michel aime se glorifier de ses 254 000 emplois supplémentaires. « C’est exact », dit Peersman, « mais comparons ce chiffre à la croissance de l’emploi dans le reste de l’Europe et à ce à quoi nous pouvons nous attendre sur base de la conjoncture internationale. »

Peersman plonge dans ses chiffres : « Alors que le nombre d’emplois en Belgique a augmenté de 4,8% entre 2014 et 2018, il a augmenté de 5,5% dans les pays de la zone euro. Si le nombre d’emplois chez nous avait augmenté autant que la moyenne de la zone euro, plus de 30 000 emplois supplémentaires auraient dû être créés. Et si on laisse les modèles économiques calculer combien d’emplois auraient dû être ajoutés sur la base de la situation économique internationale, il en aurait fallu 36 000 de plus qu’aujourd’hui. Cela jette une lumière nouvelle sur ces 254 000 emplois supplémentaires. Au fond, on aurait dû créer 290 000 emplois de plus sous le gouvernement Michel. »

.
.© Zaza

En termes de création d’emplois, la Belgique réalise une performance médiocre, et ce, pour plusieurs raisons. Peersman souligne le lien entre la croissance économique et la création d’emplois : « La croissance est-elle insuffisante parce qu’il n’y a pas eu assez d’emplois créés ? Ou bien n’y a-t-il pas assez de nouveaux emplois parce que la croissance est insuffisante ? C’est la question de la poule ou de l’oeuf. Mais il est clair que la croissance économique belge, la croissance de la productivité et de l’emploi en Belgique au cours des cinq dernières années étaient inférieurs à la moyenne européenne. Cela devrait nous inquiéter. »

Le gouvernement Michel a voulu restaurer la compétitivité et a donc poursuivi une politique de modération salariale, avec un saut d’index et un tax shift, déplaçant la charge du travail vers la pollution, la consommation et le capital. Les résultats sont clairs : ces cinq dernières années, nos coûts horaires de main-d’oeuvre ont augmenté de 3,9 %. C’est moins que dans la zone euro (5,7 %) ou dans les pays voisins (Pays-Bas 4,4 %, France 4,8 %, Allemagne 9,9 %).

Selon la Banque Nationale, la modération salariale a créé 50.000 emplois supplémentaires, une étude de la KU Leuven parle même de 90.000 emplois. Peersman secoue la tête : « Ces études prédisent, sur la base des moyennes passées, combien d’emplois auraient dû être créés grâce à la modération salariale. Mais personne n’a vérifié si ces chiffres ont été effectivement atteints. D’après mes calculs, la modération salariale était censée créer 61 000 emplois supplémentaires, mais je ne les vois pas. Je viens de montrer qu’il y a moins d’emplois créés dans notre pays que ce à quoi nous aurions pu nous attendre compte tenu du climat économique international. Je ne peux donc que conclure que le tax shift n’a pas créé d’emplois supplémentaires. »

En résumé, 254.000 nouveaux emplois ont été créés au cours des cinq dernières années, mais sur la base du climat économique international et comparé au reste de l’Europe, cela aurait dû représenter près de 290.000. Ajoutez à cela les 61 000 emplois que la réduction des coûts de main-d’oeuvre aurait dû générer, et quelque 350 000 emplois supplémentaires auraient dû être créés lors de la dernière législature. C’est exact, dit Peersman, « et je me demande où sont ces 100 000 emplois manquants ? »

Peersman explique: « La baisse du coût de la main-d’oeuvre entraîne plus d’emplois si les entreprises répercutent cette baisse sur leurs prix en les diminuant (en partie). Parce que la baisse des prix augmente la demande des consommateurs nationaux et étrangers pour nos produits, ce qui nécessite des employés supplémentaires. Ce mécanisme crucial a également créé des emplois supplémentaires dans le passé en cas de modération salariale. Mais que s’est-il passé pendant cette législature ? Les prix des biens et services produits en Belgique ont augmenté de 5,8 %, alors que dans la zone euro et les pays voisins, ils n’ont augmenté que de 4,8 % ».

Quelles en sont les raisons? Peersman : « Non pas à cause de l’augmentation de nos coûts salariaux, mais parce qu’ils étaient plus bas pour nous. Les taxes – TVA et droits d’accises – ont augmenté les prix de 1% suite au tax shift, et de 0,9% dans nos pays voisins, donc ce n’est pas ça qui fait la différence. La différence réside dans l’augmentation de la marge brute : dans notre pays, elle a entraîné une hausse des prix de 3,2%, dans la zone euro de 2,3% et dans les pays voisins de 1,8%. La marge bénéficiaire brute a augmenté presque deux fois plus en Belgique que dans les pays voisins et l’effet inverse d’une modération salariale se produit : la croissance économique et la création d’emplois sont ralenties. L’augmentation anormale des prix et des marges bénéficiaires : c’est le gros tabou. »

Cette augmentation des marges bénéficiaires dans notre pays n’est pas un rattrapage, souligne Peersman. Les chiffres à partir de 1999 montrent que les marges bénéficiaires dans notre pays augmentent davantage depuis un certain temps que dans les pays voisins ou dans la zone euro, et qu’après 2015 cette évolution s’est encore accélérée. Peersman note également que cela ne s’applique pas à nos prix à l’exportation, qui ont moins augmenté que dans les pays voisins. Ce sont donc surtout les prix et les marges bénéficiaires des produits destinés à la consommation intérieure qui flambent: ils augmentent de 2 à 3 points de pourcentage de plus que dans les pays voisins. Peersman : « Et dans divers secteurs où les prix ont augmenté plus que la moyenne au cours des cinq dernières années en raison de marges bénéficiaires plus élevées, relativement peu d’emplois ont été créés, par exemple dans l’hôtellerie et la restauration, la construction, le secteur financier et le secteur de l’information et des communications ».

« Les prix plus élevés ralentissent la demande de produits belges sur le marché intérieur. En conséquence, la croissance de la production et de l’emploi en Belgique est plus faible que dans les pays voisins et, par conséquent, notre croissance économique est insuffisante », résume Peersman.

Pouvons-nous conclure que le saut d’index et le tax shift n’ont pas créé plus d’emplois, mais plus de bénéfices d’exploitation et ont donc surtout profité aux actionnaires ?

Peersman : Ils ont en tout cas éliminé la politique de modération salariale, qui n’a pas entraîné la création nette d’emplois supplémentaires. Au lieu de répercuter la réduction des coûts salariaux sur les prix, ce qui profiterait aux consommateurs, les prix ont été augmentés de sorte que les marges bénéficiaires brutes ont augmenté encore plus que la baisse des coûts salariaux. Il n’est même pas certain que les actionnaires en aient bénéficié. Les marges bénéficiaires sont plus élevées, mais en raison de prix plus élevés et d’une croissance macro-économique plus faible, le chiffre d’affaires est en baisse. La prospérité se détériore parce que l’on confectionne un plus petit gâteau. »

2. Ces cinq dernières années, le pouvoir d’achat d’un ménage moyen dans notre pays a augmenté de 1000 euros. Mais si notre pouvoir d’achat avait suivi l’évolution de nos pays voisins, il aurait dépassé les 2300 euros.

Qu’en est-il de notre pouvoir d’achat ? Au cours de la période précédant les élections, les partis politiques se sont beaucoup disputés pour savoir si le pouvoir d’achat, qui reflète ce qu’un ménage peut acheter, a augmenté ou diminué ces dernières années. Gert Peersman a calculé l’évolution de notre pouvoir d’achat entre 2014 et 2018. Le revenu réel disponible – c’est-à-dire le revenu après impôts et corrigé de l’inflation et de l’augmentation du coût de la vie – de l’ensemble des Belges a augmenté de 4,3 % au cours de cette période. Cela semble bien, mais dans la zone euro, cette augmentation semble être en moyenne de 6 %. Le pouvoir d’achat de l’ensemble des ménages belges a donc augmenté beaucoup moins que la moyenne de la zone euro.

Cette augmentation de 4,3 % du revenu réel disponible s’applique à l’ensemble des citoyens, mais ces dernières années, la population de notre pays a augmenté. Début 2014, il y avait 11,1 millions d’habitants en Belgique et 11,4 millions au début de cette année. C’est pourquoi Peersman a calculé l’augmentation du revenu réel disponible par habitant : 2,2% en Belgique et 4,8% dans la zone euro. Peersman : « Le fait que le pouvoir d’achat soit plus faible est dû à la hausse des prix dans notre pays. Mais bien sûr, notre croissance économique plus faible joue également un rôle : le gâteau que nous devons partager grandit moins vite que dans d’autres pays européens. Qui plus est, nous devons aussi diviser le gâteau entre plus de personnes. En conséquence, le revenu disponible réel par Belge a augmenté beaucoup moins que la moyenne de la zone euro. »

Peersman cite un montant concret : « Le pouvoir d’achat d’un ménage moyen en Belgique a augmenté de plus de 1000 euros sous le gouvernement Michel. Si nous avions suivi la même tendance que la moyenne européenne, notre pouvoir d’achat aurait augmenté de plus de 2300 euros. De plus, cette augmentation est également inégalement répartie. Les personnes qui avaient déjà un emploi au début du gouvernement Michel n’ont connu qu’une augmentation très limitée. Les employés qui n’ont pas eu d’augmentation de l’échelle salariale peuvent même avoir eu une diminution du pouvoir d’achat si la perte due au saut d’index était plus importante que le bénéfice dû au tax shift. »

.
.© Zaza

Certaines études indiquent que le pouvoir d’achat des bas salaires a augmenté plus que la moyenne grâce au tax shift, dit Peersman, « mais le pouvoir d’achat a surtout augmenté parmi ceux qui ont trouvé un emploi au cours des cinq dernières années. Nous en revenons donc au problème de notre faible création d’emplois : s’il y avait eu autant de nouveaux emplois dans notre pays que dans les pays voisins, plus de personnes auraient pu travailler, le pouvoir d’achat aurait augmenté encore plus et notre économie aurait progressé encore plus. »

Peersman fait également une série de constatations remarquables. « Malgré le fait que notre pouvoir d’achat a moins augmenté qu’ailleurs en Europe, les ménages ont continué à consommer. En d’autres termes, le Belge n’a pas été parcimonieux. Mais en partie à cause de la hausse des prix des produits nationaux, nous avons acheté plus de marchandises importées ».

Le Belge, longtemps champion d’Europe de l’épargne, a moins épargné. Peersman : « Le taux d’épargne, c’est-à-dire la part du revenu que les ménages n’utilisent pas pour la consommation, mais épargnent, est passé de 12,5 % à 11 % sous le règne de Michel. Vous pensez peut-être que c’est dû au faible taux d’intérêt : l’épargne ne rapporte plus grand-chose. Mais regardez l’évolution du taux d’épargne moyen dans la zone euro, où les taux d’intérêt sont tout aussi bas : il est passé de 12,5% à 11,9%. Le Belge a donc moins épargné que les autres Européens. »

En même temps, Peersman observe une autre tendance: « Les Belges ont emprunté davantage au cours des cinq dernières années, et clairement beaucoup plus que les autres Européens. Le taux d’endettement des ménages belges a augmenté de 5,8 % au cours de la même période, tandis que celui de la zone euro a diminué en moyenne de 4,7 %. Dans la pratique, les Belges étaient plus enclins à s’endetter pour l’achat de biens immobiliers ».

Enfin, Peersman a également examiné le budget. Le déficit budgétaire était de 3,1 % en 2014 et a été réduit par le gouvernement Michel à 0,8 % l’an dernier. Peersman : « Le gouvernement Michel ne peut s’attribuer ce mérite. Le déficit budgétaire a diminué de plus de 2 points de pourcentage, mais plus de la moitié de cette baisse est due aux faibles taux d’intérêt : notre gouvernement a dû dépenser moins d’argent pour réduire la dette nationale. Et près de la moitié de cette augmentation est due à la hausse de la conjoncture internationale, qui a permis à un plus grand nombre de personnes de trouver du travail et donc de payer des impôts, et à une diminution du nombre de personnes qui ont dû faire appel à des allocations. » Peersman souligne également que le déficit budgétaire devrait augmenter de nouveau à 1,7% cette année.

Il est important de noter que la réduction du déficit budgétaire est peut être entièrement due à la baisse des taux d’intérêt et à la bonne conjoncture internationale, mais cela ne signifie pas que le gouvernement Michel n’a pas fait d’économies : « Si le gouvernement n’avait pas fait d’économies, le budget se serait détérioré en raison des coûts du vieillissement », dit Peersman. « Les revenus ont chuté pendant la législation, à la suite du tax shift, qui s’est avéré être une réduction d’impôt. Le transfert d’impôt s’est avéré être une réduction d’impôt. Mais le gouvernement Michel a également réduit ses dépenses de près de 1%, excluant les frais d’intérêt, depuis le début de la législature. Et tout cela alors que les dépenses publiques moyennes dans la zone euro ont même légèrement augmenté. »

Peersman apporte une autre nuance : « Entre 2014 et cette année, le déficit budgétaire de notre pays diminuera de 1,4 %, alors que la moyenne de la zone euro est de 1,7 %. La Belgique est donc proche de la moyenne. Si l’on tient également compte de l’impact de l’amélioration de la situation économique dans d’autres pays, nous faisons même mieux que la moyenne européenne. « Mais », dit Peersman, la plupart des pays européens avaient déjà achevé leurs efforts de restructuration avant le début du gouvernement Michel. Au cours des dernières années, ils ont un peu pris les rênes et pourraient se le permettre. Il y a cinq ans, la Belgique avait un déficit budgétaire assez important et le gouvernement Michel aurait pu et dû faire un peu plus ».

Conclusions et recommandations

À première vue, le gouvernement Michel peut présenter une bonne performance économique. Pendant son mandat, notre économie a connu une croissance de 6,3 % et 254 000 emplois supplémentaires ont été créés. Une politique de modération salariale a amélioré notre compétitivité, notre pouvoir d’achat a augmenté en termes réels de 4,3 % et le déficit budgétaire a été réduit des deux tiers. Très bien, pourrait-on penser. Jusqu’à ce que vous compariez ces chiffres avec les résultats obtenus dans les pays voisins et dans les autres pays de la zone euro. Peersman : « Il faut alors constater qu’en termes de croissance, nous sommes parmi les pires de la classe, que moins d’emplois ont été créés que prévu, que la modération salariale n’a pas créé plus d’emplois et que les prix ont même augmenté anormalement, que notre pouvoir d’achat a beaucoup moins augmenté que dans d’autres pays européens et que notre déficit budgétaire ne s’est pas suffisamment réduit et continuera donc à augmenter dans les années à venir ».

En cherchant les raisons de cette sous-performance, Peersman a approfondi les chiffres et s’est heurté à un certain nombre de problèmes dans notre économie.

1. Notre déficit budgétaire augmente de nouveau, de sorte que le prochain gouvernement devra de nouveau assainir. Un budget légèrement déficitaire ne me pose aucun problème, à condition que le gouvernement investisse bien cet argent pour que la croissance reprenne. Cela ne s’est pas suffisamment produit ces dernières années et ces dernières décennies, et on peut maintenant en voir les conséquences, par exemple dans notre infrastructure. »

2. « Le ralentissement de la croissance de notre productivité, qui ne représente que la moitié de la moyenne de la zone euro, est préoccupant. Notre productivité élevée a toujours été l’un de nos atouts. Nous devons la revitaliser. Cela aussi contribuerait à la croissance. Cela ne se fera pas en une, deux, trois. La politique gouvernementale devra se concentrer sur la formation, la recherche et le développement, l’infrastructure et la mobilité, etc., mais une productivité accrue résoudrait bien des problèmes. »

3. « Pourquoi les marges bénéficiaires brutes sur les biens de consommation nationaux ont-elles tant augmenté dans notre pays, contrairement au reste de l’Europe ? C’est probablement dû à un manque de concurrence sur le marché intérieur. Quoi qu’il en soit, il faut l’étudier pour que le gouvernement puisse prendre les mesures qui s’imposent, car ces hausses frappantes des prix freinent la création d’emplois et la croissance. »

4. « Si nous parvenons à créer plus de croissance économique, il sera plus facile de parvenir à l’équilibre budgétaire. Pour dire les choses simplement, supposons que notre croissance au cours des cinq dernières années ait été au niveau de la moyenne de la zone euro, c’est-à-dire que nous ayons atteint une augmentation de 2 %. Puisque le gouvernement impose tout à 50%, cela aurait entraîné une augmentation de 1 point de pourcentage des revenus budgétaires. Nous aurions eu un budget équilibré en 2018. »

5. « Ces dernières années, nous nous sommes concentrés sur les coûts salariaux des entreprises. Notre handicap pour les entreprises exportatrices a été effacé. Il n’est pas non plus logique de réduire davantage les cotisations patronales afin de créer des emplois, car cela ne se reflète pas dans les prix. Pour créer des emplois, il est plus judicieux de se concentrer sur l’offre du marché du travail, par exemple en réduisant les impôts des salariés. »

6. « Nous devons nous assurer que les postes vacants soient occupés. Nous avons toujours du mal à augmenter notre taux d’emploi – le nombre de personnes âgées de 20 à 65 ans qui ont un emploi. Selon les statistiques, ce sont principalement les personnes peu qualifiées qui trouvent trop peu de travail, de sorte que les politiques devraient se concentrer sur elles. Nous devons leur donner la formation et les incitations adéquates pour trouver un emploi. En outre, nous devons maintenir les travailleurs au travail plus longtemps et relever l’âge de la retraite à 67 ans le plus rapidement possible, comme d’autres pays l’ont déjà fait. »

7. « Il y a eu une augmentation étonnante des dettes de ménage. Il faut y accorder suffisamment d’attention, car tôt ou tard, ces dettes devront être remboursées. Et cela pèsera sur la croissance. Elle nous rend également vulnérables à une autre crise : si un jour les taux d’intérêt remontaient, cela causerait des problèmes non seulement à notre gouvernement avec sa dette élevée, mais aussi à de nombreux ménages. La Belgique aura alors un double problème. »

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire