Pierre-Yves Dermagne © BELGA

Qualifié de « factice » par le PS, le budget wallon débarque au parlement

Le budget wallon pour l’année 2019, annoncé en équilibre par le gouvernement à la fin du mois de septembre, sera examiné cette semaine en commission du Parlement de Wallonie avant d’être soumis au vote de l’assemblée plénière la semaine prochaine.

Un budget « factice » qui ne tient que « par les ficelles budgétaires utilisées » et « déjà en déficit de 48 millions d’euros », faute d’avoir intégré l’indexation anticipée par le Bureau du Plan, a dénoncé lundi le PS. Des affirmations évidemment réfutées par le ministre wallon du Budget, Jean-Luc Crucke.

« Le gouvernement MR-cdH avait deux objectifs principaux: accrocher un trophée en annonçant un équilibre SEC (système européen des comptes, NDLR) et faire plaisir en accordant des cadeaux fiscaux aux plus nantis », a estimé Pierre-Yves Dermagne, le chef de groupe socialiste au parlement wallon, en pointant une croissance des dépenses supérieure à celle des recettes.

Selon le PS, les recettes à l’initial 2019 s’élèvent ainsi à 12,918 milliards, à comparer à des recettes de 12,272 milliards à l’initial 2017 (+645 millions d’euros). Quant aux dépenses, elles atteignent 14,172 milliards à l’initial 2019, en hausse de 816 millions d’euros par rapport aux 13,356 milliards de 2017. Résultat: le solde brut à financer – soit la différence entre les recettes et les dépenses – est passé, lui, de -1,084 milliard en 2017 à -1,254 milliard d’euros à l’initial 2019.

A la lecture de ces chiffres, « on peut se demander comment ont parvient à un budget en équilibre alors que les dépenses augmentent » davantage que les recettes, a poursuivi Pierre-Yves Dermagne selon qui l’évolution de ces rentrées s’apparente par ailleurs à une « illusion ». « Dès 2018, nous avons mis en garde contre le risque de surestimation de ces recettes, à hauteur de 170 millions. Aujourd’hui, sur base des 8 premiers mois de l’année et en extrapolant pour les mois restants, ce risque se confirme. Et malgré tout, le gouvernement annonce, pour 2019, une nouvelle hausse de 92 millions », a-t-il ajouté, qualifiant en outre de « miracle » l’explosion des corrections SEC qui permettent de passer d’un solde à financer à un solde SEC.

Celles-ci ont bondi de 470 millions d’euros en deux ans (+60%) pour atteindre 1,254 milliard d’euros, dont 262,4 millions sont à mettre au compte du solde de regroupement économique (+236%) qui couvre les résultats des 185 unités d’administrations publiques (UAP) reprises dans le périmètre wallon.

En la matière, un solde positif signifie que ces UAP dépenseront moins que ce qu’elles reçoivent en dotation. Ces corrections SEC, surtout, correspondent à la virgule près au solde brut à financer à l’initial 2019 (-1.254.166.000 euros). Un véritable « tour de passe-passe » pour le PS alors que le ministre Crucke évoque, lui, un « choix politique » afin de revenir à l’équilibre. « Pour un ménage comme pour une région, quand les dépenses dépassent les recettes, il faut les financer et passer par l’emprunt. C’est ainsi qu’en deux ans, la dette wallonne a augmenté de 2,36 milliards (+11%) », a encore souligné Pierre-Yves Dermagne en s’interrogeant en outre sur la « dette supplémentaire potentielle de 1,8 milliard liée au nouveau montage pour les certificats verts ».

« Dans ces conditions, quel sera l’équilibre budgétaire à partir de 2020? D’autant qu’il faudra aussi assumer l’ardoise laissée par le Plan wallon d’investissement dont 98% des dépenses restent à financer, par le tax shift fédéral (101 millions d’euros d’impact supplémentaire), par la réforme des APE ou encore par l’assurance autonomie (de 30 à 54 millions d’euros de 2020 à 2024) », a conclu le chef de groupe socialiste au parlement régional.

« Ce budget ne comporte aucune ficelle budgétaire. Il a été fait avec le sérieux qui a peut-être manqué lors des législatures précédentes », a de son côté rétorqué le ministre wallon du Budget. « Notre objectif était de remettre le bulletin en ordre. Évidemment, il faut continuer à travailler sur la dette mais ce sera désormais plus facile et j’y vois un signe d’espoir », a-t-il enfin affirmé.

Belga

Bataille de chiffres au parlement wallon

« Quand on veut chanter, il faut aller jusqu’au bout » et, comprend-on entre les lignes, mettre sur la table toutes les données dont on dispose, a affirmé lundi après-midi le ministre wallon du Budget, Jean-Luc Crucke (MR), en réponse à l’opposition socialiste qui, plus tôt dans la journée, avait qualifié de « factice » le budget wallon 2019. Présenté en équilibre par le gouvernement régional à la fin du mois de septembre, ce dernier est examiné cette semaine en commission du parlement régional avant d’être soumis au vote de l’assemblée plénière la semaine prochaine.

« Notre budget ne fait appel à aucune ficelle budgétaire. Il a été réalisé avec le sérieux qui a peut-être manqué lors des législatures précédentes », a assuré Jean-Luc Crucke selon qui le PS omet, dans les chiffres présentés, différents éléments.

Ainsi, si le solde net à financer s’élève à -1,244 milliard, il convient d’y ajouter 373,1 millions d’euros en corrections UAP, pour un solde net consolidé de -871,2 millions d’euros. « Ce solde net consolidé s’améliore donc de 83,4 millions d’euros entre l’initial 2017 et celui de 2019 », a précisé le ministre.

Dans sa présentation, le PS avait quant à lui fait état d’un solde brut à financer de -1,254 milliard d’euros à l’initial 2019, contre -1,084 milliard deux ans plus tôt. En tenant compte des 281 millions d’euros liés aux sous-utilisations de la part du SPW, l’accroissement de la dette a par ailleurs « été largement revu à la baisse », a poursuivi Jean-Luc Crucke.

Selon ce dernier, « la diminution potentielle de l’accroissement de la dette » s’élève ainsi à 130,4 millions entre l’initial de 2017 et celui de 2019. En d’autres mots, la dette wallonne augmente mais à un rythme désormais moins rapide. Or, selon le PS, la dette wallonne va augmenter de 2,36 milliards (+11%) en 2 ans (1,10 milliard en 2018 et 1,26 milliard en 2019).

Quant aux corrections SEC, également pointées par le parti socialiste qui s’étonne qu’elles correspondent à la virgule près au montant du solde brut à financer, elles ont été validées par la CIF – la cellule d’informations financières – et répondent « à une volonté politique » de retour à l’équilibre, a admis Jean-Luc Crucke.

« Notre objectif, c’était de remettre en ordre le bulletin. Il faut encore travailler sur la dette, c’est une évidence, mais ce sera désormais plus facile et j’y vois un signe d’espoir », a conclu le ministre.

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