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« Pourquoi cet acharnement sur Charleroi ? »

Michel Delwiche
Michel Delwiche Journaliste

L’ancien bourgmestre CDH prend sa retraite. Surmontant ses ennuis de santé et blanchi par la justice. Mais pas sans amertume.

Jean-Jacques Viseur revit : il surmonte petit à petit son quintuple pontage cardiaque suivi de diverses complications et la Justice vient de reconnaître que les accusations portées en 2011 par le receveur communal de Charleroi Eric Wartel pour avoir favorisé la carrière de son fils étaient non fondées. Nommé en 2007 bourgmestre d’un Charleroi dont les responsables politiques de la majorité socialiste avaient été inculpés en cascade, il a dû démissionner sur ordre des médecins en février 2012.

Le Vif/L’Express : Vous êtes aujourd’hui blanchi. Réaction ?

Jean-Jacques Viseur : Toute cette affaire est la conséquence d’un conflit individuel. Si le receveur communal a déposé plainte contre moi, c’est parce qu’un de ses adjoints, qui faisait l’objet de poursuites, avait été suspendu. Je me rends compte qu’il y a eu trois attitudes par rapport à ma situation. D’abord, le cercle des proches, Philippe Maystadt ou Anne-Marie Corbisier, et les collègues de l’université ou des cliniques Saint-Luc (NDLR : dont il préside le conseil d’administration), tous ceux-là m’ont apporté un soutien aveugle, sans même se poser de questions. Un vrai bonheur. Ensuite, les gens de la classe politique, qui ont montré leur étonnement, qui n’y croyaient pas vraiment, mais qui se sont dit que ce n’était finalement pas mal que ça tombe pour une fois sur un autre parti que le PS. Enfin, la majorité des gens, sans doute, qui se sont dit qu’il n’y avait pas de fumée sans feu, que les politiques, c’est tous pourris et qu’ils s’arrangent entre eux. Là, j’ai eu le sentiment que tous mes efforts étaient annihilés, que tout cela rejaillissait, à travers moi, sur l’ensemble de la classe politique, et sur l’image de Charleroi.

Vous êtes amer ?

La Justice ne doit évidemment pas réserver un sort particulier aux politiques mais elle ne peut pas se lancer à l’aveugle dans des poursuites infondées sans réfléchir aux dégâts qu’elle peut provoquer dans l’opinion publique. L’ordonnance de non-lieu prise par la chambre du conseil du tribunal de Mons est claire : elle dit qu' »il n’existe aucune charge contre les inculpés » et que les poursuites ont créé « dans le chef des inculpés des dommages irréparables ». L’emballement contre Charleroi n’était pas uniquement judiciaire : Charleroi, bien entendu, ne pouvait que commettre des irrégularités…

Il y a eu acharnement ?

Un acharnement incompréhensible, une hostilité et une méfiance permanentes. Même sur les « affaires », plus anciennes, qui ne concernent que les personnalités socialistes, les résultats sont tout de même assez limités : on nous annonce un grand procès, avec 62 inculpés, ce qui est évidemment ingérable… Et dix ou quinze ans après les faits, les décisions n’auront plus aucun sens. Je suis persuadé que d’anciens échevins ont violé la loi, pour s’en mettre plein les poches. Une situation aussi claire devrait pouvoir se régler très vite sur le plan judiciaire. De même que les manquements qui leur sont reprochés auraient dû être stoppés par le secrétaire communal. Et que la tutelle de la Région wallonne aurait pu s’exercer en temps et heure. Mais à Charleroi, chaque erreur administrative était devenue une infraction pénale.

Entretien : Michel Delwiche

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