Le député Samuel Cogolati (Ecolo-Groen) a saisi mardi la commission fédérale de déontologie du cas des invitations reçues par des députés pour se rendre au Qatar à l’invitation des autorités locales pour y constater des progrès en matière de droits humains et de droits des travailleurs migrants. « À partir du moment où les parlementaires n’ont pas la garantie de faire leur mission en toute indépendance, ces voyages sont-ils compatibles avec le Code de déontologie de la Chambre ? », se demande l’écologiste.
Le député, président de la délégation belge à l’Union interparlementaire, a déposé à l’appui de sa requête trois invitations qu’il a reçues, et déclinées, pour des déplacements au Qatar en septembre et octobre à l’invitation du Comité national des droits de l’homme (NHRC) de l’émirat et du gouvernement qatari. Selon les programmes fournis, des rencontres sont prévues avec des officiels qataris, le bureau de l’Organisation Internationale du Travail (OIT) à Doha, des syndicats, des représentants du groupe de construction belge Besix ainsi que la visite de logements destinés aux travailleurs et l’un des stades construits pour la Coupe du monde. Selon le député, des invitations similaires ont été adressées à d’autres collègues, mais il ignore s’ils les ont acceptées.
« Vu que ces invitations ont aussi été adressées à d’autres membres de la Chambre des représentants et qu’elles se reproduiront sans aucun doute à l’avenir dans mon cas, je m’interroge sur la compatibilité de ces voyages au Qatar (ou dans un autre pays tiers) avec le code de déontologie de la Chambre des représentants », écrit-il.
Ce n’est pas le principe de missions à l’étranger qui est remis en cause mais plutôt les conditions dans lesquelles elles doivent se dérouler. « Les voyages au Qatar dont il est ici question ne s’apparentent pas à des visites libres et indépendantes de parlementaires belges. En effet, les trois voyages précités sont sponsorisés et soigneusement orchestrés par le gouvernement du Qatar et, ce, dans le cadre du débat politique en cours à la Chambre au sujet des violations graves des travailleurs migrants sur les chantiers de la Coupe du monde de football », ajoute M. Cogolati.
Parmi les questions posées, figurent notamment celle du risque d’être complice de « la propagande du régime qatari » ou, plus généralement, celle des paramètres à prendre en compte pour accepter un tel déplacement et d’éventuelles sanctions si le cadre tracé n’était pas respecté.