Thomas Dermine
Thomas Dermine © belga

Tensions entre De Bleeker et le PS sur la réforme des pensions

Le Vif

La secrétaire d’État au Budget Eva De Bleeker (Open Vld) semble avoir décidé de lancer l’offensive contre sa collègue Karine Lalieux (PS), ministre des Pensions, et la réforme des pensions qui se fait attendre. La libérale est passée par les pages du Soir et du Standaard, jeudi, pour critiquer l’action (ou plutôt l’inaction, selon elle) des socialistes sur ce dossier, affirmant dans les grandes lignes que si le PS ne s’active pas pour une véritable réforme des pensions, c’est tout le plan de relance de la Belgique qui sera menacé.

Dans les rangs socialistes, on rit jaune et on renvoie la secrétaire d’État au rôle que son propre parti joue dans le dossier, puisque ce dernier « est discuté depuis le mois de février au sein du gouvernement », comme le rappelle en réaction Karine Lalieux, jeudi.

   Les chiffres définitifs des montants maximaux réservés à chaque État sous la « Facilité pour la reprise et la résilience » européenne ont été publiés jeudi par la Commission européenne. Pour la Belgique, ce sera un peu plus de 4,5 milliards d’euros (4.524.565 euros) en prix courants, ce qui était attendu au vu de la reprise marquée en 2021. Au-delà du pré-financement touché à l’été dernier (770 millions d’euros), la Belgique n’a pas encore demandé à l’UE de libérer une première tranche de subventions, celle-ci étant liée à la réalisation de toute une série de réformes et premiers jalons. Parmi ceux-ci, en effet, la réforme des pensions. Le plan de relance belge indique que les réformes des pensions et fins de carrière auront entre autres pour but d’assurer « la soutenabilité financière de la sécurité sociale et des finances publiques ».

   Faire croire que les financements européens sont mis en danger par le temps pris pour réaliser la réforme des pensions est cependant faux, a tenu à rectifier le secrétaire d’État à la Relance, le socialiste Thomas Dermine. « Il n’y a pas d’échéance ferme ni de montants associés à la réalisation de chacun de ces jalons. La Commission Européenne accorde de la flexibilité, et préfère des jalons bien rencontrés, quitte à accorder plus de temps pour bien les réaliser », répond le cabinet Dermine, qui lance au passage que le fonctionnement du plan européen de relance est censé être « bien connu des membres du gouvernement et singulièrement de la Secrétaire d’État au Budget ».

   Le jalon « réforme des pensions » du plan de relance correspond à ce qui figure dans l’accord de gouvernement, rappelle le secrétaire d’Etat: amélioration de la soutenabilité financière et sociale du système, incitation à rester actif au-delà de l’âge de la prépension, etc.

   « Rappelons que les décisions en Conseil des ministres se font par consensus. L’adoption d’une réforme des pensions est donc une responsabilité collective« , indique encore le cabinet du secrétaire d’État.

   Quatre éléments de la réforme des pensions reviennent justement en kern en cette fin de semaine: la réduction des inégalités entre homme et femme face à la pension, la pension à temps partiel, le bonus pension et les conditions de travail effectif pour bénéficier de la pension minimum. Précédemment, la ministre Lalieux avait déjà exposé les grands axes de sa réforme en septembre.

   Selon la secrétaire d’État au Budget, ce qui est sur la table n’est cependant pas suffisant pour assurer la soutenabilité financière du système. Dans les pages du Soir, Eva De Bleeker affirme que « le coût des pensions va augmenter de 4,9 milliards entre 2022 et 2023, en raison de l’indexation des pensions et de l’augmentation du nombre de pensionnés. Des hausses élevées sont attendues également dans les prochaines années, 3 milliards en 2024, 1,6 milliard en 2025 et 2,5 milliards en 2026 ».

   La ministre Karine Lalieux n’apprécie pas vraiment et se demande ce que veut dire la libérale. Via communiqué de son cabinet, la socialiste réagit: « La secrétaire d’État est-elle contre l’indexation des pensions alors que l’inflation atteint des sommets? Est-elle contre un revenu digne pour les millions de pensionnés de notre pays? Oui, le nombre de pensionnés augmente, c’est une tendance connue depuis des années! Que veut Mme De Bleeker? Que l’on revienne sur les acquis de ce gouvernement qui a investi massivement dans la revalorisation des pensions? Que l’on diminue le revenu des pensionnés pour compenser cette hausse de leur nombre? Ca sera sans moi et sans les socialistes! »

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