Saint-Josse, Brussels Capital Region - Belgium The closed headquarters of the Belfius Banking and Insurance company during the Corona crisis.

Pourquoi Belfius veut prendre ses distances avec la Région wallonne

Le Vif

Les négociations entre la Région wallonne et Belfius peinent à aboutir. En raison de la mauvaise situation budgétaire de la Région, la banque hésite à renouveler son contrat de banquier attitré. Mais il se pourrait que Belfius soit influencée par d’autres acteurs.

Ce n’est un secret pour personne, les caisses de la Région wallonne présentent un gros trou. Après une année 2021 dans le rouge – en partie à cause du Covid et des inondations – le déficit s’élève cette année à 3 milliards d’euros, soit 15 % des 19,6 milliards de dépenses. La dette régionale wallonne totale s’élève ainsi à 31,7 milliards d’euros. Mais aujourd’hui, ce n’est ni l’opposition, ni le gouvernement fédéral, ni le FMI qui mettent la pression sur la Wallonie. Mais bien Belfius, qui exige des ajustements urgents. Et la banque publique belge a une arme importante entre les mains.

Belfius (et son prédécesseur Dexia) est depuis longtemps le banquier attitré de la Région wallonne. En clair, cela signifie que Belfius gère les comptes courants de la Région, lui accordant une facilité de crédit de 3,25 milliards d’euros. Le contrat actuel expire à la fin de cette année. Les négociations pour le prolonger sont en cours, a confirmé Belfius au Standaard.

Plusieurs influences envers Belfius

L’Echo et Le Soir avaient déjà rapporté que ces négociations étaient particulièrement difficiles. Selon les quotidiens, Belfius est très préoccupée par la mauvaise situation budgétaire de la Région wallonne. Et la banque hésiterait donc à renouveler son contrat. Selon L’Echo, Belfius s’inquiéterait aussi explicitement de la composition du gouvernement régional wallon après les élections de 2024, avec la possibilité que le PTB arrive au pouvoir et menace d’augmenter encore plus les dépenses et le déficit public.

Plusieurs autres éléments pourraient jouent un rôle dans cette méfiance de Belfius. La banque est supervisée par la BCE, qui veut éviter qu’une banque soit surexposée à un gros client. La banque centrale européenne pourrait avoir envoyé un avertissement à Belfius, ce qui expliquerait son hésitation actuelle. Si les finances wallonnes se détériorent davantage, les agences de notation pourraient abaisser la note de crédit de Belfius.

Une influence politique pourrait également expliquer le comportement de Belfius. Si la N-VA fait partie du gouvernement fédéral en 2024, l’alliance flamande pourrait mettre des bâtons dans les roues de la banque. Le parti flamand n’accepterait certainement pas que Belfius accorde principalement des crédits aux gouvernements francophones.

Le chef de groupe de la N-VA, Peter De Roover, va déjà dans ce sens. « La banque ne doit pas subventionner indirectement une région appauvrie de cette manière », a-t-il déclaré.

Au PTB, on s’indigne des allégations. « Comment Belfius, une banque publique, ose-t-elle prendre une position politique contre le PTB ? Il est inacceptable que le monde financier permette une telle pression antidémocratique », a déclaré Raoul Hedebouw sur Twitter.

La recherche d’une autre banque ne semble pas être une alternative. Ces conditions pourraient être très coûteuses. Si elle veut convaincre Belfius de resigner, la Région wallonne risque de choisir de manière beaucoup plus sélective ce à quoi elle consacre son argent.

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