
Il faudrait de 7.000 à 10.000 places supplémentaires en crèche à Bruxelles
La pénurie de places en crèche reste criante à Bruxelles, notamment dans l’ouest de la Région, révèle Brussels Studies.
Il faudrait créer de 7.000 à 10.000 nouvelles places en crèche en Région bruxelloise afin que l’accueil de la petite enfance soit un droit effectif pour chaque ménage qui y réside, ressort-il d’une étude sur l’accessibilité de ces milieux d’accueil parue jeudi dans la revue scientifique Brussels Studies. Un plus grand nombre de places est en outre nécessaire pour les familles monoparentales et/ou en recherche d’emploi, qui ont parfois des horaires de travail atypiques.
Depuis dix ans, le nombre de naissances baisse fortement à Bruxelles, situe l’institut d’étude bruxellois. En 2023, le recul était même de 25% par rapport à 2010. Cela ne suffit cependant pas à assurer une place en crèche pour tous les bébés, puisqu’au 1er janvier 2023, Bruxelles comptait environ 20.500 places d’accueil accréditées pour presque 45.000 enfants de moins de 3 ans.
Certes, tous les parents ne choisissent pas de confier leur nouveau-né aux soins de puéricultrices et puériculteurs, mais le long parcours que constitue l’obtention d’une place en crèche reflète le manque important de structures d’accueil pour les tous petits, constate Brussels Studies. Selon l’enquête qu’ont menée des chercheuses et chercheurs de l’Université libre de Bruxelles et de l’Universiteit Gent, tous les parents bruxellois ne sont pas égaux en termes d’accessibilité.
Cette accessibilité est avant tout géographique, pointent-ils. Pour les familles en situation de précarité en particulier, qui ne disposent pas forcément d’une voiture, la proximité de la crèche est primordiale. Il apparait notamment que les enfants devant parcourir les plus grandes distances pour obtenir une place sont ceux de l’ouest et du nord-ouest de la Région, où la demande est très élevée par rapport à l’offre.
Si l’on prend en compte la proportion de l’offre régionale à laquelle un enfant peut accéder en fonction de son lieu de résidence, de sa langue et du revenu de sa famille, le taux d’accès varie grandement, de 25 à 71%. Les enfants issus de ménages non néerlandophones et appartenant aux six déciles de revenus les plus faibles sont ceux qui ont le moins d’opportunités dans la pratique.
Pour compléter cette analyse statistique, les chercheurs ont mené une enquête supplémentaire, à laquelle 30% des milieux d’accueil ont répondu. Il en ressort notamment que l’accessibilité pratique des crèches est souvent rendue difficile en raison de jours et d’heures d’ouverture mal adaptés aux horaires de travail atypiques. Au-delà des règles de priorité à l’inscription, les milieux d’accueil sont en outre souvent sensibles à la situation des parents isolés, relèvent les auteurs de l’enquête.
L’étude souligne dès lors la nécessité de créer (beaucoup) plus de places d’accueil. Celles-ci sont particulièrement nécessaires dans l’ouest de la Région et devraient appliquer de préférence une tarification liée au revenu des parents, afin d’être accessibles aux familles monoparentales et aux demandeurs d’emploi, par exemple.
Trouver une structure d’accueil est par ailleurs un défi pour les parents ayant des horaires de travail atypiques, tandis que plus les structures sont situées dans des zones où la demande est beaucoup plus importante que l’offre, plus elles s’investissent dans l’accessibilité sociale et culturelle.
Forts des différents constats, les chercheurs appellent à la création de 7.000 à 10.000 places supplémentaires, principalement subventionnées et dont une part plus grande serait adaptée aux besoins des familles monoparentales ou à la recherche d’emploi. Pour atteindre cet objectif, il faudra toutefois revaloriser au préalable les conditions de travail du personnel d’accueil de la petite enfance, dont les effectifs manquent déjà à l’heure actuelle.