Deux élèves de 6e secondaire d’une école schaerbeekoise n’ont pas pu participer à leur proclamation, car elles portaient le voile. L’échevin de l’Enseignement défend la direction, qui «n’a fait qu’appliquer» le ROI. Dans la majorité, tout le monde n’est pas d’accord avec cette décision.
La cérémonie de fin d’études du lycée Emile Max, à Schaerbeek, suscite la polémique. Jeudi dernier, deux élèves portant le voile n’ont pas pu monter sur scène pour recevoir leur diplôme. En cause, selon la commune, l’application du règlement d’ordre intérieur de l’école qui interdit les signes convictionnels durant les temps scolaires.
Le refus de la direction de remettre leur diplôme aux deux jeunes filles durant la cérémonie, organisée dans la Maison communale, si elles gardaient leur voile a créé l’émoi. Les images filmées par un témoin montrent une grande partie de l’assistance qui applaudit chaleureusement les deux élèves contraintes de rester dans le fond de la salle.
L’une d’elles, Hamile, décrit l’humiliation qu’elle dit avoir ressenti. « Pour la première fois de ma vie, j’ai ressenti l’humiliation du ‘je ne suis pas comme vous’, je dois me tenir dans le fond de la salle le jour de ma proclamation », a-t-elle expliqué, interrogée par la RTBF.
En accord avec le ROI
Selon l’échevin de l’enseignement, Thomas Eraly (Ecolo-Groen), présent à la cérémonie, la direction de cet établissement communal a appliqué le règlement. « La direction de l’établissement n’a fait qu’appliquer le règlement d’ordre intérieur voté par le conseil communal. Celui-ci prévoit que le port de signes convictionnels est prohibé durant les temps scolaires. Cela vaut dans l’enceinte scolaire et lors des sorties scolaires. La proclamation des élèves de 6e secondaire fait partie des temps scolaires, et donc les élèves ne pouvaient porter de signe convictionnel le jour de la proclamation. Deux élèves ont refusé de se soumettre au règlement. C’est leur droit. Elles ont été invitées à rejoindre le public. Ce qu’elles ont fait dans le calme. Et malgré le choc qu’elles ont subi, elles ont d’ailleurs salué les proclamations de leurs camarades de classe », a-t-il expliqué, tout en déplorant « que des personnes soient exclues d’un moment aussi important, symbolique et fondamental de leur vie scolaire ».
« Nous avons convenu avec l’inspection pédagogique de l’enseignement communal schaerbeekois de travailler avec les directions pour que cela ne se reproduise plus« , a-t-il ajouté.
«Un faute»
Dans la nouvelle majorité schaerbeekoise, l’analyse de l’incident ne fait pas l’unanimité. Le PS schaerbeekois s’est dit profondément choqué et estime que le règlement ne devait pas s’appliquer. « Se retrancher derrière un règlement d’ordre intérieur pour justifier un tel traitement revient à valider une interprétation zélée et stigmatisante des règles. Ce qui s’est passé est une faute », a-t-il dénoncé dans un communiqué. Les socialistes réclament des excuses de l’école et de la commune.