Dès ce 1er septembre, le prix du stationnement augmente drastiquement à Bruxelles-Ville. Pour deux heures en zone rouge, l’automobiliste devra débourser 9,20 euros. Un tarif similaire à celui appliqué dans la majorité des communes de la capitale, à quelques exceptions près.
Du simple au double. A partir du 1er septembre, de nouveaux tarifs de stationnement entrent en vigueur à Bruxelles. Et l’addition est particulièrement salée. En zone verte (résidentielle), les deux heures de parking passent de trois à 5,50 euros. En zone rouge (zones commerciales), l’augmentation est encore plus importante, grimpant de cinq à 9,20 euros.
Une hausse approuvée en juin dernier par le conseil communal de la Ville de Bruxelles, qui s’inscrit dans une politique de mobilité «cohérente et équilibrée», justifie l’échevine de la Mobilité Anaïs Maes (Vooruit). «L’intention était d’aligner nos tarifs à ceux de parking.brussels, donc aux tarifs régionaux, insiste sa porte-parole. Beaucoup soulignent que les prix ont doublé, mais cela montre surtout que nos tarifs étaient jusqu’alors bien plus bas que la moyenne. En réalité, nous n’augmentons pas drastiquement nos tarifs, on les adapte à la réalité régionale.»
En effet, les tarifs pratiqués dans la majorité des communes bruxelloises sont similaires. Concrètement, les pouvoirs locaux sont libres de gérer eux-mêmes la gestion et le contrôle du stationnement sur leur territoire ou de les déléguer à parking.brussels. Cette agence régionale publique, dont la Région de Bruxelles-Capitale est l’actionnaire unique, a été créée en 2014. Depuis, douze communes sur 19 ont décidé de s’y affilier, les dernières en date étant Watermael-Boitsfort (1er avril 2023) et Saint-Gilles (1er janvier 2024). La politique tarifaire de stationnement y est donc universalisée, à l’exception de la carte riverain (lire plus bas). Pour deux heures en zone verte, l’automobiliste devra s’acquitter de 5,50 euros, qu’il se gare à Anderlecht ou Forest.
Une indexation légitime?
Dans ces douze communes, les tarifs ont été indexés le 5 mai 2025. Le gouvernement bruxellois a en effet décidé de les faire évoluer avec l’inflation, conformément à une ordonnance de 2022 qui permet de revoir ces tarifs tous les trois ans selon l’indice des prix à la consommation. «Il s’agit donc bien d’une indexation et pas d’une augmentation pure et simple, insiste Pierre Vassart, porte-parole de parking.brussels. Elle répond à l’augmentation drastique des frais du personnel communal après la pandémie de Covid-19 et le début de la guerre en Ukraine, qui ont engendré une forte indexation des salaires. Face à ces dépenses supplémentaires, ne pas indexer les tarifs de stationnement aurait entraîné une véritable perte d’argent pour les communes.»
En effet, les recettes liées aux redevances sont cruciales pour les communes. Les pouvoirs locaux perçoivent ainsi 85% des revenus nets issus du parking et des redevances, contre 15% pour parking.brussels. «A l’époque, cette répartition a été définie selon la proportion de voiries communales (85%) et régionales (15%) que compte la capitale», précise Pierre Vassart. En 2024, ces redevances ont permis de rapporter un total de 42,3 millions d’euros aux douze communes affiliées. Un chiffre qui tend à augmenter, notamment en raison de la généralisation des scan-cars, particulièrement efficaces pour repérer les automobilistes en infraction.
Malgré des politiques différentes, les tarifs de stationnement appliqués dans les sept communes non affiliées à parking.brussels sont à peu près similaires à ceux en vigueur ailleurs. A Uccle, les automobilistes doivent eux aussi s’acquitter de 5,50 euros pour deux heures, tant en zone verte qu’en zone orange (centres commerciaux secondaires). A Woluwe-Saint-Lambert, les prix sont légèrement plus bas et sont fixés à 5,30 euros en zones verte et orange et 8,80 euros en zone grise (zone de transition). Seules les communes d’Etterbeek et Woluwe-Saint-Pierre font moins cher. Dans la première, le stationnement en zone verte est gratuit pour les locaux et fixé à 4,40 euros les deux heures pour les non-résidents. Dans la seconde, il s’élève à trois euros les deux heures, tant en zone verte qu’en zone orange. A noter que la commune d’Auderghem (comme celle de Watermael, gérée par parking.brussels), ne dispose d’aucun horodateur sur son territoire. Le stationnement y est gratuit, ou régi par la carte riverain ou le disque dans ses nombreuses zones bleues.
Un «coup fatal» pour le commerce?
La Ville de Bruxelles, qui ne collabore pas avec parking.brussels, a elle profité de l’indexation généralisée en mai 2025 pour mettre à jour ses propres tarifs. Une augmentation décriée par la Fédération patronale interprofessionnelle SDI, qui craint qu’elle ne porte «un coup fatal aux commerçants bruxellois déjà fragilisés». L’organisation regrette une mesure qui semble avoir été conçue «sans tenir compte des réalités de terrain». «Nos membres affrontent déjà la concurrence du commerce en ligne et les loyers qui explosent, regrette Daniel Cauwel, président du SDI. Maintenant, on éloigne aussi leur clientèle. Pour eux, c’est la double peine.» Et d’insister: «Ce n’est pas la voiture que la Ville pénalise, ce sont les coiffeurs, boulangers, libraires et restaurateurs de proximité. Ceux qui font vivre les quartiers et paient des taxes à la ville.»
De son côté, l’échevine de la Mobilité temporise. «Notre objectif n’est pas de décourager l’économie locale, mais de la stimuler, en transformant Bruxelles en une ville plus vivable et plus accueillante, pour ses habitants comme pour ses visiteurs», insiste son cabinet. Anaïs Maes rappelle d’ailleurs que la hausse des tarifs de stationnement s’accompagne de mesures «favorables aux riverains et à la vie de quartier». Ce 1er septembre, le ticket gratuit aux horodateurs passe ainsi de 15 à 20 minutes pour permettre les arrêts de courte durée (courses, commerces de proximité). Le 1er juillet, les horaires du stationnement payant ont également été adaptés, passant de 21 heures à 19 heures dans les zones résidentielles. Enfin, à partir de janvier 2026, le nombre de tickets visiteurs gratuits passera de dix à 20 pour permettre aux riverains d’accueillir leurs proches sans les contraindre à débourser des montants faramineux pour se stationner.
De 5 à 37 euros pour la carte riverain
Si les tarifs aux horodateurs sont fixés par la Région (du moins pour les communes affiliées à parking.brussels), les pouvoirs locaux sont libres de déterminer les prix de leurs diverses cartes de stationnement.
Pour la carte riverain, la Région se contente de définir un prix minimum, actuellement fixé à 15 euros par an pour la première voiture et 127 euros pour la seconde. Certaines communes respectent ces barèmes à la lettre (Anderlecht, Evere, Koekelberg, Uccle…), alors que d’autres ont décidé de viser plus haut. Ainsi, les résidents de Berchem-Sainte-Agathe doivent débourser 37 euros pour leur premier véhicule, et 140 pour leur second.
Seule la commune de Saint-Josse ne respecte pas les barèmes imposés par la Région. Dans la plus petite commune de la capitale, la première carte riverain ne coûte que cinq euros, alors que la seconde est fixée à 120 euros.
