Les partis de l’Arizona, et certainement le MR, avaient pris l’engagement de ne pas introduire de nouvelles taxes sous cette législature. La réalité est un petit peu différente. © BELGA

Pas de nouvelles taxes avec le MR, vraiment? «Il existe déjà au moins 20 “impôts arizoniens”»

Sylvain Anciaux

L’accord du gouvernement Arizona sur la taxe sur les plus-values devrait marquer une accélération dans la politique fiscale fédérale. Sans une taxe de plus? Cette promesse de campagne libérale a du plomb dans l’aile, et cette aile pourrait encore s’alourdir.

«Pas une taxe de plus»: telle était la promesse scandée par Georges-Louis Bouchez à ses électeurs, aussi bien avant qu’après l’avènement du gouvernement Arizona. Pas une, sauf la taxe sur les plus-values entérinée lundi au petit matin à l’issue d’un kern dont les libéraux sont sortis exaspérés. «Ahurissant de voir des politiques se réjouir d’un nouvel impôt dans le pays le plus taxé du monde», commentait le Montois. «Ca nous arrache le cœur d’instaurer cette nouvelle taxe», complétait celui qui négociait au nom du MR au sein du kern, David Clarinval, vice-premier ministre en charge de l’Emploi.

C’était sans compter le rappel à l’ordre d’une ancienne de la maison MR, Alexia Bertrand (Open-VLD). «Si seulement c’était vrai… Mais l’impôt sur les plus-values ​​n’est pas le seul. Il existe désormais au moins 20 « impôts arizoniens » (…). Il est étonnant de voir à quel point certains politiciens sont fiers d’une nouvelle taxe dans un pays qui est déjà l’un des plus lourdement taxés au monde.» Et la Bruxelloise d’établir une liste longue d’une vingtaine de points comme la taxe «exit», la taxe sur les motos électriques ou celle sur le divorce.

«Ce ne sont aucunement des nouvelles taxes, mais des ajustements ou corrections de taxes existantes, répond Benoît Piedboeuf, chef du groupe MR à la Chambre. La seule qui était prévue était celle sur les plus-values, nous l’avons encadrée et un grand plan de réformes fiscales arrivera avant le 21 juillet

Des députés MR favorables à plus de taxes

Jusque-là, l’opposition fait son travail d’opposition en critiquant le travail du gouvernement, et la majorité fait son travail de majorité en le défendant. Sauf que des inquiétudes viennent de l’intérieur même du parti libéral. «Dans le climat actuel, ça a du sens de faire contribuer les épaules les plus larges face aux défis de notre société, glisse un député MR. La crainte des libéraux est que cette taxation sur les plus-values augmente. Pour ma part, je pense qu’il faudrait se poser la question dans quatre ans d’un rehaussement de la taxe sur les plus-values à 15%.»

«La taxe sur les plus-values nous embête, mais c’est moins une taxe sur le travail qu’une taxe sur le capital, juge pour sa part le député libéral Mathieu Michel. C’est une position purement personnelle, mais j’aurais préféré une taxe sur les comptes titres.» Ce dernier note cependant la nécessité de voir la politique fiscale de l’Arizona dans son ensemble et rejoint Benoît Piedboeuf dans son analyse plus globale des mesures à venir. «La taxe sur la plus-value était aussi le prix à payer pour baisser les autres taxes, un peu à l’image du taxshift. Pour diminuer les taxes sur le travail, il faut en augmenter ailleurs.»

«Il est hors de question d’augmenter la taxe sur les plus-value, martèle pour sa part Georges-Louis Bouchez. On va même essayer de la supprimer à terme, si nous nous retrouvons dans une autre configuration politique qu’actuellement, sans Vooruit.» Le président du MR estime par ailleurs qu’il pourrait s’agir d’un bon argument de campagne lorsqu’il présentera des listes en Flandre. «Sur la taxe sur les comptes titres, il est également impensable de remettre le sujet sur la table, car l’augmenter pourrait accroître le risque de rendements négatifs. Cela veut dire que des gens devraient vendre leurs actions pour payer leurs taxes.»

«Une attaque directe contre le troisième pilier de pension»

Que cette vingtaine de taxes supplémentaires (toutes ne sont pas encore en application, certaines sont dans leur processus législatif) arrive si tôt dans la législature n’est pas anodin. De l’aveu d’un expérimenté de la politique libérale, il est électoralement plus malin de faire passer les mesures qui font mal six mois après une élection que six mois avant. Mais certaines mesures pourraient largement déplaire, toutes tendances politiques confondues. «La fin de la déductibilité fiscale des intérêts sur les prêts pour un logement secondaire constitue une attaque directe contre le troisième pilier de pensions (NDLR: l’épargne que l’on constitue soi-même pour sa pension). Pour ceux qui n’ont pas de capital élevé, c’était la seule façon d’économiser via un emprunt qui permettait d’acheter un bien immobilier pour le louer.» Cette mesure, initialement portée par la N-VA qui estime que cette déduction fiscale a trait au logement et relève donc de la compétence régionale, est en vigueur depuis janvier 2025.

«La compensation de cette suppression arrivera, assure Benoît Piedboeuf, qui dit attendre les détails avec impatience. Il est évident que, par exemple, la taxation des plus-values doit entraîner une réduction de l’impôt sur le travail et/ou une augmentation des déductibilités en rapport avec le travail.» Rendez-vous le 21 juillet au plus tard, pour vérifier la véracité de cette nouvelle promesse.

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