Jacqueline Galant est accusée par le PS et Ecolo d’avoir menti au parlement de Wallonie. © BELGA

Jacqueline Galant accusée d’avoir menti au parlement de Wallonie: «C’est une faute politique grave»

Sylvain Anciaux

Le PS et Ecolo accusent Jacqueline Galant d’avoir menti sciemment en sous-estimant le volume des loyers dans le budget 2025. La ministre réfute totalement avoir menti et justifie par une mauvaise synchronisation et les services administratifs.

Jacqueline Galant a-t-elle (encore) menti devant un parlement? En tout cas, l’opposition PS et Ecolo dans l’hémicycle wallon l’accusent de l’avoir fait au lieu d’assumer le fait d’avoir sous-estimé le budget nécessaire à l’acquittement des loyers des bâtiments de la Région wallonne.

Tout commence le 4 décembre, alors que le gouvernement wallon plonge la tête dans les chiffres afin d’élaborer son budget 2025. Au parlement, Jacqueline Galant (MR), ministre de la Fonction publique, indique que 21,2 millions sont nécessaires pour régler les loyers des différents bâtiments administratifs régionaux, soit le même budget qu’en 2024. Sauf que, le 11 juin, elle demande un ajustement budgétaire de 8,9 millions. «Loin de moi l’envie de rejeter la faute sur quelqu’un, mais l’administration a reconnu cette erreur de neuf millions d’euros, justifie alors la libérale. C’est l’administration qui nous présente ses estimations; elle avait manifestement omis de tenir compte de l’entrée en vigueur de certaines locations. (…) A l’initial 2025, nous n’avions pas rejeté une proposition de l’administration ou imposé une économie.»

42% oubliés dans le budget des loyers: Galant accuse l’administration

Une erreur de 42% du montant dans le budget? L’administration aurait-elle perdu ses comptes? Les députés de l’opposition n’en croient pas un mot et demandent à consulter les estimations soumises par l’administration à la ministre afin que cette dernière élabore son budget. «La ministre refuse tout d’abord la transmission de ces documents, puis tergiverse, répète que la demande initiale de l’administration était incomplète, ajoute qu’elle devait être réactualisée à l’ajustement, prétend devoir vérifier si les documents de l’administration réclamés par les parlementaires sont formalisés pour pouvoir être transmis, mais finit par s’engager à transmettre tous les  documents sollicités», relatent le PS et Ecolo dans une note commune. Rien ne leur sera finalement envoyé.

C’était sans compter sur l’expérience et la filouterie des députés des deux partis qui ont saisi la Cour des comptes afin que cette dernière leur fournisse le bon de commande émis par l’administration. Bingo! «L’administration a bel et bien demandé à l’initial 2025 un budget de 27,959 millions d’euros pour les loyers, soit 6,7 millions d’euros de plus que ce que la ministre a inscrit à l’initial.»

Vers une démission?

Pourquoi donc avoir soumis un budget plus bas que celui estimé par l’administration? Le cabinet Galant n’a pas donné suite à cette question. «Alors qu’elle aurait pu justifier un tel écart, Jacqueline Galant est partie dans un récit alternatif, juge Stéphane Hazée, chef de groupe Ecolo. Qui plus est, cela s’inscrit dans un contexte où le gouvernement délégitime sans cesse les services et administrations publiques.» Côté socialiste, on estime que les libéraux ont «maquillé la mariée», illustre Christie Morreale. «C’est de l’interprétation, mais on peut supposer que ça sert son narratif sur l’incompétence de l’administration. Et puis, ça fait mauvais genre d’augmenter les dépenses pour les bâtiments publics de la part d’un gouvernement qui cherche à tout prix à les réduire.»

Théoriquement, mentir au parlement est un motif suffisamment grave pour démissionner. Ce que ne demande pas encore l’opposition. «C’est une faute politique grave, juge Stéphane Hazée. Le gouvernement wallon sait-il encore fonctionner en soupçonnant la responsable de l’administration publique de rejeter ses propres erreurs sur ses services?»

Jacqueline Galant s’explique

«Lors des travaux préparatoires du budget initial 2025, le Gouvernement décide de maintenir le montant prévu à l’initial 2024 et de fixer une clause de rendez-vous à l’ajustement budgétaire 2025», recadre le cabinet de la ministre libérale. Lors de l’ajustement venu, le 7 février 2025, l’administration demande (toujours) 27 millions d’euros (plus un pour les frais administratifs et précomptes immobiliers). «le 12 mars 2025, le Cabinet de la Ministre détecte une sous-estimation dans ce montant qui, manifestement, n’a pas été actualisé. Dès lors, le cabinet demande une actualisation de celui-ci. L’administration reconnait cette inexactitude et revoit sa demande à la hausse pour les loyers à hauteur de 2.049.089,48 euros.»

Concernant l’accusation de rejeter la faute sur ses services, la ministre réfute avoir rejeté la faute sur l’administration wallonne, mais confirme qu’il «y avait bel et bien une inexactitude dans l’écriture budgétaire formulée par l’administration». Rendez-vous en plénière, le 9 juillet, pour plus d’explications.

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