Jacqueline Galant a défendu son projet de réforme des médias de proximité au parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Le cas de Notélé risque de refaire parler de lui.
© Valentin Bianchi / Hans Lucas via AFP

Existe-t-il un deal secret pour sauver Notélé? Le casse-tête de la fusion des télés de proximité dans le Hainaut

Sylvain Anciaux

La réforme des médias de proximité promet un certain casse-tête politique d’ici sa mise en pratique, en 2031. Y compris au sein de la majorité MR-Engagés.

Jacqueline Galant (MR), ministre des Médias, défendait ce mardi au parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles son projet de réforme (de fusion, diront certains) des médias de proximité validé en première lecture par le gouvernement la semaine dernière. Pour rappel, l’axe MR-Engagés au pouvoir souhaite, d’ici 2031, ne plus reconnaître que huit zones géographiques nécessitant une couverture médiatique par un média public, au nombre de douze actuellement. Ces médias sont financés par une subvention de la Fédération Wallonie-Bruxelles, des aides à l’emploi de la Région wallonne, des dotations communales, les câblodistributeurs et les publicitaires. Le deal de base consistait à ne reconnaître qu’un seul média par province, à l’exception de celles du Hainaut et de Liège, plus densément peuplées, qui en auraient deux (contre quatre actuellement en Hainaut, mais déjà deux en province de Liège).

C’est dans le Hainaut que tout se complique. Il faudra choisir entre entre Télé MB, Télésambre, Antenne TV Centre et Notélé. Et cette décision inquiète bien au-delà des rédactions, puisque même les bourgmestres de Wallonie Picarde, toutes tendances confondues, se sont unis pour demander à la ministre Galant de faire en sorte de préserver Notélé au moment de la sélection. La semaine dernière, au conseil houleux du MR dont Le Vif s’est procuré un enregistrement, la présidente de la conférence des bourgmestres de Wallonie Picarde, Marie-Christine Marghem, a fait les frais de cette prise de position. «Vous savez depuis le premier jour que Notélé va être préservée, lui assénait son président Georges-Louis Bouchez. On s’est tapé toutes les motions dans tous les conseils communaux, même où on est en majorité absolue pour nous expliquer que la ministre devait revoir sa réforme.»

Une notule pour Notélé

«Depuis le premier jour»? Alors que la sélection entre les médias qui demeureront et ceux qui seront assimilés se fera à l’échéance de leur convention de reconnaissance par la FWB, qui s’achève en 2031? Certains disent que cela s’explique par l’avant-gardisme de la télé locale pour les formats Web, sur les réseaux sociaux, et par sa rentabilité. Notélé pourrait dès lors difficilement être assimilée par ses voisines, Télé MB ou TV Centre. Au Vif, un autre vent favorable rapporte que cette motion a fait naître une notule (un accord politique secret) entre le MR et Les Engagés, mais surtout obtenue par Les Engagés, pour garder Notélé en vie quoiqu’il arrive. «Il doit y avoir deux médias de proximité dans le Hainaut, répond le cabinet Galant. Ça peut être des rapprochements 2-2 ou 3-1. Mais il n’y a aucun deal qui immuniserait un média de proximité de toute réforme. Ce sont des ASBL de droit privé, elles se réorganisent comme elles l’entendent

Rien n’indique donc que Notélé assimilera Télé MB ou TV Centre. La fusion des trois autres télés locales du Hainaut (Télé MB, TV Centre et Télésambre) devient dès lors un scénario possible, mais insensé, commentent certains observateurs régionaux. Parce que l’actualité de Fleurus (actuellement couverte par Télésambre) ne concerne pas les habitants de Saint-Ghislain (couverte par Télé MB) à 60 kilomètres de là. Parce que le conseil communal de Chimay (analysé finement par les journalistes de Télésambre) ne trouvera aucune grâce aux yeux du public de Braine-le-Comte (soigneusement informé par Antenne TV Centre) situé près de 85 kilomètres plus au nord dans le pays. «Et au final, plus on étend notre zone de diffusion, moins on se différencie de la RTBF-Hainaut», commente un travailleur d’une de ces télés locales.

4 euros contre 1,81 euro

Se poserait également la question (éminemment politique) du financement, puisque les communes qui financent Notélé (dont les libérales de Tournai, Enghien, ou Comines) ont récemment unanimement décidé de maintenir les montants (et même de les indexer), ce qui représente un coût par habitant légèrement supérieur à quatre euros. En mars 2024, alors qu’elle était bourgmestre de Jurbise, Jacqueline Galant refusait que sa commune augmente la dotation à «sa» télé locale en grandes difficultés financières, Télé MB, à hauteur de 2,81 euros par habitant (la dotation revenait à 1,81 euro par commune à l’époque). En cas de fusion, très hypothétique pour l’heure, de Notélé à Télé MB, comment expliquer et solutionner cet écart de financement entre les communes pour un même média ?

La réponse se trouvera peut-être dans une disposition ajoutée cet été à la réforme de la ministre Galant. Celle-ci implique que chaque entité restructurée pourra bénéficier d’un montant de 1,2 million d’euros pour matérialiser cette intégration. «Si l’entité souhaite utiliser ce montant pour créer une antenne décentralisée sur une partie de la zone géographique qu’elle couvre, elle le pourra», informe le cabinet de la libérale.

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