Après près d’un mois de conclave, le gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles s’est accordé sur l’ajustement de son budget 2025, lequel sera finalement moins douloureux que ce qu’avait laissé entrevoir, le mois dernier, la ministre-présidente, Elisabeth Degryse.
« Nous n’avons pas agi dans la précipitation, mais avec ordre et méthode », a commenté Elisabeth Degryse (Engagés), lundi, lors de la présentation des résultats du conclave, devant la commission Budget du Parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Le mois dernier, la ministre-présidente avait adopté un ton particulièrement alarmiste après la découverte d’un dérapage du déficit de l’ordre de 336 millions d’euros par rapport au budget initial. Elle avait alors annoncé la rigueur: « Aucun secteur ne pourra être immunisé », avait-elle averti.
Un mois plus tard, le résultat est toutefois bien moins douloureux qu’attendu. Le gouvernement bleu azur ne prévoit en effet que 25 millions d’euros d’économies supplémentaires par rapport à l’initial. Celles-ci se matérialiseront notamment par une réduction du budget de l’Office de la naissance et de l’enfance (ONE) à hauteur de 3,5 millions d’euros, un gel des frais de fonctionnement des écoles du réseau WBE (4,9 millions), ou encore la non-reconduction d’une série de dépenses facultatives (6,4 millions).
La majorité MR-Engagés s’est même engagée à un peu plus de 7,7 millions d’euros de dépenses nouvelles, notamment pour la réorientation des élèves touchés par la réforme de l’enseignement en 7e année du qualifiant, la lutte contre les violences sexuelles sur les campus, le renforcement des directeurs du fondamental ou encore le renfort du numérique dans l’enseignement.
Lors du débat en commission, l’opposition de gauche a dénoncé le « mauvais sketch« , selon les mots du chef de groupe PS, Martin Casier, joué le mois dernier par la ministre-présidente qui avait sonné l’alerte générale budgétaire pour finalement ne pas faire couler de larmes. Pour Amandine Pavet (PTB), cette « dramatisation » n’avait en réalité pour seul but que de « faire avaler aux secteurs déjà sous-financés que finalement, ils ont bien de la chance » d’éviter de lourdes économies.
Un budget 2026 «plus difficile»
Avec les mesures décidées lors de cet ajusté, le déficit de la FWB devrait se limiter à 1,485 milliard d’euros cette année, soit un dérapage limité à 200 millions d’euros par rapport au déficit prévu à l’initial.
Si les économies annoncées pour cette année sont moins douloureuses que redouté, l’élaboration du budget initial 2026 sera, lui, « plus difficile », a toutefois averti Mme Degryse. Le gouvernement a d’ailleurs décidé de s’entourer d’un comité d’experts pour l’éclairer dans ses travaux budgétaires. Tous les acteurs de la FWB recevront par ailleurs un courrier prochainement pour collecter leurs suggestions sur les moyens pour la FWB d’économiser dans ses dépenses. Le débat de fond sur cet ajusté est prévu pour la fin du mois de juin, avant une adoption définitive des tableaux budgétaires et du décret-programme en juillet.
La Fédération Wallonie-Bruxelles est en déficit chronique depuis de nombreuses années déjà. Elle a creusé au fil des ans une dette qui pèse aujourd’hui plus que ses recettes annuelles. La nouvelle majorité MR-Engagés s’est engagée à réduire ce déficit pour le ramener à hauteur de 1,2 milliard d’euros d’ici la fin de la législature, en 2029. Le budget 2025 de la FWB contient quelque 15 milliards de dépenses pour 13,5 milliards de recettes seulement. Près de trois quarts de ces dépenses servent à financer les politiques d’éducation, la compétence phare de la FWB.