Les cambriolages au plus bas en Wallonie: la situation dans votre commune (carte interactive)

Le Vif

En 2021, 34.140 cambriolages dans les habitations étaient recensés par la police fédérale. Un chiffre particulièrement bas, à mettre en perspective avec plus grande présence à la maison. Certaines communes sont plus touchées que d’autres.

Je suis mitigé. Cela va favoriser l’insécurité et les cambriolages. J’espère que les habitants n’auront pas de mauvaise blague en rentrant à leur domicile. » La crainte de Kevin exprimée sur Facebook suite à l’annonce de l’extinction de l’éclairage public dans sa commune la nuit est largement partagée. Journées plus courtes, fin du télétravail, départ en vacances pendant les congés d’hiver: la peur de se faire cambrioler est particulièrement présente durant cette période de l’année. A raison: en 2021, le mois de décembre a connu un pic de cambriolages (4.356 contre 2.159 en mai, par exemple).

Cependant, globalement, les statistiques policières 2021 publiées l’été dernier l’ont confirmé: les cambriolages se font de plus en plus rares. Le nombre d’effractions dans les habitations a fortement diminué en dix ans, passant de 70.045 en 2011 à 34.140 en 2021. La tendance de fond est bien présente. Les chiffres de 2020 et de 2021 sont cependant à mettre en perspective: télétravail, couvre-feu, fermeture des frontières, diminution des déplacements ont fortement joué sur cette diminution. « Depuis l’assouplissement des mesures, il y a clairement une recrudescence des faits de cambriolages », confirme-t-on du côté du SPF Intérieur.

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André Lemaître, criminologue à l’université de Liège, analyse ces données depuis des années. Si les cambriolages sont moins fréquents, c’est, selon lui, notamment lié à une augmentation de la prise de conscience de la population qui protège sans doute mieux son habitation. « Il y a aussi un meilleur accès à des protections de type alarme qui sont parfois même intégrées dans la réflexion de l’architecte. » Autre élément: la chute des prix des biens de consommation. « Un ordinateur, il y a un vingt ans, coûtait bien plus qu’aujourd’hui. Il y a moins de valeur à voler et donc à revendre. »

Dans votre commune

Certaines communes wallonnes restent plus touchées que d’autres par les vols. Nous avons mis en parallèle les statistiques de la police et celles de la population communale pour identifier les communes les plus cambriolées. Résultat: Daverdisse, Montigny-le-Tilleul, Liège, Charleroi et Houffalize sont particulièrement touchées.

En Wallonie, les provinces de Liège et du Hainaut sont celles où la proportion de cambriolages a le plus diminué depuis 2000. Bien qu’elles continuent de comptabiliser le plus d’effractions en 2021 (c'était le cas également en 2019), les deux provinces ont connu une baisse respective de 51,75% et 50,32% des vols en habitation entre 2000 et 2019.

Comment expliquer une telle différence? "Il est compliqué de comprendre pourquoi une commune est plus cambriolée qu'une autre, analyse André Lemaître. Parce que le cambriolage ne peut pas être englobé dans un seul phénomène. Il faut notamment faire la différence entre une bande organisée, qu'elle soit de l’étranger ou belge, qui va faire ses cambriolages dans des communes frontalières, et le cambrioleur opportuniste". Pour les cibles de bandes organisées, on peut par exemple citer Mont-de-l’Enclus, Estaimpuis et Daverdisse, toutes les trois situées à quelques kilomètres de la France et plus foncées sur la carte ci-dessus. "Les cambriolages transfrontaliers rendent le travail des enquêteurs plus compliqué malgré une coopération croissante. Quand une telle bande est mise hors d’état de nuire pendant un certain temps, on peut directement voir un impact statistique sur une région avec des changements de configuration assez rapides", complète André Lemaître.

Pour les opportunistes, on est face à un autre fonctionnement, selon l'expert. "Imaginez par exemple une personne qui laisse sa porte ouverte le temps d'aller faire une course rapide, ou oublie ses clés sur sa serrure. Ce bien devient une aubaine pour un cambrioleur qui passerait par là. C’est comme si on laissait une voiture qui tourne avec les clés dessus. Ça peut aller très vite."

Constantes

Certaines constantes reviennent cependant, selon le criminologue. "Les cambrioleurs vont agir en fonction de trois principaux critères: la facilité d’entrée, l'absence de surveillance (organisée via du gardiennage ou informel via les voisins par exemple) et l’importance du butin. Si on comprend cela, on peut comprendre quelques points-clés de votre carte. Par exemple, les grandes villes sont plus anonymes. Certaines villes avec une situation socio-économique moins favorable ont moins les moyens de se protéger. Les axes de circulation vont avoir de l’importance pour arriver et surtout sortir facilement, c'est le même principe avec les maisons isolées. Une maison qui a été cambriolée a plus de chance de l’être à nouveau dans les semaines et les mois qui arrivent. Pour deux raisons: parce que le bouche à oreille entre cambrioleurs fonctionne et parce que vous avez, en principe, grâce aux assurances, renouvelé les biens qu’on vous a déjà pris. Pour une série de biens de consommation qui ont une valeur de revente, ça peut être intéressant."

Déplacement de la criminalité

Suite au confinement, les voleurs se sont adaptés. Et ont saisi d'autres opportunités. Le vol informatique et le vol par ruse ont particulièrement augmenté ces dernières années. "Les gens qui se font passer pour des employés du gaz, de l'électricité, c'est une technique connue. Mais on a aussi vu des gens passer sous un prétexte de vaccination, ou soit-disant envoyés par la commune pour voir comment vous alliez. Ils vont vite et peuvent partir avec des bijoux, de l'argent. Certaines victimes étaient contents d’avoir une interaction sociale. La fraude informatique a augmenté également", analyse André Lemaître.

Les chiffres du SFP Intérieur le confirment. En 2021, 4290 personnes ont été victimes de vol par ruse et en ont fait une déclaration à la police, soit une augmentation d'environ 5% par rapport à 2020. "Ce chiffre serait cependant plus élevé, analyse le SPF. En effet, les victimes sont souvent âgées et vivent seules. Elles n’osent pas porter plainte à cause d’un sentiment de honte par rapport à la famille et de peur qu’on leur retire leur autonomie." D’après un sondage réalisé en novembre 2022 auprès des conseillers en prévention vol au niveau national, environ 30 % des 70 personnes interrogées ont déclaré avoir observé une augmentation du nombre de vols par ruse au niveau local. Les auteurs jouent régulièrement sur la crise énergétique et l'inflation en général.

Quelques conseils

- Ne pas afficher sa vie sur les réseaux sociaux. C'est une mine de renseignements sur vous, sur ce que vous faites, sur la disposition de votre maison, de ses points d’entrées, de quand vous partez vacances... En s’affichant, on permet de devenir une cible potentielle intéressante.

- Ranger son extérieur. Évitez tout ce qui peut aider le cambrioleur à entrer chez vous: des outils, des meubles de jardin, une échelle qui reste traîner et qui permet au cambrioleur d'accéder à l'étage... Des haies bien entretenues permettent par ailleurs à vos voisins de mieux voir si quelqu'un entre chez vous.

- Casser ses routines. Moins vous serez prévisible dans les routines, moins celui qui les observe pourra les utiliser contre vous. Si elles sont altérées, cela peut jouer.

- Donner l’apparence d’occupation à son logement. Si vous partez pendant plusieurs semaines, faites-en sorte qu'il n'y ait pas de débordement de courrier. Arrangez-vous pour qu’un voisin passe, qu’une lampe s’allume de temps et temps.

- Avoir une bonne serrure. Tout ce qu’on met comme embûche potentielle sur le parcours du cambrioleur va jouer. A commencer par une bonne serrure: si le cambrioleur n’arrive pas à rentrer chez vous rapidement, il ira ailleurs.

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