La fusion des zones de police de Bruxelles sera sur la table du kern de ce jeudi. Les bourgmestres de la capitale ont longuement manifesté leur scepticisme face à une telle réforme. Après moultes rencontres avec le ministres Quintin, ils restent perplexes… mais pragmatiques.
Le grand accord estival que les conseil des ministres restreint (kern) cherchera à conclure ce jeudi portera des mesures phares de l’Arizona, moins techniques que celles de l’accord de Pâques, mais plus précises que l’accord de gouvernement signé en février. La fusion des zones de police, portée par le ministre de l’Intérieur Bernard Quintin (MR) en est un bel exemple. Simple à comprendre, tout le monde sait à quoi s’attendre en surface, mais ses profondeurs réservent toujours quelques questions.
A Bruxelles, où les six zones figureront parmi les premières à fusionner, les 7.770 policiers (dont 6.400 opérationnels) passeront donc sous commandement unique d’un seul chef de corps (dont la désignation n’a pas encore été abordée). La politique de sécurité des 19 communes de la capitale sera définie au collège de police, rassemblant tous les bourgmestres bruxellois, le Haut-Fonctionnaire et le chef de corps. C’est là que la répartition des policiers sur le territoire bruxellois sera débattue.
Des libéraux et des Engagés dubitatifs
C’est aussi dans ce cénacle que se cristalliseront de nombreuses oppositions à une réforme qu’ils subissent plus qu’ils n’envient. A maintes reprises, les bourgmestres de tous bords politiques ont manifesté leur opposition à cette réforme jusqu’à faire trembler les états-majors de leur parti. Vincent De Wolf (MR), bourgmestre d’Etterbeek, en faisait partie bien qu’il ait quelque peu revu sa position. «Je reste opposé à cette réforme, il n’y a aucun avantage à la fusion des zones de police qui dit vouloir lutter contre la criminalité organisée. Ceci relève pourtant principalement de la police fédérale, si ça tire à la kalashnikov dans nos rues, fusionner les zones de police n’est pas la solution.»
«S’il y a un accord politique, alors je ferai en sorte qu’on en tire le meilleur.»
Quand bien même, celui qui était déjà bourgmestre lorsque la police et la gendarmerie belge ont fusionné, se dit pragmatique et légaliste. «S’il y a un accord politique, alors je ferai en sorte qu’on en tire le meilleur.» Surtout, Vincent De Wolf place en Bernard Quintin, le ministre de l’Intérieur, une confiance nouvelle, mais affirmée. Après avoir rendu visite à chaque maïeur dans sa localité en hiver, l’Ixellois a reçu l’Etterbeekois et les 18 autres bourgmestres au printemps pour recevoir leurs doléances sur une fusion que se ferait coûte que coûte. «Je n’en suis pas sorti convaincu du tout, contraste cependant Christian Lamouline (Les Engagés), bourgmestre de Berchem-Sainte-Agathe. On va perdre en ancrage local puisque mes habitants vont passer d’un agent pour 700 à un agent pour 2.000, on ne va pas résoudre les soucis de sécurité, et cela va engendrer un surcoût pour les Berchemois.»
Réforme de la norme KUL: une promesse pas si simple à tenir
Face à la fatalité, les bourgmestres ont donc fait preuve de négociation. Pour rassurer les élus locaux, le ministre a dû garantir un mécanisme de bonne gouvernance qui permet aux communes isolées (démographiquement et politiquement) de ne pas être les grandes perdantes du futur collège de police. «L’autre garantie que l’on a obtenue, c’est la réforme de la norme KUL», se félicite Christian Lamouline. Fixée à la fin des années 1990, celle-ci définit le financement des zones de police par le fédéral en fonction d’une série de critères complètement désuets aujourd’hui. A bonne source, Le Vif apprend que le processus de fusion des zones de police a été plus vite que la refonte de la norme KUL, au sujet de laquelle un accord a été trouvé ce mardi sur les critères de financement. «Cela nous a été présenté ce matin en conférence des bourgmestres bruxellois, confirme Fabrice Cumps (PS), bourgmestre d’Anderlecht. Mais cela reste très théorique, les critères ne sont pas clairs et donc on ne sait pas avec quels montants précis nous devrons composer.»
C’est le revers de la médaille, donc. Si la fusion des zones de police semble gravée dans la roche, la réforme de la norme KUL, elle, reste trouble. Ce n’est pas totalement illogique, étant donné que ce nouveau calcul du financement de la police ne fait pas l’objet d’une ligne claire dans l’accord de majorité. Néanmoins, c’est une promesse faite par le ministre Quintin aux bourgmestres bruxellois et ne pas la tenir ferait mauvais genre. Le kern se tient ce jeudi matin, il est encore temps de finaliser le projet et de le soumettre au Parlement pour la dernière plénière de l’année. C’est la voie à suivre pour que la réforme de police devienne effective à l’horizon 2027, soit l’ambition de l’Arizona.