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Pacte sur les migrations : la majorité veut entendre quatre experts

La commission des Affaires étrangères de la Chambre a décidé mercredi d’entendre des juristes dans le dossier du Pacte des migrations des Nations unies avant de se prononcer sur des propositions de résolution de l’opposition.

La Chambre se prononcera sur ces textes jeudi prochain en séance plénière. D’ici là, le gouvernement devra, en principe, trouver une solution pour éviter que la majorité ne se brise.

Le cdH, rejoint par DéFI, et les écologistes ont déposé des propositions de résolution demandant que la Belgique approuve sans réserve le Pacte dont la signature est attendue le 10 décembre au cours d’une conférence internationale à Marrakech. La majorité est divisée sur la question. Le MR, l’Open Vld et le CD&V veulent que la Belgique approuve le Pacte comme le Premier ministre, Charles Michel, s’y est engagé le 27 septembre à la tribune de l’ONU. La N-VA se déclare jusqu’à présent opposée à ce texte pourtant non contraignant. Elle redoute ses effets dans l’ordre juridique belge.

La majorité a donc proposé d’organiser des auditions pour éclairer le parlement sur les questions qui se posent. Elles auront lieu rapidement, au plus tard mardi matin, afin que la commission puisse se prononcer sur les textes dans l’après-midi avant un débat en séance plénière jeudi. L’opposition a vu dans ces auditions une manoeuvre destinée à gagner du temps. « Il existe une majorité démocratique claire pour voter ce texte », a fait remarquer le chef de groupe Ecolo, Georges Gilkinet. « C’est un désaveu pour le Premier ministre. Demander des auditions, c’est laisser entendre qu’il ne s’est pas exprimé en connaissance de cause aux Nations Unies », a souligné de son côté Olivier Maingain (DéFI). Pour le PS également, les choses sont claires: si la N-VA ne veut pas signer, le parlement doit prendre le relais. « Depuis quatre semaines, Theo Francken se paie, goguenard, la tête du Premier ministre », a lancé Julie Fernandez-Fernandez.

Aux yeux du cdH, ce n’est rien de moins que la tradition diplomatique belge du multilatéralisme qui est en jeu à l’heure où celui-ci est remis en cause. « Ne pas ratifier ce pacte, ce serait un coup très dur porté aux Nations unies », a averti Georges Dallemagne.

Dans la majorité, les partisans du Pacte n’ont pas changé d’avis. « Nous maintenons notre point de vue et nous ne déshabillons pas le Premier ministre », s’est exclamé Richard Miller (MR) dans un échange très vif avec Mme Fernandez.

Ces auditions auront une portée didactique, ont laissé entendre le CD&V et l’Open Vld. « Nous entendons dans l’opinion publique beaucoup de questions. C’est le travail du parlement de l’éclairer », a dit Patrick Dewael (Open Vld) tandis que son collègue Servais Verherstraeten (CD&V) invoquait l’importance de répondre aux « semeurs de haine » sur les réseaux sociaux.

La N-VA ne s’est guère exprimée dans le débat. Avant d’être classée dans les opposants (ou les partisans) du Pacte, elle attend les auditions, a expliqué le chef de groupe, Peter De Roover.

Adversaire résolu du Pacte, le Vlaams Belang a fait entendre sa voix, saluant la décision prise mercredi par le gouvernement italien de ne pas approuver le Pacte. Il voit dans ce dossier qui agite d’autres pays l’émergence d’une « nouvelle Europe ».

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