Sophie Wilmès et Jan Jambon © Belga

« On ne retournera plus à la normale cette année »

Tex Van berlaer
Tex Van berlaer Collaborateur Knack.be

Le Conseil de sécurité a prolongé les mesures de confinement actuelles. Le retour à la normalité n’est pas encore imminent. « Un vaccin pour l’été 2021 ? Ce serait un exploit », déclare Johan Neyts (KU Leuven).

La Première ministre Sophie Wilmès (MR) ne veut pas parler d’assouplissement des mesures de distanciation sociale, mais rouvre les jardineries et les magasins de bricolage. Comment interpréter cette dynamique ?

Johan Neyts : Il s’agira d’un processus d’accélération et de ralentissement, où l’on assouplira un peu les mesures avant de voir si le virus reprend. Si la courbe reprend, nous devrons à nouveau durcir les mesures.

Selon la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, nous devrions éviter les contacts avec les personnes âgées jusqu’à la fin de cette année. Est-ce faisable ?

(hésite) Cela me semble très difficile. Psychologiquement, il est presque impossible d’isoler les gens aussi longtemps.

Avons-nous réellement une idée de la date à laquelle nous pourrons revenir à la normalité pré-pandémie ?

Il est très difficile de prédire l’avenir. Beaucoup dépend du comportement des gens. Rappelez-vous que la courbe ne détermine pas notre comportement, mais que c’est notre comportement qui détermine la courbe. Mais partez du principe qu’on ne retournera pas à la normale cette année. Nous pensons que le virus continuera à circuler jusqu’à ce que 70 ou 80 % de la population soit immunisée – ou jusqu’à ce qu’il y ait un vaccin.

Que savons-nous réellement du virus à l’heure actuelle ?

En janvier, le monde a été pris par surprise. Nous avons eu la chance d’avoir une avance de deux petits mois sur les Chinois. Nous avons consacré ce temps à découvrir progressivement le virus. Mais nous n’y sommes pas encore. Il nous faudra encore des années pour comprendre le virus.

Votre institut travaille sur un vaccin, mais c’est une course contre la montre. Vos recherches n’ont-elles pas besoin de temps justement?

En effet, certains problèmes ne peuvent être résolus qu’avec le temps. Par exemple : quel type de vaccin sera le plus efficace ? Et devrions-nous continuer à vacciner ? Mon équipe travaille jour et nuit.

Et puis la question à un million : quand pouvons-nous espérer un vaccin ?

Le directeur de l’OMS déclare qu’il y aurait un vaccin d’ici l’été 2021. Ce serait un exploit. Mais attention, il n’y aura pas des milliards de doses d’ici le milieu de l’année prochaine. Même si nous devions vacciner la moitié de la population mondiale, nous aurions besoin d’environ 4 milliards de vaccins. Et nous ne savons même pas s’il ne faut pas deux injections. Je recommande que les vaccins aillent en priorité aux personnes qui souffrent de problèmes de santé sous-jacents et au personnel soignant.

Parleriez-vous d’une véritable concurrence entre les chercheurs ?

(convaincu) Je ne vois pas cela comme une course contre l’autre. Les équipes universitaires et les entreprises pharmaceutiques se parlent. Je pense que ces entreprises se sentent investies d’une grande responsabilité sociale pour faire ce qui est juste. Prenez la coopération des entreprises GSK et Sanofi : c’est assez inédit. Nous sommes tous conscients que n’importe qui peut devenir une victime. C’est beau de voir que nous nous battons tous contre un adversaire unique.

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