© Frédéric Pauwels

Mertens : « Le PTB est prêt aux concessions pour gouverner »

Incarnée par un PTB aux angles arrondis, la gauche radicale relève la tête. Elle décroche même son best-seller. Auteur de Comment osent-ils ?, le président Peter Mertens dévoile la stratégie de son parti : la conquête du pouvoir en douceur, sans verser dans le phénomène de mode. Une vraie révolution… interne.

Le Vif/L’Express : Votre livre Comment osent-ils ? cartonne en Flandre (13 200 exemplaires vendus) et démarre fort côté francophone (3 000 exemplaires écoulés en une semaine) : l’heure du PTB a-t-elle sonné ?

Peter Mertens : L’heure, mais surtout les années. Nous sommes un parti en devenir. Partout en Europe, les peuples s’ouvrent à la remise en cause du système néolibéral. Aux Pays-Bas, le Socialistische Partij [NDLR : ex-communiste] est en tête dans les sondages. Et comme on n’en a pas fini avec les plans d’austérité, nous avons de l’avenir.

Sur une place de la Bastille noire de monde, Jean-Luc Mélenchon, candidat à la présidentielle française au nom du Front de gauche, en a appelé à l’ « insurrection civique » : vous répondez présent ?

Oui, s’il veut dire par là repenser fondamentalement les habitudes politiques de ces vingt dernières années. S’il parle d’une révolution des idées, j’adhère totalement.

« Insurrection » : ça ne dégage pas un petit parfum de violence ?

Mélenchon en appelle à une tradition révolutionnaire bien française que nous ne connaissons pas ici. Vous savez, la violence est dans le bouleversement causé par les élites européennes. Il y a une révolution en cours en Europe : elle est néolibérale.

Un transfert de souveraineté s’opère, sans le moindre débat démocratique, des Etats vers une Europe autoritaire, qui veut dicter et contrôler le futur des peuples. Cette évolution dangereuse appelle une riposte puissante.

Peut-on sortir de ce scénario en douceur ? Par un grand mouvement populaire.

On ne peut pas dire que la crise financière et économique ait fait monter aux barricades les masses populaires depuis 2008…

Non, mais une étincelle peut mettre le feu aux poudres. Et la poudre, elle est bien là. Il suffirait que la garantie d’Etat pour Dexia [NDLR : 54,4 milliards d’euros] soit activée pour que la Belgique dégringole immédiatement au niveau de la Grèce. Je ne le souhaite pas, mais ce n’est pas exclu.

Vous pourriez être un parti de coalition ? Gouverner avec la droite ?

Si nous devons gouverner, nous devrions faire des concessions. Nous le savons. Nous serions prêts. Ce n’est pas une question de principe, mais de moment. On ne pourrait envisager d’entrer dans une coalition que si elle allait à l’affrontement avec la Commission européenne.

Pierre Havaux

Retrouvez l’intégralité de cette interview dans le Vif/L’Express de cette semaine.

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