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L’oeuvre de la semaine: l’énigme de la carte IX à l’heure du covid

Guy Gilsoul Journaliste

A partir d’un jeu populaire né au début du XXe siècle en Suisse, Hermann Rorschach propose en 1921 un test basé sur dix cartes offrant chacune, en noir et blanc ou en couleurs des taches d’encres symétriques obtenues par pliage du support qui pourrait, selon les interprétations données par le patient, conduire à diagnostiquer les maladies mentales et particulièrement la schizophrénie. Or, une seule carte, la carte IX, par son côté diffus et flou ne provoque généralement aucune association.

A partir d’un jeu populaire né au début du XXe siècle en Suisse, Hermann Rorschach propose en 1921 un test basé sur dix cartes offrant chacune, en noir et blanc ou en couleurs des taches d’encres symétriques obtenues par pliage du support qui pourrait, selon les interprétations données par le patient (une chauve-souris, un papillon, un chien, un tapis ou encore deux figures humaines), conduire à diagnostiquer les maladies mentales et particulièrement la schizophrénie. Si la méthode est très vite contestée, elle se généralise dès les années 1960 comme test projectif par la psychanalyse, voire la justice. Or, une seule carte, la carte IX, par son côté diffus et flou ne provoque généralement aucune association. Et c’est elle que choisit l’artiste belge Bram Anthenus comme point de départ au collage proposé ici en association avec la photographie d’un pensionnaire interné à l’hôpital du Docteur Ghislain il y a plus d’un siècle et dont on ne sait rien.

Du coup, cette association pointe moins le patient (masqué par la carte) que le thérapeute réduit à projeter à son tour, des parts de lui-même afin de voir « clair » dans celui qu’il analyse et qui lui échappe.

Si la double tache d’encre est aussi la métaphore de la maladie qui distingue l’homme photographié du reste du monde, elle désigne donc aussi l’art (et donc la subjectivité) des soignants. Et pour le dire, la méthode du collage parait particulièrement efficace puisqu’elle rejoint la méthode psychanalytique, « coupe » dans l’attendu et joue la carte de l’association.

Dans la nouvelle exposition du musée Guislain, l’oeuvre De Bram Anthenus (du collectif Coupee) intègre un ensemble d’autres « collages » réalisés par des artistes qui ont eu accès aux documents historiques de la psychiatrie alors que dans d’autres salles, on découvre des oeuvres créées par les pensionnaires d’institutions de santé en collaboration avec des « collagistes » à l’heure du confinement covid.

Gand musée du Docteur Guislain. Guislainstraat, 43. Jusqu’au 30 août. Tous les jours sauf lundi de 9 à 17h, sa et di de 13 à 17h. www.museumdrguislai.be

Ill légende : Bram Anthenus c de l’artiste

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