Mayur et Tushar Vayeda, Mother Earth crying, 2019, acryl et bouse de vache sur toile. © DR

L’oeuvre de la semaine: l’appel des ancêtres

Guy Gilsoul Journaliste

Ils sont tout au bas de l’échelle sociale de l’Inde. Ils sont peintres et perpétuent une tradition qui remonte au Néolothique quand sur les parois des grottes d’abord, sur les murs des maisons ensuite, leurs ancêtres transmettaient un savoir qui, encore aujourd’hui, ne connait pas l’écriture et selon les oeuvres, en appelaient aux protections, à la cosmogonie ou au quotidien des jours.

Il aura fallu attendre les années 1960 et l’attention d’lndira Gandhi pour reconnaître la valeur de la culture aborigène Warli dont les oeuvres dessinées sont les ambassadrices. Au départ, cet art était le seul fait des femmes. Sur le fond coloré d’ocre, de brun ou de noir, avec pour pinceau, une tige de bambou dont l’extrémité avait été mâchonnée, elles traçaient à l’aide d’une couleur liquide faite à partir de pâte de riz, d’eau et de gomme, des compositions aux allures de dentelles.

Depuis, ce sont surtout les hommes qui, chaque jour, à la manière d’un rituel magique, assurent la perpétuation de la culture Warli. Parmi eux les deux frères Mayur et Tshar Vayeda aujourd’hui trentenaires. Is ont pourtant quitté leur village, gagné la tumultueuse Mumbai et obtenu, l’un un diplôme de management, l’autre de multi media. Pourtant, dessinant as la tradition Warli depuis l’âge de sept ans, ils ont renoncé à la ville et rejoint leur terre située à quelques 150 kilomètres de la capitale économique de l’Inde. Nourris par l’animisme, ils construisent une oeuvre très actuelle liée aux grandes questions de l’écologie. Soit, par divers récits aux parfums de cosmogonie, des plages de petits traits, de ponctations et e figures où le végétal, l’animal, l’humain et les déités se croisent comme sur ce « cri de la mère terre ».

Au bas, un visage dont les yeux qui pleurent, abreuvent la planète (un thème souvent repris dans cette région de rizières où la pluie garantit seule les récoltes). Aux pourtours, ce sont tous les vivants que l’on décrypte à travers une stylisation des plus fines : les végétaux, les animaux et, par trois fois, des hommes et des femmes, courbés vers la terre. Enfin, sous la lune et le soleil réunis, un arbre de vie s’élève du 7e chakra qui, depuis les premiers textes védiques datés du 3e millénaire, désigne le point d’ancrage d’énergie dirigé par la conscience et dont l’effet est de nous mettre en contact avec l’univers… et la sagesse.

Bruxelles, Modesti Perdriolle Gallery. 27-29 rue Saint-Georges (1050). Jusqu’au 28 février. Du mercredi au vendredi de 14h à 18h, samedi de 11h à 18h. www.modestiperdriolle.com

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