© Kaat Pype

« Les Wallons n’ont jamais compris l’humour de Bart De Wever »

Han Renard

Nos confrères du magazine Knack ont interrogé le caricaturiste Pierre Kroll sur la perception qu’ a la Wallonie du président de la N-VA, Bart De Wever, ainsi que sur la formation du gouvernement fédéral. « Pour moi, on peut monter une coalition kamikaze, j’aime bien l’aventure » dit-il.

À quel point l’image de Bart De Wever est-elle déplorable en Wallonie?

Pierre Kroll: De Wever véhicule l’image, ancrée assez durablement dans les esprits wallons, d’une personne qui insulte les Wallons en permanence. C’est entièrement de sa faute et c’est ce qu’il a voulu. Peut-être qu’il y a un certain nombre de barrières culturelles. Les Wallons n’ont jamais bien compris son humour. Nous ne le connaissons pas comme le plaisantin des émissions de divertissement. Nous retenons surtout ses insultes et son mépris.

Son image n’a-t-elle pas un peu changé depuis les dernières élections?

Kroll: Je pense que oui. Le message que continue à répéter De Wever, qu’en le repoussant on insulte aussi les Flamands, commence à filtrer. Nous devons effectivement devenir plus gentils à l’égard des Flamands et de ce pauvre De Wever (rit). Il va de soi que les cercles économiques de droite espèrent depuis longtemps que le PS se retrouvera dans l’opposition grâce à De Wever.

La fameuse coalition kamikaze a-t-elle des chances d’aboutir selon vous?

Kroll: « Je n’y crois pas vraiment. Il existe pas mal de forces belgicistes qui tenteront à tout prix d’empêcher la N-VA d’accéder au pouvoir. En plus, le PS alimente la crainte du parti nationaliste auprès de beaucoup de gens en Wallonie. Après les élections régionales précédentes, Ecolo a pu former une majorité en Wallonie avec le cdH et le MR. Une partie des écologistes étaient d’accord. Mais le président Ecolo de l’époque, Jean-Michel Javaux, m’a raconté (après coup) que non seulement les syndicats, mais même les employeurs l’avaient poussé à s’engager avec le PS. Quand Di Rupo vient raconter à la télévision que nous devons aider le cdH à dire non à De Wever, cela semble très aimable, mais ce sont de véritables menaces. « Attention, les choses pourraient tourner vraiment mal si nous ne sommes pas de la partie » (il rit). Pour moi, on peut d’ailleurs monter une coalition kamikaze, j’aime bien l’aventure et en tant que caricaturiste, ce sera une bonne affaire ».

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