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Les politiques et les médias flamands condamnent la dernière sortie de De Wever

La dernière sortie de Bart De Wever suscite la polémique en Flandre. Après que ce dernier ait déclaré que les employés de guichet de la Ville d’Anvers ne pouvaient pas porter de t-shirt affichant leur préférence sexuelle, la grande majorité des médias et des politiques s’insurgent.

« Les personnes qui sont les visages de la ville d’Anvers doivent s’astreindre à la neutralité. Je ne veux pas qu’une personne portant un t-shirt arc-en-ciel soit assise à un guichet. Parce qu’un homosexuel indique clairement, par cette symbolique, à quelle obédience il appartient. Et les autres personnes le reconnaissent » a déclaré le bourgmestre d’Anvers.

Le sp.a anversois, qui est dans l’opposition, réagit avec étonnement. Le parti se demande à quelle obédience appartiennent les homosexuels. « Veut-il dire que l’homosexualité n’est pas neutre, contrairement à l’hétérosexualité? », écrivent-ils dans un communiqué de presse. Le parti estime que l’orientation sexuelle n’implique pas de choix actif, contrairement à l’adhésion à une communauté politique, religieuse, syndicale ou sportive. Et à plus forte raison que cette orientation impliquerait certaines convictions idéologiques ou certaines obligations. » Le parti insiste sur la nécessité d’un état neutre, mais prône que la neutralité et la diversité ne sont pas incompatibles.

Le président des socialistes flamands, Bruno Tobback, qualifie quant à lui les déclarations de Bart De Wever de « grotesques » dans l’émission de la VRT « De Zevende Dag ».

L’Open VLD d’Anvers, qui gouverne la ville avec la N-VA, rappelle Bart De Wever à l’ordre. « Une démocratie libérale suppose un état de droit composé de fonctionnaires et de représentants de l’autorité neutres . Cependant, l’orientation sexuelle n’est pas une conviction et ne peut donc pas être neutralisée. Bart De Wever commet une erreur de pensée en mettant un choix positif, comme l’adhésion à une obédience, et une orientation sexuelle sur le même plan » estime le parti.

Alexander De Croo (Open VLD) partage cette opinion : « L’expression de son orientation – même pour des fonctions officielles – constitue-t-elle un problème ? Qui nous aimons est tout de même très différent du dieu auquel nous croyons ? ».

Même Peter De Roover, président d’honneur du Mouvement flamand, estime que le mot « obédience » était très mal choisi et que « l’homosexualité n’est pas une conviction et ne peut de toute évidence se comparer à un slogan politique ou une expression de croyance ».

Twitter

D’autres politiques se distancient des propos du bourgmestre anversois. Ils réagissent sur Twitter. Petit florilège.

« Qui peut m’expliquer en quoi être homo équivaut à « adhérer à une « obédience » ? Une orientation n’est pas une croyance, c’est qui vous êtes », déclare Freya Vanden Bossche (sp.a). Wouter Beke (CD&V) rappelle que l’orientation sexuelle « ne relève pas d’un choix politique, comme la religion ou la politique ».

Quant au chrétien-démocrate Rik Torfs, il se prononce cyniquement: « Pas de t-shirt homo. Pas de foulard. Bientôt tout le monde aura l’air « quelconque ». Comme Bart De Wever.  »
« L’interdiction de t-shirt homos, de poètes de la ville, pas de « Ville pour tous »… Qui seront les prochains à rester sur la touche ? Son modèle de société se dessine de plus en plus. », dixit Wouter De Vriendt de Groen.

« Jusqu’où un homme politique peut-il restreindre les libertés et le libre arbitre ? » se demande Inge Jooris, l’attachée de presse de Groen . « Seule solution : être nu derrière le guichet ? » plaisante Bruno Lille de Groen.

Quant au politologue anversois Dave Sinardet, il déclare dans De Standaard « n’avoir jamais vu de t-shirt arc-en-ciel derrière un guichet. Même si cela pourrait très bien changer ces prochains jours. »

Les médias

Certains éditorialistes flamands critiquent violemment la dernière sortie de Bart De Wever. Hugo Camps, rédacteur au journal De Morgen, le condamne durement : « Non, De Wever n’est pas un homophobe. Il veut juste que le monde tourne autour de sa personne.  »

Eric Donckier, journaliste au « Belang van Limburg » estime qu’un « t-shirt arc-en-ciel n’est pas du meilleur goût  » et estime que les employés au guichet doivent « être habillés décemment et offusquer le moins possible. » Il s’interroge néanmoins sur l’utilité « d’interdire un t-shirt que probablement personne n’a porté derrière un guichet » et se demande quelle sera la prochaine interdiction.

Martijn Van Esbroeck, conseiller municipal N-VA et lui-même homosexuel, est un des seuls à défendre Bart De Wever : « Les déclarations de Bart ne me dérangent pas, contrairement aux réactions qu’elles suscitent. Ce qu’il dit, n’est ni plus ni moins l’application du règlement de 2007 sur la neutralité. Et là je suis d’accord avec lui. Non, l’homosexualité n’est pas un choix. Mais si un employé de guichet souligne son orientation avec un vêtement et en fait une assertion, ça ne se fait pas. Comme quelqu’un qui porterait un t-shirt affichant l’inscription : « Je suis hétéro et j’en suis fier. » Cela ne se fait pas non plus.

Quant au principal intéressé, il se plaint dans De Gazet Van Antwerpen d’avoir passé un « week-end infernal  » et que sa boîte mail était « pleine d’insultes ». Le bourgmestre anversois craint « qu’un an et demi d’enfer  » l’attende (jusqu’aux prochaines élections).

Céline Bouckaert

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