Jo Cornu (SNCB) et Luc Lallemand (Infrabel) © BELGA/Eric Lalmand

Les patrons de la SNCB et d’Infrabel sous le feu nourri des députés

Le nouveau plan de transport de la SNCB pourrait être adapté sur certains points, mais cela prendra plusieurs mois avant que ces modifications entrent en application, ont expliqué Jo Cornu, le CEO de la SNCB, et Luc Lallemand, CEO d’Infrabel, mercredi aux députés de la commission de l’Infrastructure.

Le nouveau plan de transport de la SNCB est entré en vigueur le 14 décembre dernier et a essuyé de nombreuses critiques. Les associations de navetteurs déplorent principalement l’amplitude moindre des horaires ainsi que la durée et la fréquence des trajets.

Selon un sondage réalisé par les associations Navetteurs.be et TreinTramBus auprès de 6.927 usagers, 86% d’entre eux expriment un avis négatif quant au nouveau plan de transport de la SNCB.

Un avis que ne partage pas Jo Cornu. Le patron de l’opérateur ferroviaire estime que l’introduction du nouveau plan a été « globalement positive ». Pour appuyer ses dires, il se fonde sur trois critères objectifs qui se sont légèrement améliorés depuis l’introduction du nouveau plan de transport, à savoir la ponctualité, le nombre de trains supprimés et la suroccupation.

Le patron de la SNCB a également tenu à féliciter son personnel pour la mise en place de ce plan, effectuée dans des conditions difficiles avec la grève nationale qui suivait le lendemain. Il a rappelé que le lancement du dernier plan de transport, en mai 1998, avait été « une catastrophe » dont le bon fonctionnement avait pris plusieurs mois.

Luc Lallemand a quant à lui fait remarquer que Infrabel tient un rôle de notaire pour ce qui concerne la ponctualité globale des trains. Le gestionnaire d’infrastructures endosse des responsabilités importantes pour l’établissement des horaires. Le réseau qu’il gère représente 11.000 km de voies sur lesquelles circulent quotidiennement 4.200 trains et 845.000 voyageurs. Il a rappelé que le réseau fonctionne 24 heures sur 24, 365 jours par an et que les travaux doivent être effectués pendant que les infrastructures sont utilisées. « Nous avons 650 chantiers sur base annuelle et en 2014, il n’y a que six chantiers qui ont provoqué un retard imprévu. On parle d’un retard de moins de 500 minutes par an » en raison de ces chantiers, s’est-il félicité.

Une infime amélioration de ponctualité

Entre le 14 décembre, date de l’instauration du nouveau plan de transport, et le 31 janvier, la ponctualité globale s’est établie à 90,6%, soit une infime amélioration par rapport à la même période un an plus tôt (90,3%).

Plusieurs membres de la commission, dont certains faisant partie de la majorité, ont néanmoins pointé les carences de ce plan de transport. « Face aux moyennes de ponctualité se trouve la réalité quotidienne des navetteurs », a déclaré Marcel Cheron (Ecolo). Catherine Fonck (cdH) dénonçait quant à elle l’allongement de la durée de trajet sur un nombre important de lignes. Jean-Jacques Flahaux (MR) a fustigé le manque d’informations à destination des voyageurs lorsque les trains souffrent d’un retard important tandis qu’Isabelle Poncelet (cdH) fustigeait un plan « fait pour les grandes villes par les grandes villes » qui délaisse les zones rurales. Elle s’est également inquiétée du fait que l’on ne tienne pas plus compte des écoles dans ce nouveau plan.

Les deux patrons du chemin de fer belge ont répondu point par point aux questions et aux remarques, souvent acerbes, des députés. Jo Cornu a estimé que des modifications du plan demeuraient possibles, mais que celles-ci n’interviendraient pas avant plusieurs mois. Il a ajouté que de nombreux griefs étaient déjà connus avant la mise en place du nouveau plan mais qu’il n’était pas possible d’y remédier pour des raisons techniques ou financières.

Il fait ainsi référence aux sillons disponibles au sein du réseau, aux conséquences qu’auraient des modifications sur les autres lignes du réseau ou au coût qu’auraient ces modifications. « Le plan de transport a été réalisé sur base des restrictions budgétaires formulées par le gouvernement précédent. Si nous augmentons notre offre à un endroit, nous devrons la diminuer ailleurs », a-t-il expliqué. Il a précisé que des changements pour un coût total de 8,5 millions d’euros avaient été apportés entre la première mouture du plan et les deux roadshows destinés à le présenter dans chaque province.

Réagissant au problème des élèves qui ne peuvent plus arriver à temps à destination de leur école, M. Cornu a répondu que les établissements scolaires pourraient également envisager de modifier leurs propres horaires en fonction du plan.

Il a par ailleurs déclaré que l’on tiendrait compte des plaintes pour l’élaboration du prochain plan de transport, dont l’entrée en vigueur est programmée pour la fin 2017.

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