WATERLOO (Belgique), 19 juin (Xinhua) -- Des participants à la reconstitution de la bataille de Waterloo en 1815, en Belgique, le 18 juin 2022. Quelque 2.000 acteurs, plus de cent chevaux ainsi que 20 canons ont pris part à la reconstitution de cette confrontation qui a oppposé le 18 juin 1815 Napoléon Bonaparte au Duc de Wellington (Arthur Wellesley). L'événement marque le 207e anniversaire de la bataille. (Xinhua/Zheng Huansong)

Les os des morts de la bataille de Waterloo auraient peut-être été revendus comme engrais

Le Vif

Selon une étude publiée le 17 juin par le directeur du Centre d’archéologie pour l’étude des guerres et conflits de l’université de Glasgow, Tony Pollard, et relayée lundi par le magazine Géo, les restes des soldats tombés lors de la bataille de Waterloo auraient été déterrés et revendus pour servir d’engrais. L’archéologue s’est appuyé sur des archives datant de quelques jours à quelques semaines à peine après le conflit.

Alors que la reconstitution de la bataille de Waterloo faisait son grand retour les 18 et 19 juin après deux années d’absence liées au Covid-19, l’étude écossaise, publiée la veille pour le compte de la revue Journal of Conflict Archaeology, revenait sur le peu de restes retrouvés des quelque 40.000 victimes de la célèbre confrontation entre les troupes de Napoléon et une armée composée d’Allemands, de Britanniques et de Néerlandais.

   Selon le professeur Tony Pollard, le nombre famélique de dépouilles mises au jour (les dernières en date sont un squelette humain en 2015 et un os de jambe amputé en 2019) s’expliquerait simplement. Les restes des soldats auraient été déterrés afin d’être revendus comme engrais. « Les champs de bataille européens ont peut-être été une source facile d’os pouvant être broyés en farine d’os, une forme efficace d’engrais », peut-on lire dans l’étude.

   Pour étayer son hypothèse, l’archéologue s’est basé sur des archives produites par les personnes qui se sont rendues sur le site dans les jours, voire les semaines suivant la célèbre bataille. Dessins, témoignages ou encore articles de journaux ont été scrupuleusement étudiés. « Au moins trois articles de journaux des années 1820 font référence à l’importation d’ossements humains depuis les champs de bataille européens dans le but de produire de l’engrais. »

   Au travers de son étude, le professeur Pollard souligne le manque de fosses communes retrouvées, malgré les nombreux témoignages récoltés. « Les corps des morts ont clairement été disposés à différents endroits à travers le champ de bataille donc il est quelque peu surprenant qu’il n’y ait aucun témoignage fiable indiquant la découverte d’une fosse commune. » D’après le spécialiste, ces fosses communes auraient été vidées de leur contenu au vu de l’importance qu’elles représentaient. « Sur la base de ces récits et de l’importance de la farine d’os pour l’agriculture, il semble possible que les fosses communes de Waterloo aient été vidées pour obtenir des os », note le spécialiste.

   Cependant, face au manque de preuves qui confirmeraient définitivement sa théorie, le professeur Pollard va se rendre sur le site de la bataille de Waterloo afin d’y superviser de nouvelles fouilles dès le mois de juillet. Il espère, comme cela, mettre au jour certains sites d’inhumations et mieux comprendre ce qu’il est advenu des dépouilles des soldats tombés le 18 juin 1815. « Si des restes humains ont été exhumés à l’échelle proposée, alors il devrait y avoir, au moins dans certains cas, des preuves archéologiques des fosses desquelles ils ont été pris », conclut-il.

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