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Les organisateurs de la Little Fashion Week condamnés en justice

Laurence Van Ruymbeke
Laurence Van Ruymbeke Journaliste au Vif

L’organisatrice de la Little Fashion Week 2014, l’asbl Chocolat and Milk, ne s’est pas acquittée de toutes les factures liées à cet événement. Plusieurs fournisseurs, qui n’avaient pas été entièrement payés, se sont pourvus en justice à l’encontre de cette asbl et ont obtenu gain de cause devant les tribunaux.

La deuxième édition de ce salon de création de mode pour enfants, qui devait avoir lieu du 14 au 16 février dernier, a été annulée peu auparavant : par voie de communiqué, l’asbl Chocolat and Milk avait fait état de menaces proférées à son encontre. Le site internet de l’asbl a depuis lors été fermé.

La première édition de Little Fashion Week avait été organisée sur le site de Tour et Taxis, à Bruxelles, du 28 février au 2 mars 2014. Une trentaine d’exposants y étaient présents ; des défilés d’enfants mannequins figuraient aussi au programme. L’asbl Chocolat and Milk avait élaboré un budget de 197 740 euros pour mettre ce projet sur pied. Sollicités, les pouvoirs publics avaient mis la main à la poche : 12 000 euros avaient été libérés par le cabinet de la ministre de la Culture d’alors, Fadila Laanan (sans passer par la commission d’avis de son administration), et 12 000 l’avaient été par le cabinet wallon de l’Economie, dans le cadre du soutien à la politique d’économie créative.

A l’issue de la Little Fashion Week, trois importants fournisseurs impliqués dans l’opération ont adressé leur facture à l’organisatrice : Ministar, l’agence qui avait sélectionné la cinquantaine d’enfants mannequins présents sur place, XA Consult, en charge des aspects techniques de l’événement (son, vidéo, lumières) et Clip Display, qui fournissait les stands.

Certaines factures d’acompte leur avaient bien été payées mais lorsqu’il s’est agi de payer le solde, l’ASBL ne s’est pas exécutée. « Sandrine Bouillon disait qu’elle nous payerait quand elle aurait reçu les subsides », détaillent ces fournisseurs. Or, les subsides lui étaient déjà parvenus : une première tranche en juin 2013 et une seconde en février 2014. Renseignements pris auprès des deux cabinets concernés, les demandes de subsides ne portaient de toutes manières pas sur ces postes budgétaires là, mais sur d’autres, comme la création d’un site Internet ou la location de mobilier. Les subsides ne devaient donc pas servir à rémunérer ces trois prestataires. Au total, ceux-ci attendent toujours de récupérer un montant global d’environ 40 000 euros.

Les entreprises lésées se pourvoient donc en justice. A l’heure actuelle, Ministar et XA Consult ont d’ores et déjà obtenu gain de cause devant les tribunaux, qui ont sommé Chocolat & Milk de payer les sommes dues, comme en attestent les jugements dont Le Vif/L’Express dispose. En vain, jusqu’ici.

L’asbl Chocolat and Milk, dont le personnel est bénévole, selon sa présidente, avait introduit une nouvelle demande de subsides auprès des cabinets de la Culture et de l’Economie wallonne pour l’édition 2015 de la Little Fashion Week. Le cabinet Marcourt avait décidé de ne pas donner suite à cette demande, a-t-on appris auprès de son porte-parole : « l’objectif économique annoncé par les organisateurs en 2014 n’a pas été atteint ».

Au cabinet de Joëlle Milquet, désormais en charge de la Culture, une autre demande de subside de 50 000 euros a également été introduite, sur un budget total de 342 000 euros. « L’administration a émis de nettes réserves sur cette demande », affirme-t-on au Cabinet.

Contactée par Le Vif/L’Express, Sandrine Bouillon n’a pas souhaité répondre à la question de savoir si son asbl était financièrement en mesure de s’acquitter des factures impayées ni si elle comptait effectivement s’en acquitter. « Ce sera au juge d’instruction de faire la lumière totale sur ce qui est un sabotage en bonne et due forme ! », a-t-elle commenté par mail. Son avocat n’a pu être contacté.

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