Françoise Schepmans, bourgmestre de Molenbeek-Saint-Jean © BELGA/Nicolas Maeterlinck

Les Molenbeekois se sentent discriminés et veulent un enseignement qui sorte les jeunes de la rue

Dans le cadre d’un débat sur la sécurité et la lutte contre le terrorisme au Comité européen des Régions, Peter Brorsen, directeur « Relations extérieures et Europe » à l’Institut européen pour la paix, a présenté, jeudi après-midi, les premiers résultats d’une étude sociologique menée à Molenbeek-Saint-Jean dans le but de définir ce que les habitants pensent de leur quartier. Il s’agit de la première étape d’un dialogue sur la qualité de vie à Molenbeek et la façon de l’améliorer.

La bourgmestre Françoise Schepmans a commencé par résumer les trois axes développés au niveau communal depuis les attentats de Paris pour lutter contre le radicalisme qui s’est développé à Molenbeek-Saint-Jean durant une vingtaine d’années, à savoir le renforcement des équipes de police, la création d’une cellule pour mener des recherches administratives approfondies sur l’identité de personnes ciblées et l’investissement dans la prévention. « Dans le cadre du réseau de terroristes constitué à Molenbeek, il y avait des liens étroits entre le radicalisme, la délinquance et le terrorisme. Ces individus étaient des petits voyous qui avaient vécu dans les quartiers de Molenbeek et étaient devenus des délinquants qui avaient été rattrapés par les milieux mafieux pour le trafic d’armes ou de drogues », a-t-elle commenté. Mme Schepmans a également insisté sur l’aspect préventif: « Toujours là assis sur des bancs en train de discuter, ce sont des jeunes auxquels il faut donner un projet de vie ».

Peter Brorsen a rejoint Françoise Schepmans sur les liens avec la délinquance et l’importance de la prévention pour rétablir la confiance: « la propagande de Daech attire les jeunes sans perspective qui trouvent ainsi une situation, un travail, de l’argent… »

Selon l’enquête menée en porte-à-porte à Molenbeek, les déploiements de policiers et militaires sont appréciés. Les personnes interrogées demandent par ailleurs un enseignement qui permettrait aux jeunes de sortir de la rue et estiment qu’une éducation religieuse de qualité leur permettrait de mieux connaître la religion musulmane et de pouvoir être critiques face aux islamistes qui les approchent. Il ressort également de cette enquête une préoccupation notable pour les discriminations jugées oppressantes en matière d’emploi, notamment.

Enfin, les habitants de Molenbeek-Saint-Jean demandent un second Bancontact à proximité de la place communale, car faire la file est vécu comme une discrimination.

Durant le débat, il a entre autres été question de la propagation du radicalisme dans les communes limitrophes de Molenbeek-Saint-Jean, de la nécessité de traiter le « cancer des banlieues » paupérisées en France qui se développe depuis plus de 20 ans, des convergences à mettre en oeuvre face aux nouvelles responsabilités assumées par les niveaux communaux et régionaux qui n’étaient jusqu’alors pas de leur ressort, ainsi que de l’importance d’identifier à l’échelon local les frustrations qui nourrissent le radicalisme afin notamment d’anticiper les conséquences de la vague migratoire actuelle.

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