Nicolas De Decker

« Les journalistes qui posent de vraies questions les posent ailleurs, là où ils peuvent obtenir de vraies réponses… »

Nicolas De Decker Journaliste au Vif

Il n’y a pas de diplôme plus fiable que celui que l’on s’attribue, il s’est présenté comme « un journaliste qui pose de vraies questions », et c’est vrai que ses questions avaient leurs raisons, au confrère de Kairos Presse qui a égayé la conférence de presse de Sophie Wilmès, mercredi 15 avril.

Sur la légitimité démocratique d’un gouvernement composé dans des circonstances exceptionnelles, c’est une vraie question. Tellement vraie et si taboue que si le journaliste qui pose de vraies questions et qui autoévalue ses compétences a pu s’en apercevoir, c’est que les journaux, les politiques, les parlements, les juristes et les politologues ne parlent que de ça depuis un mois et demi.

Sur Marc Van Ranst, qui aurait été payé par la multinationale GSK en 2009, c’est une vraie question. Tellement vraie et si cachée que si le journaliste qui pose de vraies questions et qui se décerne ses meilleurs bulletins a pu s’en apercevoir, c’est que Le Soir l’a révélé il y a dix ans, lorsque Marc Van Ranst aidait déjà à parer une pandémie mondiale.

Sur Philippe De Backer, qui a travaillé de 2009 à 2011 chez Vesalius Biocapital, c’est une vraie question. Tellement vraie et si gênante que si le journaliste qui pose de vraies questions et qui s’autocertifie a pu s’en apercevoir, c’est que Philippe De Backer le dit lui-même sur son profil LinkedIn public.

 » Quelle légitimité politique y a-t-il à prendre ce genre de décisions quand la plupart des membres qui décident et réfléchissent font partie des multinationales et de la finance ?  » a-t-il demandé et, bien sûr, il se disait que Sophie Wilmès allait lui répondre  » aucune, vous avez raison, je suis un rouage inconscient du capitalisme financiarisé, vous m’avez convaincue et voici ma démission « , se mettre à pleurer, et forcer Elio Di Rupo, Rudi Vervoort, Jan Jambon, Pierre-Yves Jeholet et Oliver Paasch, qui étaient à côté d’elle, à démissionner et à se mettre à pleurer aussi, car il est un journaliste qui pose de vraies questions et qui sait de quoi il parle, le confrère de Kairos Presse.

Il pose des questions si vraies, le journaliste qui pose de vraies questions et qui reçoit de lui-même les félicitations les plus désintéressées, que quand il les pose à Sophie Wilmès en conférence de presse, elle peut tranquillement ne pas y répondre, parce que s’il est parfois possible de poser de vraies questions au cours d’une conférence de presse institutionnelle, il n’est jamais possible d’en obtenir de vraies réponses, et encore moins des aveux.

Sans doute est-ce pour cela que les journalistes qui posent de vraies questions les posent ailleurs, là où ils peuvent obtenir de vraies réponses, là où ils peuvent contredire les répondants, là où ils peuvent recevoir des précisions des puissants.

Sans doute est-ce aussi pour cela que quand ils ne peuvent pas en avoir, de réponse des puissants, il faut aux journalistes qui posent de vraies questions opposer des preuves matérielles au silence ou à la langue de bois. C’est plus difficile que de se laisser filmer après être allé faire un tour sur LinkedIn, mais pas moins gratifiant qu’une décoration que l’on épinglerait sur sa propre poitrine.

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