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« Les administrations publiques n’aiment pas les curieux »

Han Renard

Le nouveau site Transparencia est destiné à faciliter l’accès des citoyens aux documents publics. Dans un premier temps, il ne dessert que Bruxelles, mais les instigateurs ont aussi l’intention de l’étendre à Anvers.

Y a-t-il de l’amiante dans mon logement social? Combien de subsides cette association a-t-elle reçus ? Quelle entreprise de construction a obtenu ce marché public ? Que dit le rapport d’inspection des pompiers sur la sécurité dans l’école de mon enfant ? En vertu de la transparence de l’administration, les citoyens doivent obtenir une réponse à ces questions. En pratique, la transparence reste souvent lettre morte, à moins que les citoyens et les organisations qui demandent des documents à l’état possèdent des nerfs d’acier.

Le nouveau site Transparencia souhaite aider les habitants de la Région Bruxelles-Capitale à faire valoir plus facilement leurs droits. L’initiative vient de Cumuleo, l’organisation qui met tous les mandats de politiques en ligne, et Anticor, une association qui lutte contre la corruption. Sur le site, les citoyens peuvent introduire une demande d’informations à l’aide d’un formulaire en ligne, qui est envoyé directement à l’administration compétente. Transparencia suit également leur demande.

Les réactions et les réponses d’administrations publiques remontent au demandeur et sont publiées en ligne. « Si l’état répand des foutaises, tout le monde pourra les lire », déclare un collaborateur d’Anticor qui souhaite rester anonyme, parce qu’il est fonctionnaire et qu’il redoute la pression de ses supérieurs. « En pratique, les administrations publiques font souvent obstruction, même si elles sont légalement obligées de clarifier. Parce qu’elles n’ont pas envie de travail supplémentaire, mais aussi parce qu’elles n’aiment pas trop les curieux. »

Transparencia bénéficie d’un soutien logistique de l’ONG britannique mySociety qui a développé les logiciels de base utilisés dans plus de trente pays. Le grand frère britannique de Transparencia, le site WhatDoTheyKnow, a rendu plus de 320 000 documents publics en huit ans. Les journalistes et les ONG sont également satisfaits de la plateforme internet. Aidés par quatre informaticiens de mySociety, des bénévoles d’Anticore ont adapté le logiciel à la situation bruxelloise et son fouillis inextricable d’institutions publiques et semi-publiques et d’associations qui tombent toutes sous la transparence d’administration. Anticor peut également compter sur trois juristes qui apportent une aide gratuite quand les administrations refusent de publier des documents.

Pour Anticor, la transparence maximale est importante parce qu’elle élève une barrière contre les conflits d’intérêts et la corruption. Les citoyens, estime-t-elle, ont le droit de savoir comment on dépense leurs contributions. Le but aussi est de développer une banque de données et d’établir un « baromètre de transparence ». Celui-ci devrait permettre aux citoyens d’apprendre quelles instances se montrent les plus honnêtes.

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