Koen Geens © Belga

Le plan de Koen Geens contre le radicalisme a échoué, selon le Crisp

Le Centre de recherche et d’information sociopolitique (Crisp) estime que la stratégie du ministre de la Justice Koen Geens pour lutter contre le radicalisme en doublant le nombre d’imams reconnus a échoué, rapportent les titres Sudpresse ce jeudi.

« En février 2016, afin de lutter contre le radicalisme, le ministre de la Justice Koen Geens avait annoncé la volonté de doubler le nombre d’imams reconnus et de rémunérer 80 imams supplémentaires, dans le cadre du plan antiterrorisme du gouvernement fédéral. Alors qu’à l’époque, il y en avait 78,5 équivalents temps plein. Mais la stratégie du ministre a capoté », explique Caroline Sägesser, chercheuse au Crisp. Et de fait, les chiffres 2019 rapportent 85 imams rémunérés par l’État (équivalents temps plein). On est donc loin d’avoir doublé les 78 de départ.

« La stratégie du ministre Geens n’a pas fonctionné pour deux raisons », poursuit Caroline Sägesser. « D’abord, il y a la frilosité des mosquées à déposer des demandes de reconnaissance aux Régions ou à changer de système alors que leur imam est déjà payé par un État étranger (c’est surtout le cas des mosquées turques). Et puis, il y a la lenteur mise par les Régions à reconnaître de nouvelles mosquées. En Flandre, la ministre Lisbeth Homans (N-VA) avait même décrété en 2017 le gel de toute nouvelle reconnaissance de mosquée ».

Selon le Crisp, il y a 39 mosquées reconnues en Wallonie, 27 en Flandre et 21 à Bruxelles. Soit 87 mosquées reconnues sur un total de 300 environ. Cette différence laisse sous-entendre qu’il y a un grand nombre d’imams non reconnus dans notre pays.

Le Crisp juge qu’il ne faut pas s’en inquiéter car « le vrai danger n’est pas dans les mosquées. Les gens se radicalisent davantage dans la rue, sur le net ou dans des lieux méconnus ».

La déception est aussi exprimée du côté de Salah Echallaoui, vice-président de l’Exécutif des Musulmans de Belgique (EMB). « Dommages que les 80 imams annoncés en 2016 n’aient pas pu être reconnus: cela nous aurait permis à nous, EMB, de contrôler ce qui se dit dans ces mosquées et d’intervenir en cas de discours radical ».

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