
Le message de Noël plus audacieux que d’habitude
Le message de Noël délivré par le roi Philippe était cette année plus audacieux que les années précédentes, observe le politologue Dave Sinardet (VUB), constatant que ce genre de discours est un difficile exercice d’équilibre pour le souverain qui doit rester au-dessus de la mêlée politique tout en ayant un message suffisamment fort que pour ne pas passer inaperçu.
Alors que la Belgique traverse « de vives tensions politiques », le roi Philippe dit faire « confiance au sens des responsabilités de nos dirigeants pour agir dans l’intérêt du pays et de la population. » Les inégalités, la pauvreté, l’intolérance et le changement climatique sont des questions « qui demandent des réponses exhaustives », souligne également le souverain dans son message de Noël diffusé lundi.
Des thèmes qui renvoient implicitement aux contestations et manifestations des derniers mois et notamment au mouvement des gilets jaunes et à la marche pour le climat, selon le politologue. « En ce sens, le Roi se pose en interprète de ces inquiétudes présentes chez ces gens et il appelle le politique à y travailler ».
Sur ce plan, il s’agit du discours de Noël le plus politique du roi Philippe, selon Dave Sinardet, avec celui de 2015 qui avait été délivré juste après les attentats de Paris. « J’ai confiance dans le fait que nous resterons unis, citoyens d’un pays ouvert, où la grande majorité des compatriotes d’origine étrangère ont saisi les chances qui leur étaient offertes et partagent les valeurs de notre pays. Ils sont les fils et les filles de ce pays. Ne confondons pas ceux qui dévoient leur religion avec ceux qui la pratiquent dans le respect des valeurs universelles de l’humanité », avait alors déclaré le souverain.
« Mais sur la migration, qui est quand même à l’origine de la chute du gouvernement, il se tait », analyse encore le politologue. « A moins que l’on interprète en ce sens sa référence à l’intolérance ».
Ceci dit, dans l’ensemble, le message du Roi reste raisonnablement général et prudent, poursuit Dave Sinardet. « Certainement en comparaison avec son père Albert qui exprimait souvent des points de vue concrets sur des thèmes politiques sensibles comme la crise financière, l’intégration européenne, la concertation sociale et les tensions communautaires. Il y avait également eu en 2012 son avertissement controversé contre le populisme en référence aux années 1930. »
L’appel du Roi à une écoute mutuelle et au dialogue fait enfin penser à un discours similaire du roi Willem-Alexander des Pays-Bas, constate encore le politologue pour qui cet appel s’inscrit bien dans le contexte politique actuel, étant donné la crise au fédéral et les prochaines élections.
Le Roi fait « confiance au sens des responsabilités » en cette période « mouvementée »
Alors que la Belgique traverse « de vives tensions politiques », le roi Philippe dit faire « confiance au sens des responsabilités de nos dirigeants pour agir dans l’intérêt du pays et de la population. » Les inégalités, la pauvreté, l’intolérance et le changement climatique sont des questions « qui demandent des réponses exhaustives », souligne le souverain dans son message de Noël diffusé lundi.
Depuis son bureau du château de Laeken, le Roi se réfère, de manière plutôt inhabituelle, à la récente crise politique qui a entrainé la démission du gouvernement fédéral, qu’il a chargé d’expédier les affaires courantes. « Notre pays traverse une période mouvementée. Des sujets importants préoccupent à juste titre nos concitoyens. Aujourd’hui nous sommes confrontés à de vives tensions politiques. Je fais confiance au sens des responsabilités de nos dirigeants pour agir dans l’intérêt du pays et de la population », déclare Philippe. Alors que les prochains mois seront placés sous le signe des élections européennes, législatives et régionales du 26 mai, le souverain appelle au dialogue et au respect mutuel. « La démocratie exige cette écoute et ce dialogue. Préparons-nous aux élections fédérales, régionales et européennes en tenant des débats ouverts et vrais, où l’on se respecte. Car le moment du vote doit être le résultat d’une mûre réflexion ».
A quelques heures de Noël et à quelques jours du nouvel an, le chef de l’Etat souligne par ailleurs combien ces moments sont propices pour « prendre du recul », « arrêter notre course à la poursuite du temps » et « faire le point », mais aussi pour « se souvenir que la vie est un chemin que nous ne faisons pas seuls, mais avec des compagnons de route, qui, comme nous, ont besoin d’une présence, d’une écoute et de conseils ». Le Roi rappelle que cette période festive « est l’occasion d’avoir une attention particulière pour les plus fragiles de notre société » ainsi que pour ceux qui les entourent et les accompagnent « avec soin et dévouement ». Enfin, les fêtes de fin d’année sont aussi l’occasion pour les parents de vivre avec leurs enfants « des moments vrais, de réelle présence les uns pour les autres », poursuit Philippe. Mais ce sont des moments aussi où les enfants peuvent se rendre compte que les parents, et tous ceux qui oeuvrent pour leur éducation, sont « également vulnérables ». « Ils comprendront que notre force intérieure se construit en surmontant les difficultés et non en s’y enfermant ou en les évitant. C’est grâce à cette force intérieure que nous pouvons réellement nous ouvrir aux autres et assumer nos responsabilités. » « ‘Donnez-moi un point fixe et un levier et je soulèverai la Terre’, disait Archimède. Habiter pleinement notre temps, cultiver une force intérieure qui nous ouvre aux autres, ce sont ces points fixes et ces leviers qui peuvent nous faire soulever des montagnes », conclut le souverain.