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Le gouvernement Wilmès pourrait-il terminer la législature ?

Olivier Mouton
Olivier Mouton Journaliste

La  » grande union  » soutenue par neuf partis est mise en place pour six mois, mais va créer des liens de confiance pour la suite. Les nationalistes flamands craignent un coup d’Etat  » non démocratique « .

La Flandre nationaliste – mais pas seulement- ne décolère pas à l’idée que le gouvernement Wilmès IIsoit devenu, l’air de rien, un gouvernement de plein exercice soutenu par une très large majorité francophone, mais une minorité en Flandre. Une campagne ‘pas mon gouvernement’ dénonçant un ‘gouvernement non démocratique’ a fleuri sur les réseaux sociaux ces derniers jours, appuyée avec des tonalités diverses par l’ensemble des nationalistes, N-VA et Vlaams Belang. Certains messages sont âpres, comme celui de la ministre flamande Zuhal Demir, affichant la photo du gouvernement Wilmès II en mode distanciation sociale et écrivant : « La seule bonne nouvelle, c’est qu’ils ne se contamineront pas les uns les autres ». On a connu plus raffiné.

https://twitter.com/Zu_Demir/status/1239876349306843136Zuhal Demirhttps://twitter.com/Zu_Demir

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Plusieurs analystes politiques flamands – les politologues Carl Devos et Bart Maddens, les journalistes-vedettee Ivan De Vadder (VRT) et Guy Tegenbos (De Standaard) ou encore l’ex-député Groen et chroniqueur Luckas Vander Taelen – ont été eux aussi critiques à l’égard du spectacle politique des derniers jours. Ils rappellent qu’un gouvernement aux pouvoirs extraordinaires doté de dix ministres libéraux sur treize ne correspond pas aux réalités sorties de urnes en mai 2019. La faute, faut-il le rappeler, aux surenchères permanentes de la N-VA et aux blocages du PS.

En attendant, nécessité fait loi. Le ministre-président flamand Jan Jambon (N-VA) soutient les mesures décidées au sein du Conseil national de sécurité pour lutter contre l’épidémie. Celles-ci sont similaires dans toutes les entités fédérées. L’heure n’est pas aux querelles politiques, mais à la nécessité de sauver des vies. Cette pseudo-unité nationale contre la maladie volera toutefois en éclats dès que la courbe d’évolution baissera sensiblement. La N-VA pourrait payer le prix de sa stratégie politicienne, mais cultivera une soif évidente de vengeance, dans six mois.

Des « liens de confiance »

La crainte de la N-VA n’est autre que de voir la majorité actuelle poursuivre sa route au-delà des six mois pour laquelle elle a été mise en place. A la Chambre, la Première ministre Sophie Wilmès a précisé qu’un nouveau vote de confiance interviendrait à l’issue des six mois. Si la crise du coronavirus est révolue, on risque de renouer avec les états d’âme d’un CD&V qui refuse de lâcher la N-VA pour mener de politiques autres que strictement sanitaires. Mais certaines expressions francophones inquiètent les nationalistes. Comme ces propos de Georges-Louis Bouchez, président du MR, il y a deux jours : « Dans 6 mois, il y aura deux paramètres nouveaux : des partis auront travaillé ensemble et peut-être pris confiance, et il faudra recommencer à pouvoir négocier un accord général. » L’attitude de la N-VA a, il est vrau, exaspéré les partis soutenant la « grande union » de Sophie Wilmès. La « vivaldisation » des affaires courantes, terme utilisé par le politologue Carl Devos, aurait alors trouvé sa concrétisation.

https://twitter.com/ChristopheCordi/status/1239445751622746113Christophe Cordierhttps://twitter.com/ChristopheCordi

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Une stabilisation politique du pays pour toute la législature est-elle envisageable ? Si les neuf partis soutenant le gouvernement Wilmès II décidaient de poursuivre ensemble, une renégociation délicate devrait s’ouvrir sur le contenu, mais aussi au sujet de la répartition des postes ministériels. Les déséquilibres institutionnels reviendraient au galop.

« Cette mise en parenthèse de la crise politique fédérale est salutaire, compte tenu de l’ampleur du drame que nous vivons, et elle redonne de l’optimisme, souligne Vincent de Coorebyter, philosophe de l’ULB, dans sa chronique du Soir ce mercredi matin. Mais au vu de l’ensemble des événements qui ont suivi le dernier scrutin, il y a de quoi s’inquiéter pour la suite. »

Le cumul des clivages gauche-droite et Flandre-Wallonie est détonnant, rappelle Vincent de Coorebyter, et les derniers sondages renforcent cette tendance (avec l’explosion du Vlaams Belang et du PTB). S’ajoute à cela le débat sur le réchauffement climatique qui risque de se prendre un tour plus aigu. « Il est possible que l’expérience d’une large collaboration autour d’une cause commune d’importance majeure retisse des liens de confiance entre des partis qui ont eu tant de mal à s’accorder depuis bientôt dix mois, et qui pourraient alors surmonter leurs divisions, conclut-il. Dans cette hypothèse, une crise en résoudrait une autre, ce qui serait typiquement belge. Mais ce n’est pas acquis.« 

On pourra compter sur les nationalistes flamands pour remettre la pression. Mais six mois, dans les circonstances dantesques du moment où chaque jour apporte son lot de surprises, cela reste une éternité…

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