Johan Van Overtveldt

Le faux pas de Didier Reynders

Johan Van Overtveldt Johan Van Overtveldt is hoofdredacteur van Trends.

Même si la Région wallonne disposait de fonds suffisants pour financer une nationalisation de la succursale liégeoise d’Arcelor Mittal, elle ferait mieux de s’abstenir.

Didier Reynders, vice premier-ministre fédéral et ministre des Affaires étrangères, s’est finalement mêlé de la discussion Arcelor Mittal. La figure de proue du MR a communiqué que la nationalisation éventuelle de la succursale liégeoise Arcelor Mittal pouvait être envisagée. Concrètement, Reynders ouvre la porte à une reprise temporaire de l’usine par la Région wallonne en collaboration avec un partenaire issu du secteur privé.

Le fait que le MR ne fasse pas partie du gouvernement wallon joue un rôle dans la prise de position assez surprenante de Reynders. De cette façon, l’intelligent et rusé Didier Reynders contredit l’allégation qu’il contrecarrerait une possible continuation des activités d’AM à Liège. Cependant, il sait très bien qu’une telle construction pour un nouvel AM à Liège ne pourra jamais avoir lieu sans subsides conséquents sur le plan national et régional.

Deuxièmement, Reynders réalise mieux que quiconque parmi les politiques wallons que le problème du site AM est structurel et découle de profonds changements dans l’offre et la demande de l’acier. En addition à son handicap salarial, la situation d’AM à Liège ne pourra pas être rectifiée. A terme, les dirigeants en faveur d’un possible nouvel AM, auront à endosser cet échec. Reynders ne voit pas d’inconvénient à ce que les actuels partis du gouvernement wallon tombent dans ce piège.

Qui réfléchit de façon constructive à la situation économique et sociale de la Wallonie et du bassin liégeois ne peut pas soutenir l’idée d’une nationalisation (même temporaire et en collaboration avec un partenaire privé). Si un candidat privé devait surgir, il faudrait bien évidemment laisser cette négociation suivre son cours.

Dans le climat actuel, une participation directe des gouvernements à une telle négociation n’est pas aussi évidente qu’elle le semble. En effet, le résultat d’une telle participation garantirait une surenchère de subsides et de mesures de faveur. Cela coûte une fortune à la société et dans le fond, ces subsides ne changent presque rien aux circonstances qui ont obligé AM à fermer à Liège. Les expériences précédentes avec les nationalisations en Belgique, en Flandre et en Wallonie nous ont appris que tout l’argent du contribuable investi ne peut pas empêcher les restructurations et les fermetures.

La Wallonie et la Belgique ont besoin d’une politique d’investissement attractive et offensive afin d’attirer de nouvelles activités et des entreprises saines. Dans le contexte économique actuel, financer des usines qui n’arrivent plus à rentrer dans leurs frais, est une politique défensive qui continue à affecter les perspectives de prospérité de tous les Belges. Et cela aussi, Didier Reynders le sait parfaitement.

Johan Van Overtveldt

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