Tom Vandyck

Le droit de vote pour les Belges à l’étranger est une farce

Tom Vandyck Tom Vandyck est journaliste et correspondant aux États-Unis pour le Knack.be

Des dizaines de milliers de Belges vivants à l’étranger ne pourront pas exercer, cette fois encore, leur droit de vote. Et sont, du même fait, exclus d’un droit fondamental.

Je ne voterai pas cette fois-ci. Ce n’est pas que je ne veux pas. Au contraire, j’aimerais bien. Sauf que je n’ai toujours pas reçu mon bulletin de vote. Et même si je le recevais demain, il serait trop tard pour le renvoyer dans les temps. Lors des dernières élections, c’était la même chose. Je ne l’ai reçu qu’au dernier moment, je l’ai rempli aussi vite que j’ai pu et me suis rendu dans un centre UPS qui était le seul moyen de le faire parvenir dans les temps. Mauvaise surprise : cela coûtait 60 dollars soit 43 euros. Ce n’est pas une somme faramineuse en soi, mais c’est quand même trop pour ce qui est et reste un droit fondamental. Pouvoir voter ne devrait pas coûter plus qu’un simple timbre postal.

La onzième province

Selon le magazine MO* il y a 381.452 Belges inscrits dans un consulat ou une ambassade à l’étranger. Et tous les Belges ne se font pas inscrire. On estime qu’un demi-million de Belges vivent à l’étranger. À la grosse louche, c’est un Belge sur 20. Soit pratiquement une onzième province.

Or, un rapide sondage sur la page Facebook « Belgians in the USA » nous apprend que beaucoup de Belges n’ont pas – ou alors que très récemment – reçu leur bulletin de vote. Ce qui laisse un goût amer chez de nombreux expatriés qui aimeraient participer à ce que l’on nomme depuis quelques temps la mère de toutes les élections. La colère gronde. À raison, puisque ce n’est pas parce que l’on vit à l’étranger que l’on a moins de droits que les Belges résidant en Belgique. Et le problème n’est pas réservé aux États-Unis. Dans de nombreux pays, et même en France, les Belges rencontrent ce genre de problèmes. Aux affaires étrangères, on ne semble que peu concerné par le problème. John Hendrickx, le porte-parole du ministre des Affaires étrangères Didier Reynders, n’a pas réagi à nos demandes d’explications.

Hendrik Van de Velde, son collègue à l’administration, précise qu’ils sont trop occupés à poster les bulletins de vote. « Certains compatriotes recevront probablement leur bulletin de vote trop tard et c’est regrettable, mais il ne s’agit que de quelques dizaines de cas sur des dizaines de milliers de votants à l’étranger. Par ailleurs, entre aujourd’hui et mercredi, ce chiffre devrait encore avoir baissé. Cela ne devrait donc être qu’un phénomène marginal ». Fort bien, admettons qu’ils reçoivent le bulletin de vote dans le temps, soit avant dimanche, ils devront encore renvoyer toute cette paperasse à temps en Belgique sous peine de voir le bulletin de vote se transformer en simple bout de papier.

S’il est toujours possible de voter à l’ambassade ou au consulat, ce n’est une option que dans les petits pays. Que faire si l’on se trouve au coeur du Congo ou dans la brousse australienne ? La plupart ne vont pas faire des heures de vol ou dépenser des centaines d’euros pour aller voter. Il reste encore la possibilité de voter par procuration. Mais cela n’est possible que dans la dernière commune belge où l’on a été domicilié. Beaucoup d’expatriés ne connaissent plus personne, ni famille ni ami, là-bas.

Le plus simple serait donc d’envoyer les bulletins de vote deux semaines à l’avance, mais pour cela il faudrait changer la constitution qui stipule que l’on peut maximum les envoyer douze jours avant les élections. Et on se doute que ce changement n’est pas la priorité du moment. Sauf que cela concerne tout de même des centaines de milliers de gens pour lesquels l’un des droits fondamentaux est bafoué.

Et si l’on change tout de même la constitution, pourquoi ne pas introduire le vote par internet ? Ce n’est pas moins sûr que de réaliser des mouvements bancaires. Et là, c’est avec joie que j’investirais dans le boitier adéquat.

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