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Le chef indien Raoni avec les jeunes pour le climat à Bruxelles

Le Vif

Trois générations pour défendre le climat et la biodiversité: le vieux chef indien Raoni s’est joint vendredi à Bruxelles à des centaines de manifestants, dont de nombreux jeunes, pour porter dans la capitale européenne son combat en faveur de la forêt amazonienne.

Arrivé lundi du Brésil pour une tournée de trois semaines en Europe, Raoni Metuktire a défilé avec les jeunes belges qui manifestent chaque semaine depuis cinq mois pour sommer les politiques d’agir contre le réchauffement climatique.

Il en a profité pour promouvoir son combat contre la déforestation en Amazonie, et pour l’érection d’une barrière en bambou destinée à protéger la Grande réserve du Xingu de divers trafics (bois, animaux, or etc).

« Vous devez m’aider à refaire les limites, le bornage, c’est tout ce que je vous demande. C’est cette année qu’il faut le faire », a déclaré Raoni aux côtés du bourgmestre de Bruxelles Philippe Close, lors d’un point presse à l’Hôtel de ville après la manifestation.

Le célèbre chef indigène, s’exprimant en portugais, a évoqué la menace de « grandes fermes » à proximité de cette immense réserve de biodiversité, grande comme six fois la Belgique. Il a dit craindre des individus « en train de tout détruire ».

« Je veux que ça reste ainsi parce que les arbres fournissent de l’ombre et gardent la terre froide », a-t-il aussi souligné pour insister sur la nécessité de défendre la forêt de son peuple.

« Très rapidement on va débloquer des fonds, à la mesure d’une ville », a promis Philippe Close, parlant d' »un combat urgent (…) dans lequel l’implication de tous est nécessaire ».

A la mairie, comme dans le cortège qui a rassemblé 650 personnes selon la police, la lycéenne Anuna De Wever, figure de proue du mouvement des jeunes belges pour le climat, et le dessinateur Philippe Geluck, un de leurs soutiens réguliers, ont également salué le combat du chef indien.

« Ce territoire que vous défendez, cette vie que vous défendez, c’est pour nous que vous le faites », a affirmé Geluck, le créateur du Chat.

Jeudi, à la veille de l’étape belge de sa tournée, Raoni avait été reçu par le président français Emmanuel Macron à l’Elysée.

Il doit se rendre lundi au Luxembourg, puis dans le sud de la France, ainsi qu’à Rome. Un entretien est prévu avec le pape au Vatican, selon l’association Forêt Vierge.

Cette tournée intervient après l’arrivée en janvier à la présidence du Brésil, notamment grâce au lobby de l’agroalimentaire, de Jair Bolsonaro, un ancien militaire d’extrême droite qui veut en finir avec ce qu’il appelle « l’activisme écologiste chiite ».

« Mon village soutiendra votre village », promet Philippe Close au chef Raoni

Le chef indien Raoni, dont la lutte pour la défense de la nature et des peuples de l’Amazonie a déjà plus de 30 ans, passait vendredi par Bruxelles, dans le cadre de sa tournée européenne destinée à réunir du soutien pour son combat. Le bourgmestre Philippe Close a promis officiellement au Cacique de le soutenir par le biais de cette petite phrase, sortie devant la presse réunie: « Mon village va aider votre village ».

Accompagné de deux autres membres de sa communauté, Tapy et Kaïlu, le chef Raoni a rappelé très concrètement l’importance du bornage de la zone dont il se fait le défenseur et qui est désormais connue comme la réserve du Xingu en Amazonie. « Je vous le demande, Monsieur Close, il faut le faire cette année encore », a-t-il imploré. « De grandes fermes entourent notre réserve, il faut vite cercler ce territoire afin de le protéger des intrusions ».

« Bruxelles va, à la mesure d’une ville, soutenir la cause de la préservation de l’Amazonie », a promis le bourgmestre de Bruxelles, Philippe Close, sans détailler plus avant la forme et l’ampleur de cette aide. « Ils sont en train de tout détruire », a assuré Raoni. « Je veux récupérer cette zone depuis toujours, mon père y est enterré. Je ne veux plus de barrage, ni qu’on tire l’or de la terre, ni qu’on coupe les arbres et qu’on les sorte du territoire. Les arbres protègent et gardent la terre fraîche. Et d’autres tribus souffrent aussi », a encore dit le chef qui avait, plus tôt dans la matinée, pris part à la 19e marche pour le climat organisée par Youth For Climate.

« Nous protégeons la forêt et ses esprits et eux, à leur tour nous protègent », a témoigné Tapy, fils d’un compagnon de Raoni. « Quand on pêche le poisson, on parle à l’esprit de l’eau qui possède le poisson. Quand on chasse, on se connecte aux esprits afin d’être prévenus des dangers qui nous guettent, un serpent, une araignée, … La forêt fait partie de notre vie, si la forêt meurt, nous mourrons aussi ».

« Notre planète crie au secours », a pour sa part avancé Kaïlu, représentante des femmes d’Amazonie. « L’Amazonie est un poumon pour le monde et nous sommes les gardiens de la forêt. Celle-ci est notre supermarché et notre pharmacie. Il est donc important de protéger ce territoire ».

L’humoriste et dessinateur Philippe Geluck, présent pour soutenir le combat de Raoni et de ses compagnons, s’est dit « impressionné par le chef » qu’il a remercié pour le combat qu’il mène depuis tant d’années. Et a cité un proverbe indien qui dit en substance que « lorsque la terre et l’eau seront pollués et l’air irrespirable, l’homme se rendra compte que l’argent ne se mange pas ».

Enfin Anuna De Wever, la jeune militante belge pour le climat, présente également aux côtés des représentants des peuples d’Amazonie, a assuré Raoni et ses compagnons du « soutien de la jeune génération, qui manifeste pour le climat depuis des mois en Belgique ».

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