Yves Desmet

Le CD&V joue sa survie

MAIS QU’EST-CE QUI ANIME LE CD&V ? Son nom figurait en tête de la note qu’Elio Di Rupo destinait récemment au roi et qu’il présentait complaisamment tel un appât aux photographes à l’entrée du château de Laeken.

YVES DESMET Editorialiste au Morgen

Le sud du pays ne comprend plus du tout ce parti naguère encore si soucieux de la bonne marche de l’Etat et toujours prêt à conclure des compromis. Pourquoi ce bon vieux parti s’est-il donc mué en frère siamois de la N-VA ? Pas besoin de chercher midi à quatorze heures. Voici peu, De Croo senior s’est prononcé cyniquement à ce propos, mais son analyse ne manque pas de clarté. L’espoir que les négociations actuelles sortiront de l’impasse avant les élections communales de 2012 reste mince, a-t-il laissé entendre.
Voici les enjeux. De tous les partis flamands, les chrétiens-démocrates bénéficient du meilleur enracinement local, font partie de la très grande majorité des collèges échevinaux, comptent la plupart des bourgmestres et mandataires communaux. Or, aux dernières élections, ils ont chuté à quelque petits 17 % des voix. La N-VA, elle, dispose d’un immense réservoir de suffrages (27 %), mais doit se passer partout, ou presque, de mandataires locaux et d’organisations. Nul besoin d’être expert en stratégie électorale pour évaluer les avantages que la coopération et la formation d’un cartel unissant les deux plus grandes formations flamandes sont en mesure de leur offrir.

Gardons en mémoire la petite phrase que Bart De Wever a confiée au « duo polisson » Danny Pieters et André Flahaut lors de leur mission de conciliation, à savoir qu’il aurait « rendez-vous avec l’Histoire en 2012 ». Il ne faisait sans doute pas seulement allusion à l’écharpe mayorale d’Anvers, il y a fort à croire qu’il envisageait aussi une solide implantation de la N-VA dans toute la Flandre en hissant sa formation au rang de « grand parti du peuple ». Voilà le cadre, à moyen terme, qui clarifie la conduite du CD&V. Son amarrage à la N-VA fait presque figure de stratégie de survie lui permettant de continuer à protéger ses vastes réseaux d’organisations et de mandataires locaux. Même l’ensemble du pilier catholique est concerné : 80 % des élèves suivent l’enseignement catholique en Flandre, les hôpitaux catholiques y ont établi un quasi-monopole. Cet « appareil » constitue le vrai centre du pouvoir du parti, il doit être prémuni coûte que coûte. Dès lors que la N-VA se pose en meilleur garant de cet objectif primordial, personne ne réussira à détacher les deux partenaires l’un de l’autre avant 2012.

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